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La potence articulée 2.0 eeSilk Cane Creek, le retour

Au tout début des années 90, Bob Girvin révolutionne le monde naissant du VTT en créant le premier vélo tout suspendu sous la marque Proflex. Un relatif « tout mou », avec des débattements très limités : 30 mm à l’arrière et 20 à l’avant, assurés par des tampons en élastomère. L’avant utilisait une potence articulée, freinée lors des chocs par un de ces fameux tampons. J’ai roulé, dès sa sortie, avec une potence Proflex, montée sur un Stumpjumper tout acier Tange prestige. Puis les fourches hydrauliques sont arrivées, remisant aux oubliettes la potence suspendue…

Depuis cette époque « pré-historique », de l’eau a coulé sur les pistes et le gravel est arrivé. Avec lui, la problématique du confort sur des sols inhospitaliers s’est à nouveau posée. Alors, telle le phénix, la potence suspendue renaît, mais en version 2.0 tout de même.

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En octobre 2019, nous avions testé la potence ShockStop de Redshift, déclinée depuis en une version plus légère. Depuis, au moins trois autres modèles ont vu le jour. La BMC, dérivée de la Redshift, avec passages de gaines et durites intégrés. La Vecnum offrant plus de débattement grâce à son système à parallélogrammes. La Kinect utilise aussi ce principe, mais avec un ressort, d’où son poids. Et la Cane Creek que j’ai testée ici.

eeSilk Cane Creek

Test de la potence eeSilk de Cane Creek
La potence que nous avons reçue pour test – photo Philippe Aillaud

Nous avons reçu en test de la part de Mohawk’s Cycles une potence suspendue eesilk Cane Creek, présentée de la sorte :

« La potence eeSilk est articulée afin de réduire la fatigue du pilote en atténuant les vibrations provenant du sol. Le débattement maximal est de 20 mm, un élastomère est placé entre le corps et la partie fixée sur le pivot. La densité de l’élastomère est variable selon cinq modèles. De plus, un levier deux positions facilement accessible sur le dessus de la potence permet d’activer ou non la filtration. La potence eeSilk est ainsi très versatile et adaptable selon les surfaces. Le levier permet aux cyclistes d’utiliser la potence en position souple pour ensuite la verrouiller pour pédaler par exemple en danseuse. »

Elle est disponible en noir ou en silver en trois longueurs (80, 90 et 100), livrée avec trois élastomères de fermeté différenciée, liés à la longueur. Le changement de tampon est très aisé et se réalise sur la potence en place.

En statique

Elle est livrée dans une boite cartonnée simple, avec 2 élastomères, le troisième étant déjà en place. Ici pas de notice en de multiples langues pour informer du danger de monter sur un vélo, juste un QR code pour trouver la notice de montage sur internet.

Annoncée à 230 g en 90 mm et pesée à 5 g de moins, cela en fait la potence suspendue la plus légère parmi celles du tableau ci-dessous.

Esthétiquement, si la BMC est la plus épurée, la eeSlik ne démérite en aucun cas et fait oublier par son esthétique sa fonction « articulée ».

Test de la potence eeSilk de Cane Creek
La eeSlik ne démérite en aucun cas et fait oublier par son esthétique sa fonction « articulée » – Photo Philippe Aillaud

Le montage est aussi aisé que pour une potence classique, le couple de serrage étant gravé sur la potence. Le changement de tampon élastomère s’effectue potence en place, en dévissant une vis à tête hexagonale de 4 mm : le tampon s’extrait facilement par le dessous et le nouveau peut prendre la place.

Test de la potence eeSilk de Cane Creek
Photo Philippe Aillaud

La manette de verrouillage se manipule sur 180° pour passer de la position libre à la position bloquée.

Au roulage

Comme précisé dans le test de la ShockStop de Redshift, en théorie cette potence n’est pas un système d’amortissement, car les élastomères dissipent très peu d’énergie. Pour rappel, dans une suspension, le ressort absorbe l’énergie au moment de l’impact et il la restituerait dans son intégralité, si la partie hydraulique ne freinait pas le mouvement de retour en dissipant son énergie (définition Wikipédia : un amortisseur est un système mécanique destiné à affaiblir la violence d’un choc, l’amplitude des oscillations d’un objet en amortissant ses vibrations, généralement par dissipation d’énergie).

Mais comme le débattement est limité à 2 cm, l’effet rebond est très peu perceptible, en tout cas moins que celui avec des pneus de section importante.

Et le confort est bien constaté après mes 1000 km et 14 000 m de D+ effectués avec cette potence installée sur mon guidon. La potence ne génère aucun flou dans la direction, son effet n’étant que vertical. À tel point que souvent je ne rendais compte qu’elle œuvrait en coulisse grâce à l’image qui bougeait dans mon rétroviseur de bout de guidon. Sur route propre, le blocage est un plus très estimable. Il rend la direction quasi rigide. J’ai testé avec les 3 élastomères fournis, afin de voir l’impact du durcissement en mode ferme et passer de quasi à totalement rigide. Je n’ai pas relevé de différence notable. Donc il vaut mieux utiliser l’élastomère le plus adapté à vos poids et terrains en mode ouvert. J’ai noté que le levier avait tendance à s’entre ouvrir de quelques degrés depuis la position bloquée, sans impact sur le comportement.

Test de la potence eeSilk de Cane Creek
J’ai surtout remarqué sa présence, lorsque j’ai remis en place ma potence rigide à la fin du test… photo Philippe Aillaud

Une telle potence fonctionnera en toute adéquation avec des cadres incorporant une « suspension » arrière comme le BMC Urs ou le Cannondale Topstone, et procurera du confort sur tous les autres. Par contre elle ne donnera pas le grip qu’apporte une fourche télescopique avec amortissement hydraulique : si vous roulez trop fort, la « pogatchade » vous guette (trop fort dans le virage, le pneu dans les cailloux et hop au sol !)

Toujours sous l’égide du confort, elle permet aussi de gagner en taille de pneu pour ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas monter de plus grosses sections. De même pour ceux qui veulent rester en tubetype ou ne peuvent passer en tubeless.

Pour conclure, j’ai surtout remarqué sa présence lorsque j’ai remonté ma potence rigide : j’ai perdu un peu de douceur dans le monde rude des pistes DFCI du sud.

J’AI AIMÉ

  • la fonction de blocage
  • le poids contenu
  • la discrétion

J’AI MOINS AIMÉ

  • le prix un peu élevé

Panorama du marché

ModèleMarquePoids *Prix
eeSilkCane Creek230 g249 €
ShockStopRedshift265 g185 £
ShockStop ProRedshift230 g275 €
MMT ICSBMC340 g249 €
freeQENCEVecnum290 g300 €
Suspension stemKinekt465 g199 €

* Poids en taille 90 mm

Voir sur le site de Mohawks

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Philippe AILLAUD
Philippe AILLAUD
Je n'ai jamais été un cycliste de route : grimpeur, et accessoirement montagnard, pendant 30 ans, vttétiste depuis 89 - 1900 et non 1700 – je suis arrivé sur un cintre tordu pour être plus à l’aise dans les montées. Rapidement le gravel s’est imposé pour sa polyvalence et son confort. Retraité depuis 5 ans, mon crédo est vélo/photo/info. C’est donc tout naturellement que j’accompagne mon complice Patrick pour les événements Bike-Café, que je réalise les prises de vues, et participe à quelques tests et essais.

5 COMMENTAIRES

  1. Je possède cette potence et j’en suis ravi. Absorbe bien les chocs, moins de fatigue et plus de vitesse dans le cassant. Il faut juste faire attention au réglage du guidon car en posant les mains il plonge un peu donc les cocottes sont plus basses.

  2. Bonjour,

    Je suis justement à la recherche d’un peu plus de confort sur mon gravel et je ne vois pas débourser trop dans une fourche type RockShox Rudy, bien que le confort soit certainement autre avec ce genre de matériel. Je pensais plutôt partir sur une potence suspendue/articulée comme celle de chez Cane Creek ou Vecnum. Est-ce que le fait que pour la Cane Creek le mouvement s’apparente à une très légère rotation du cintre n’est pas déroutant ? Comparée à la Vecnum citée dans l’article, apporte-t-elle plus de confort, est-ce un rendu complètement différent ?
    Si vous l’avez testée, quel est votre ressenti, et sinon, à la lecture de ce, très bon, article la Cane Creek rempli parfaitement son job ?
    Usage gravel léger dans le pays nantais et velotaf principalement.

    Excellente journée

  3. Bonjour
    je viens de l’acheter et le système de verrou bouge tout seul au bout de 5 min de roulage et il y a une légère descente de la potence quand on pose les main sur les cocottes ;
    avez vous ces problèmes également ?
    bon roulage
    olivier

    • Effectivement, le déverrouillage est selon moi une sécurité pour préserver le mécanisme. A quoi bon avoir une suspension si c’est pour la verrouiller ? Et oui comme je l’ai dit le guidon s’affaisse un peu quand on pose les mains dessus. J’ai essayé un élastomère plus dur mais c’est au détriment du confort. Malgré tout, je ne repasserai plus jamais en potence rigide pour du gravel. Il suffit simplement de tourner un peu le guidon vers le haut pour qu’une fois les mains dessus on ait le réglage désiré.

  4. Hello, merci pour ce compte-rendu instructif. Découvrant le monde du gravel avec un topstone 3, j’ai monté dessus ma vieille tige de selle cane creek (pas convaincu par le système d’amortisseur du vélo), toujours efficace malgré son grand âge .
    Dans les potences suspendues il y avait aussi les flextem qui étaient efficaces et apportaient un peu de confort à nos rigides des années 90. Il y a t’il plusieurs déclinaisons de longueurs sur ces potences ?
    Bonne journée
    Ludo

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