Dans la série de mes tests de pneus “all road-endurance” de section 32 mm, je vous propose aujourd’hui de découvrir le surprenant Goodyear Eagle F1. Je ne vais pas vous refaire le topo des vélos de route typés endurance qui acceptent des sections de plus en plus large, ni des besoins des cyclistes longue-distance aventureux qui recherchent des pneus à la fois rapides, polyvalents, confortables et sûrs. Vous n’êtes sans doute pas des perdreaux de l’année, vous avez déjà lu sur ce sujet mes tests du Pirelli Cinturato Velo, du Hutchinson Sector et du Continental Grand Prix 5000 S TR.
Mais qu’est-ce que Goodyear peut proposer dans ce créneau ? Que vaut ce nouveau pneu, surtout si on le compare à la concurrence ? J’avoue que j’étais impatient de faire ce test, j’espère que vous l’êtes tout autant de le lire !
Vol planant
Pour être honnête, je connaissais jusqu’alors Goodyear comme une marque de pneus de voitures, ignorant totalement qu’ils fabriquaient des pneus de vélo ! Mais dès le déballage des pneus, j’ai compris que j’avais affaire à un produit soigné et haut-de-gamme.
Le Goodyear Eagle F1 existe en version “tube type” (chambre-à-air) en 23, 25, 28, 30 et 32 mm et “Tubeless Complete” de 25 à 32 mm. En tubeless, on a le choix entre un pneu entièrement noir ou à flancs bruns dans toutes les sections, alors qu’en tube type, les sections de 30 et 32 mm ne sont pour l’instant proposées qu’en noir.
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À vous de jouer !
Vue remarquable
Au déballage, le pneu propose une surface mate et plus “sèche” au toucher que les Hutchinson et les Continental. Cette impression de contact “sec” se retrouvera aussi au roulage, mais sans nuire au confort ou à l’adhérence. Fabriqués à Taiwan, les Eagle F1 ont fière allure, avec un lettrage imposant et stylé, qui n’est pas pour me déplaire.
À l’intérieur, on remarquera que le pneu n’est pas lisse, mais propose un “motif” en relief qui, je suppose, favorise une meilleure répartition du liquide préventif. On avait d’ailleurs pu observer un dispositif du même genre (des stries perpendiculaires au pneu) à l’intérieur du Continental Grand Prix 5000 S TR.
Courants ascendants
Au montage, le pneu est poli et gentil. Il se perche sans problème aucun sur mes jantes carbones CEC et claque du bec au compresseur comme un rapace affamé. Il est temps de partir en chasse, non pas avec un volatile juché sur un gantelet de cuir, mais au guidon d’un Chiru Kunlun, chaussé des objets de ce test !
Loin de mon aire, à des lieues à la ronde
Le test s’est déroulé sur 4 mois, de juin à octobre, sur 1800 km, avec des variations importantes de température (canicule estivale incluse !), pour des sorties plutôt longues (80 à 150 km) et sur des terrains extrêmement variés : route plus ou moins lisse bien sûr, mais aussi chemin blancs, sableux et gravillonnés.
Seules, les pistes les plus caillouteuses ont été évitées, je ne peux pas affirmer que le pneu s’y serait mal comporté ou aurait été abîmé, mais j’avoue ne pas avoir osé l’y amener, sans doute à cause de son poids léger et de la sensation de finesse que procure son pilotage et son roulage. Peut-être ai-je eu tort, mais je pense que si vous optez vous aussi pour les Eagle F1, vous hésiterez également à les malmener.
Poids-plume
Annoncé à 332 g, pesé à 330 g,le Goodyear Eagle F1 n’est pas le plus léger de tous les pneus en 32 que j’ai testés jusqu’alors, comparé au Hutchinson Sector (315 g) et au Continental Grand Prix 5000 STR (320 g), mais il fait beaucoup mieux que le Cinturato Velo (360 g). Reste que la sensation “sèche” quand on le roule est très agréable sur route, mais fait craindre une certaine fragilité sur la route… et sur les chemins bien sûr.
À l’usage, ce pneu se révèle très plaisant, particulièrement pour les relances et les montées ; mais il ne gâche pas la précision de la direction et des trajectoires et n’handicape pas la tenue de vitesses élevées sur la distance. Comme dit plus haut, le contact avec le sol est sec, très précis pour un pneu de cette section, ce qui est tout autant intéressant dans les courbes des descentes sur route que sur les singletracks roulants. Mais si ce pneu procure un confort appréciable grâce à sa section généreuse lorsqu’on le gonfle peu, il donne envie d’aller vers un gonflage plus ferme pour privilégier sa vitesse naturelle, ce qui en fait, de ce point de vue, un compagnon longue-distance plus raide que le Sector ou le GP 5000.
Durant le test, je n’ai pas eu à regretter la moindre crevaison ou la moindre faiblesse ; après 1800 km, le pneu ne présente que d’infimes micro-coupures de surface, ce qui semble indiquer qu’il est très solide. Donc, si j’ai eu du mal à me lancer dans les gros cailloux, associant intuitivement poids-plume et fragilité, j’ai sans doute eu tort !
Un oiseau de proie au bec acéré et aux serres affûtées
Je dois dire que j’ai été entièrement conquis par le comportement du Eagle F1, qui offre une excellente tenue de route, aussi bien sur asphalte brûlant que sur route mouillée. Sur chemins blancs, son comportement est exemplaire, même si je n’ai pas osé le pousser dans ses derniers retranchements en virage, au vu de son profil absolument lisse.
Sur route, j’ai tout donné dans les descentes sans le prendre en défaut. Sur les portions longues, face au vent, en montée, même les plus sévères, ce pneu sportif et vif a sublimé mes performances et le comportement de mon Chiru Kunlun. Lors des sorties de ces derniers mois, j’ai d’ailleurs battu la plupart de mes personnels records sur des segments que je connais pourtant bien et que j’emprunte souvent. Ce pneu est sans doute le plus rapide des 32mm que j’ai pu tester.
Certes, il y a sans doute une part de motivation psychologique dans la performance. Certes, mon vélo en titane Chiru Kunlun est une machine de course. Mais les pneus Goodyear Eagle F1 ont sans doute leur part dans l’amélioration de mes performances de ces dernières semaines.
En piqué
Avec un pneu aussi précis et rapide, je dois dire que le plaisir du pilotage, de la vitesse et de la distance ont été à leur maximum pendant ces quatre mois de test. Je ne trouverai rien à reprocher à cet excellent pneu, si ce n’est qu’on hésite à l’engager sur des surfaces cassantes, un préjugé sans doute dû à son poids léger et au contact précieux, extrêmement sec et précis, qu’il entretien avec l’asphalte. Avec ce ressenti envoûtant, j’avoue avoir eu envie de le préserver, au détriment d’un test tout à fait complet.
J’ai, par contre, eu du mal avec son nom. La référence au “sport” automobile (F1) a plus tendance à m’horripiler que m’attirer. Il serait temps de changer de paradigme, Monsieur Goodyear ! Mais on pourrait aussi faire ce même reproche à Continental et son “Grand Prix” ! Décidément, il serait grand temps de rafraîchir les codes de la communication des marques de pneumatiques de vélo !
Pneus Goodyear Eagle F1 Tubeless Complete 700 X 32
Black ou Tan-Black
Prix constaté : de 44 à 55€/pièce