Fin janvier, annonce dans le monde de la Tech : Strava rachète FATMAP. Jusqu’à cette date-là, j’avoue que je n’avais jamais entendu parler de cette entreprise, comme c’est peut-être votre cas aussi. Depuis, ça discute beaucoup autour de cette info…
Voyons ce qu’il en retourne, et si nous, arpenteurs de la Nature avec nos 2-roues, pouvons en retirer quelque avantage.
FATMAP, Kesako ?
FATMAP a été fondée en 2013 par Misha Gopaul et David Cowell. La société compte près de 50 personnes réparties au niveau européen.
Le service se revendique comme le “Google Maps/Earth” des sports de plein air, en proposant de la cartographie 3D – augmentée – très réaliste. Très implanté dans le milieu des skieurs et traileurs, notamment ; Kilian Jornet étant un de leurs ambassadeurs.
Les cartes proposées contiennent des informations détaillées sur le terrain et peuvent être utilisées dans une application iOS/Android ou en ligne (Web).
Les utilisateurs créent et partagent leurs propres itinéraires et accèdent à une communauté d’amateurs d’activités de plein air ; ils peuvent enrichir leur parcours de commentaires, photos, description, etc.
L’interactivité est également au cœur de l’expérience FATMAP. Des informations complémentaires peuvent être superposées à la carte en 3D, telles que bulletins météo ou niveau d’enneigement.
Comme à peu près tout le monde dans ce domaine, FATMAP a un double modèle : le gratuit et le payant par abonnement (Explore), avec des fonctionnalités supplémentaires :
- La possibilité de pouvoir créer des itinéraires sur le téléphone (à la main, via import d’une trace GPX ou en enregistrant son activité) ; la version gratuite ne le permet que via l’interface Web ;
- une utilisation hors-ligne sur la version mobile, en permettant de pré-télécharger les infos sur le téléphone ;
- cartes topographiques nationales (IGN France, IGN Espagne, swisstopo, Autriche, OS Maps…)
Alors concrètement, ça donne quoi ?
A l’heure actuelle, l’interconnexion des fonctionnalités n’est pas encore réalisée, rien de visible dans Strava. Il est néanmoins possible de se connecter sur FATMAP.com avec son compte Strava. On bénéficie alors du même niveau de service : c’est à dire que si l’on est abonné (payant) Strava, on accèdera à l’offre Premium (Explore) sur FATMAP.
J’ai pu tester les fonctionnalités de tracés et rendu 3D sur FATMAP.com. Si l’outil de trace est relativement basique – et présente quelques lacunes – la représentation 3D est vraiment intéressante et peut permettre de mieux appréhender un tracé lorsqu’on le planifie. Quelques remarques suite à mon expérience : la possibilité d’un parcours immersif de la sortie – comme si l’on effectuait le parcours – n’est disponible que sur l’App mobile (commande Survoler) ; de plus, sans possibilité de zoomer pour se rapprocher du sol. Or, ce type de visualisation tire un avantage certain d’un grand écran, pour la précision d’affichage et la prise de recul sur l’environnement naturel dans lequel on évolue (ou dans lequel on prévoit d’évoluer). J’avoue que le coté immersif gagnerait à être encore plus travaillé pour vraiment se rendre compte du relief à affronter sur le vélo.
Et ensuite… ?
L’intégration à Strava sera intéressante à surveiller pour voir de quelle façon le leader des réseaux sociaux sportifs va exploiter cette nouvelle brique technique ; après un autre rachat, celui de Recover Athletics, site spécialisé pour orienter la préparation de ses entrainements et la prévention des blessures.
Enfin, Strava s’offre en prime 1,6 million de membres, correspondant au nombre total des utilisateurs FATMAP depuis ses débuts ; ce qui peut ajouter des souscriptions Strava, par ricochet. Sur le plan stratégique, on peut se dire que c’est là pour Strava une nouvelle opportunité de se différentier des autres acteurs avec une plus-value sur le service proposé ; le milieu devenant de plus en plus concurrentiel avec OpenRunner, Komoot, RideWithGPS et consorts…
Pour les utilisateurs, tout dépendra de quelle façon Strava (retrouvez l’interview de son CEO, Michael Horvath) va intégrer de nouvelles fonctionnalités, et si le prix de l’abonnement restera inchangé, après la dernière augmentation du début d’année, qui a beaucoup fait grincer des dents (+2€ mensuels).
Nous ne manquerons pas de suivre ce dossier et vous tenir informés au Bike Café.
Retrouvez ici le communiqué officiel : https://about.FATMAP.com/journal-digest/FATMAP-strava
Se connecter à FATMAP.com (avec ou sans compte Strava)
Rajouter des fonctionnalités pour se différencier, c’est sûr.
Racheter un concurrent futur (et ce faisant, empêcher un gros concurrent actuel de le faire) c’est aussi l’intérêt de Strava.
Quand on devient gros, le danger vient de 2 sources : la banalisation (qui grignote par le bas) et l’arrivée d’un nouvel entrant en vraie rupture (qui fait craindre le grignotement par le haut car les petits sont quasiment toujours plus rapides que les gros).
Compte tenu de leur valorisation, ils peuvent certainement payer avec du bon papier. Et peut-être un peu de cash (s’ils n’ont pas tout déposé à la SVB !!!!! :0 ).