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Comment serez-vous chaussé(e) cet hiver ?

Voilà une vraie question, presque un dilemme pour les cyclistes que le froid et la pluie n’arrêtent pas. Les chaussures d’hiver, montantes ou non, ne sont plus les gros godillots d’antan. Les matières ont techniquement progressé, la respirabilité et l’étanchéité font meilleur ménage. Mais le prix de ces chaussures très élaborées est également très élevé.

Les sur-chaussures, ces bottillons de chasse sous-marine détournés par les cyclistes, se sont améliorées et s’enfilent plus facilement qu’au tout début. Mais il semble qu’ils ne soient pas exempts de tout défaut.

Il y a aussi la débrouille, le fameux « système D ». Chaussettes découpées et enfilées par-dessus les chaussures, morceaux de couverture de survie enroulées autour des chaussettes, sacs plastiques, chaufferettes chimiques (si si, ça existe !), tout est valable ou presque, tant qu’on n’y laisse pas un orteil ou deux !

Vous avez sans doute vos propres préférences, voire des a priori sur ce qu’il faut chausser en hiver. Entre toutes les options, il faudra choisir ou alors rester à la maison… Pour aider les indécis nous avons posé la question à des chroniqueurs de Bike Café qui roulent toute l’année. Quelles sont leurs préconisations pour affronter le froid et lutter contre l’humidité ?

Bike Café Team
L’équipe de Bike Café en mars dans les Alpilles ne recule devant aucun sacrifice, même celui de rouler en hiver – photo Dan de Rosilles

Dan : la controverse des sur-chaussures

« J’ai beaucoup de chance : je vis et je roule dans des régions où les hivers ne sont pas trop rigoureux ; du moins suffisamment doux pour choisir de ne pas aller rouler lorsqu’il pèle vraiment !
Mon autre atout, c’est que je ne suis pas trop frileux des pieds… je pense que, de ce point de vue, nous ne sommes pas tous égaux 🙂

En tout cas, je n’aime pas du tout les sur-chaussures. D’abord, parce que, lorsqu’il pleut, leur espérance d’étanchéité est assez courte, et une fois que les chaussures sont mouillées elles empêchent le vent de nous sécher les godillots. Les pieds macèrent pendant des heures, je trouve ça tout-à-fait contre-productif.

Il ne fait pas bon (pour les sur-chaussures) marcher avec des sur-chaussures – photo Dan de Rosilles

Lorsqu’il fait froid-sec à fendre les pierres, les sur-chaussures ont tendance à comprimer l’ensemble chaussettes-chaussures et on perd ainsi du pouvoir isolant que constitue l’air emprisonné entre la peau et la chaussure. Enfin, moi qui marche souvent à vélo, que ce soit en gravel ou en route-endurance, j’ai remarqué que le dessous des sur-chaussures ne supporte guère l’opération qui consiste à aller acheter du pâté de foie dès l’ouverture de la charcuterie lorsqu’on a roulé toute la nuit, ou même de pousser (discrètement) son vélo dans cette montée trop caillouteuse et trop raide.

Je ne suis pas à franchement parler
un adepte des sur-chaussures …

Bref, vous l’aurez compris je ne suis pas à franchement parler un adepte des sur-chaussures. L’hiver, du coup, je choie particulièrement la première couche qui, pour les pieds comme pour le reste du corps, est déterminante pour se sentir au chaud et au sec. Je collectionne les chaussettes en mérinos, qui ont le triple avantage de tenir chaud, ne pas trop craindre l’humidité (même mouillées elles restent relativement isolantes) et ne pas sentir (trop) mauvais même après plusieurs jours d’utilisation lors des aventures au long cours.

Un troupeau de chaussettes en mérinos – photo Dan de Rosilles

En ce qui concerne les chaussures, en gravel je suis hyper fan de ma paire de Shimano MT-21, un ancien modèle conçu pour le « VTT loisir », mais malheureusement plus fabriqué depuis belle lurette. Ces chaussures sont un peu lourdes certes, mais très rustiques, très coquettes avec leur dessus « daim » (« oh putain ! »… vous avez vu le film de Quentin Dupieux avec Jean Dujardin ?). Les semelles sont parfaites pour la marche. Associées à une paire de chaussettes mérinos épaisses, je peux rouler tout confort même lorsque le thermomètre approche le zéro.

Mes vieilles Shimano MT-21 m’accompagnent partout lorsqu’il fait froid – photo Dan de Rosilles

Pour la route, j’ai une paire de Sidi Zero Gore-Tex extrêmement performantes, aussi chaudes qu’étanches, avec semelles en carbone, fermeture Boa et tout et tout. Mais malheureusement, si les semelles ultra-rigide transmettent parfaitement la puissance, elles sont aussi le meilleur moyen de se vautrer en entrant dans la susdite charcuterie… Quant au gravel dans les cailloux, pas moyen. J’ai bien trouvé le moyen d’adapter dessous mes cales Crankbrother « deux trous », mais de là à aller crapahuter dans la colline avec ses chaussures pur routier, il y a un gouffre…

Quasi-étanches, hyper-chaudes, les Sidi Zero Gore-Tex permettent de rouler très vite sur la banquise mais font marcher comme un pingouin – photo Dan de Rosilles

J’espère donc bien prochainement tester dans ces colonnes des chaussures d’hiver tout-terrain qui soient plus techniques et plus légères que mes ancestrales (et sans doute pas immortelles) MT-21. Le marché ne manque pas de références ; je vais donc me pencher d’ores et déjà sur la question ! »

Les conseils de Nanou

« Hey les gars ! Savez-vous au moins comment on enfile correctement les sur-chaussures ?
En premier, on retrousse les sur-chaussures, puis on les enfile sur le mollet, LE PLUS HAUT POSSIBLE.
Ensuite, on met ses chaussures, ET LÀ SEULEMENT, on redescend la pointe de la sur-chaussure vers le bas.
C’est ma copine Nelly, championne de triathlon, qui m’a donné l’astuce…

Pour enfiler une sur-chaussure bien ajustée, autant ne pas se tromper de méthode – photos Dan de Rosilles

je préconise les chaussures
à lacets plus bienveillantes
pour la circulation sanguine …

L’hiver, il faut D’ABORD mettre de bonnes chaussettes : hautes, épaisses et agréables. C’est PRIMORDIAL.
Moi, je remonte les chaussettes PAR DESSUS le cuissard, sinon ça me comprime trop le mollet. Le froid ralentit la circulation du sang vers les extrémités, alors il faut éviter les vêtements trop serrés !

Rapha Festive 500
À vélo l’hiver tout doit être bien ajusté mais pas trop serré – photo Dan de Rosilles

Lors d’une Festive 500 en Camargue, il faisait -4°C, j’ai eu tellement froid aux pieds que je déclipsais et tapais contre la manivelle pour activer la circulation. Je m’applique à gigoter des orteils, ce qui implique de ne pas trop serrer la chaussure. Du coup, je préconise les chaussures à lacets plus bienveillantes pour la circulation sanguine que les Boa. »

Rapha winter apparel cycling clothes
Il faut que le sang circule, comme la sève des arbres – photo Dan de Rosilles

Les conseils de Laurent, pour ne plus avoir d’excuses !

« Si vous préférez comme moi les sorties au grand air de l’hiver, plutôt que celles virtuelles dans votre garage, considérez ce qui va suivre comme étant des conseils d’un vélotafeur quotidien en Lorraine (vous pouvez vérifier sur mon Strava), région au climat de « caractère » où je pratique le Gravel toute l’année.

Sur mon parcours de vélotaf hivernal en Lorraine – photo Laurent BIGER


Les sur-chaussures, cela me suffisait quand j’habitais encore le Var. Mais désormais à Verdun, c’est clairement insuffisant dans des régions où l’humidité se mêle souvent aux températures négatives. Dans ces conditions, si l’on souhaite tenir plus de 2 h sans avoir les pieds congelés, des chaussures hautes, spécifiques, qui soient étanches et isolantes sont nécessaires. C’est dans ce cadre que j’avais réalisé le test des chaussures Vaude Minaki ou encore de ce modèle VTT et Lake MX-146. Des conditions d’utilisations hivernales, avec une amplitude thermique allant de -12°c à 10°C.

Ces chaussures spécifiques sont
onéreuses, mais sont durables …

Je préconise des chaussures à molettes BOA, qui est un vrai plus pour ajuster au mieux le serrage sans enlever ses gants. Veillez également à ce que le modèle de chaussures permette un ajustement au plus près de la cheville (c’est-à-dire la partie haute de la chaussure) afin de limiter l’infiltration par ruissellement. Une membrane imperméable et respirante est évidemment indispensable, tout comme des matières qui sèchent vite (car il faut bien repartir dès le lendemain matin avec !).

Test du nouveau NS BIKES RAG+
L’hiver n’est pas forcément hostile si l’on est bien équipé, on peut même y prendre un certain plaisir ! photo : Laurent BIGER

Ces chaussures spécifiques sont onéreuses, mais sont durables et surtout permettent de pratiquer, et même de prendre du plaisir, dans des conditions que l’on pourrait penser hostiles aux cyclistes. De plus, elles permettront de préserver vos chaussures estivales. Ainsi équipé, vous n’aurez plus d’excuses ! »

Patrick : l’apôtre de la double-chaussette

« J’ai la chance d’habiter une région bénie en matière de climat. En gravel je suis ni chaussures montantes, ni sur-chaussures. Ma solution est dans la chaussette et même la double chaussette. J’ai des chaussettes en mérinos bien chaudes, et si vraiment il fait très froid : je mets en dessous une seconde paire plus fine. Pour l’humidité c’est tellement rare, par ici à Aix-en-Provence, que je m’abstiens d’aller rouler sous la pluie et lorsqu’il a plu j’évite les flaques autant que possible.

Hiver les pieds au chaud
La solution double chaussettes une chaussette fine et aérée, sous une chaussette épaisse en Mérinos – photo Patrick VDB

La transformation en « homme
grenouille » : c’est pas mon truc …

Pour caser mes chaussettes, j’ai une paire de chaussures de gravel qui est un peu large, que j’utilise dans ce cas-là et tout va bien. Les sur-chaussures ne feraient qu’un déjeuner de soleil sur nos DFCI méridionales, où parfois il faut marcher sur des cailloux coupants. En plus, vu ma souplesse légendaire, je préfère éviter les contorsions qui m’épuiseraient, avant même d’avoir pu enfourcher mon vélo. La transformation en « homme grenouille » c’est pas mon truc. Sur route, à cause de vitesses plus importantes, j’utilisais parfois des sur-chaussures dès que la température flirte avec le 0°C le matin. Cette année, à force de devoir remplacer celles qui se déchirent, ou chercher en vain un pied que j’ai perdu au moment de partir, je vais tester la chaussure montante. J’ai pour la première fois choisi une chaussure Fizik Tempo GTX, dont vous pourrez lire le test prochainement sur Bike Café.

Hiver les pieds au chaud
Une rare sortie sous la pluie dans la campagne aixoise – photo Patrick VDB

Il se trouve que dans mon boulot de testeur, qui m’amène parfois à faire des trucs insensés, j’ai essayé les sur-chaussures qui chauffent … Alors là mes amis c’est le luxe : on est comme si on avait les pieds devant la cheminée. Le principe marche tel que je l’ai expliqué dans l’article, mais ce n’est pas pour moi. Les batteries rechargeables ajoutent une contrainte et une obligation de charge régulière si on veut les utiliser régulièrement. On a le même souci de dégradation des sur-chaussures, même si le matériau est plus costaud que les modèles classiques. Il y a le poids qui s’ajoute aux pieds et la manipulation en roulant du niveau de chauffe est scabreuse … Trop compliqué pour moi. »

E-Cover Racer sur-chaussures chauffantes pour le vélo
E-Cover Racer sur-chaussures chauffantes pour le vélo

Hugo, des chaussures montantes pour l’hiver, sinon rien !

Test du gravel Atlas de Focus
Des chaussures montantes Gore-Tex pour affronter les conditions hivernales – photo Hugues Grenon

« Fin des années 80 / début des années 90, les sur-chaussures étaient de mise pour la pratique du VTT l’hiver. Habitant en Picardie, elles permettaient de réchauffer un peu les pieds vu les températures souvent négatives et le taux d’humidité qui augmentait la sensation de froid ! Je n’avais pas les moyens de m’offrir une vraie paire de chaussures hiver et l’offre était limitée à l’époque. Pour sortir à vélo l’hiver par temps très froid, il fallait déjà une certaine motivation pour se préparer et enfiler toutes ses couches de vêtements. Venait alors le moment fatidique de « l’enfilage » des sur-chaussures. Au pluriel, parce qu’elles vont par paire évidemment, mais aussi au pluriel car je ne compte plus le nombre de sur-chaussures déchirées et les fermetures éclair cassées…

Bref, à deux doigts de rester sous la couette rien qu’à y penser ! Sans compter que la sanction était double, puisqu’il fallait également les ôter aux forceps au retour. Vous l’avez compris, en pratique VTT dans ces régions froides à l’hiver rigoureux, je n’ai jamais été fan de ces sur-chaussures difficiles à manipuler, à ajuster et au final pas très efficaces contre le froid et l’humidité. Surtout au niveau des cales automatiques, par où s’engouffre le froid. De plus, difficile de marcher avec dans la boue, glissades assurées. Elles avaient cependant l’atout d’être plus abordables qu’une vraie paire de chaussures hiver et permettaient d’utiliser une seule paire de chaussures pratiquement toute l’année.
Quelques années plus tard ou décennies plutôt, j’ai pu me payer une vraie paire de chaussures hiver montante en Gore-Tex qui m’a duré quelques années.

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Des chaussures montantes Gore-Tex, un must pour une pratique hivernale VTT / Gravel « nature » avec des semelles hiver en laine – photo Hugues Grenon

Au final, m’équiper de chaussures
montantes hiver de qualité a été
une opération plutôt rentable

Quel bonheur pour ma pratique VTT et gravel dans la forêt ou dans la neige ! Associées à une bonne paire de chaussettes Merinos de chez Décathlon, fini les doigts de pieds gelés. De la chaleur douillette et tout de même une respirabilité très correcte grâce à ces deux matières assez fantastiques. Pas de sensations « d’étuve » et de transpiration excessive, très malvenue par grand froid. Je privilégie aussi des chaussures montantes à lacets pour plus de simplicité. Le serrage Boa est vraiment très efficace et précis mais en voyage à vélo les lacets sont plus simples et fiables. Pas de risques de casse ou sinon ils sont facilement réparables ! Et en avoir une paire de rechange peut-être une bonne idée, un lacet ça sert toujours !
Au final, m’équiper de chaussures montantes hiver de qualité a été une opération plutôt rentable puisque je les ai conservées plus de cinq ans avant qu’une semelle ne lâche. Comparé à une paire de sur-chaussures par an environ, le calcul est vite fait. En guettant les promotions après l’hiver, vous pouvez dénicher de super chaussures hiver en Gore-Tex aux environs d’une centaine d’euros. Pensez également à la semelle intérieure. Celle-ci peut facilement être changée pour une semelle bien plus chaude pour quelques euros. C’est ce que j’avais fait pour gagner quelques degrés dans mes chaussures hiver lors de reconnaissances fatbike de quelques jours dans le Vercors par -20° C. Aucun souci à déplorer avec des pieds bien au chaud et bien au sec !

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Une bonne paire de chaussures montantes Gore-Tex et une semelle intérieur en laine, l’assurance d’avoir les pieds bien au chaud – photo Hugues Grenon

Pour conclure, je pense que l’utilisation de sur-chaussures dépend de sa pratique, de leur qualité, de la région et des températures clémentes… ou pas. En région froide et humide, des chaussures hiver sont certainement plus adaptées et faciles à vivre ! »

Bon hiver à toutes et à tous … les pieds au chaud !

Voilà, maintenant à vous de choisir la bonne solution, celle qui conviendra à votre région et à votre pratique. N’hésitez pas à nous faire part, grâce à vos commentaires en bas de cet article, de vos idées et suggestions afin de les partager avec tous nos lecteurs.

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Rédaction Bike Café
Rédaction Bike Caféhttps://bike-cafe.fr
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