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Fixovelo, une application pour trouver où faire réparer son vélo

Trouver un atelier pour faire réparer ou entretenir son vélo n’est pas toujours chose facile. Pendant la période de pandémie, le gouvernement avait lancé l’opération “Coup de pouce vélo”, qui référençait tous les réparateurs agréés. L’opération terminée, la base de données disponible sur Internet a disparu. Les créateurs d’UtagawaVTT ont eu la belle idée de faire renaître ce référentiel : ils l’ont baptisé FIXOVELO. Cette application sera appréciée des néo-cyclistes qui ne savent pas vraiment à qui s’adresser, les voyageurs éloignés de leur région ou encore les randonneurs victimes d’une avarie lors d’une sortie vélo.

N’étant pas VTTiste, je ne connaissais pas l’univers UtagawaVTT ; Lilian Morinon, son fondateur, me l’a fait découvrir… C’est en utilisant l’image d’une “Auberge espagnole”, où on trouve ce qu’on amène, qu’il me présente son site Internet. Cette énorme communauté compte aujourd’hui de plus de 260 000 membres et fonctionne sur un principe de partage depuis 22 ans. Chacun donne de son temps, pour que le site soit ce qu’il est : une référence pour trouver de beaux itinéraires VTT. C’est sur le même principe d’échange communautaire qu’est née l’application FIXOVELO, qui recense tous les lieux où les cyclistes peuvent faire réparer ou réviser leurs vélos.

UtagawaVTT

Fixovelo
Capture d’écran de l’accueil sur UtagawaVTT
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Lilian me confie être un admirateur de cette lignée d’artistes japonais qui portent le nom d’Utagawa. Kuniyoshi, le démon de l’estampe, en est sans doute le plus célèbre représentant. Ce nom est devenu celui du projet créé en 2002 par Lilian. Un GPS Garmin en main, il décide de partager ses circuits et crée UtagawaVTT. Il est aidé par Christophe, un ami développeur, et après de nombreuses nuits passées à faire connaître le site, c’est le décollage avec l’arrivée des premiers contributeurs enthousiastes. “Au début des années 2000, à l’aide de ce premier GPS grand public de Garmin, plutôt dédié à la rando, je découvre les avantages de récupérer des parcours en format numérique issus du GPS, pour les mettre en partage sur un site, le projet UtagawaVTT était né, c’était il y a 22 ans“, me dit Lilian. Aujourd’hui, pendant les périodes estivales, le site frôle les 10 000 visiteurs par jour. “Ils viennent chercher des traces où ils pourront s’éclater et eux-mêmes enregistrent pour la communauté leurs propres tracés qu’ils ont envie de partager.

Blabla #128 avec Lilian Morinon

To fix : réparer

Fixovelo
Capture d’écran du film Raoul Taburin avec Benoît Poelvoorde – Je n’ai pas trouvé son adresse sur Fixovelo 😉

Dans Coup de pouce vélo, le côté obscur est venu de gens qui n’avaient rien à voir avec des professionnels de la réparation vélo

Lilian Morinon

Fixovelo – qui trouve l’origine de son nom dans la traduction en anglais de réparer (to fix) – est une application web qui géolocalise pour l’instant les ateliers de réparation en France. Pendant la période Covid, l’État, voyant l’intérêt pour le vélo des personnes voulant éviter les transports collectifs, a mis en place un dispositif d’aide pour la remise en état des vélos. Ça s’appelait le “Coup de pouce vélo“. Il a été nécessaire alors de créer un fichier des réparateurs partenaires agréés de l’opération. “Ce plan a eu le mérite d’être une première base pour recenser les réparateurs de vélo en France. L’opération a eu un certain succès, permettant de remettre en service un bon nombre de vélos“, dit Lilian. L’opération terminée, la base est devenue inutile et a disparu d’internet. “C’est dommage que le bébé soit parti avec l’eau du bain“, poursuit-il. L’idée est alors venue à l’équipe d’UtagawaVTT de faire revivre le sujet, mais en faisant confiance à la communauté vélo qui allait pouvoir valider les ateliers que chacun proposait.

Comme dans toutes les opérations d’aides gouvernementales, des opportunistes attirés par les primes versées se font référencer pour en profiter. Comment se fier à la qualité de “réparateur partenaire” de cette opération ? “En fait, si pour les grands groupes ce référencement était évident et si pour certains ateliers c’était une belle façon de se faire connaître, le côté obscur est venu de gens qui n’avaient rien à voir avec des professionnels de la réparation vélo“, m’explique Lilian. On a vu à l’époque des ateliers de motoculture, des centres auto et quelques usurpateurs devenir subitement des réparateurs vélo. Néanmoins, au global, l’opération a été un succès. L’idée de Lilian et de ses complices était de relancer cette base de référence, mais cette fois en fiabilisant les informations grâce à un feedback de ses 260 000 abonnés. “On s’est adressé à notre communauté pour recenser les lieux où chacun faisait réparer son vélo. On a demandé à nos abonnés de venir enrichir une base de données qui les répertorie en mode collaboratif“, précise Lilian. C’est la base du cœur de l’application Fixovelo qui garantit la fiabilité des informations. Dans un premier temps, Fixovelo a récupéré les données de “Coup de pouce vélo” qui ont été mises à disposition en open data. C’est cette base qui a été le point de départ, fiabilisée ensuite par les contributeurs d’UtagawaVTT.

Sur ces 3000 contacts récupérés, les abonnés d’Utagawa ont fait le ménage et ont enrichi la base en ajoutant les réparateurs qu’ils connaissaient. Ils ont été rejoints par des usagers contactés via les réseaux sociaux qui ont également apporté une contribution. Désormais, le système fonctionne et les réparateurs eux-mêmes peuvent se faire référencer sur Fixovelo.

Aller plus loin qu’une simple liste

Fixovelo

L’ambition de Fixovelo va au-delà de la simple adresse d’un réparateur. L’application porte une vocation environnementale, notamment auprès des néo-cyclistes, plutôt enclins à mettre leur vélo dans leur voiture pour l’emmener à la grosse enseigne connue en périphérie de leur ville pour le faire réparer alors qu’un indépendant est installé près de chez eux. L’autre enjeu dans Fixovelo est de qualifier de façon précise les spécialités du réparateur afin d’éviter un contact inutile avec un atelier qui n’aura pas les compétences, ou inversement. Par exemple, dans le monde du VTT les spécialistes en matière de suspensions sont rares et cette notion sera importante dans une recherche, car ces réparateurs n’interviennent pas forcément sur d’autres organes du vélo. La notion de compétence en matière de réparation sur les vélos électriques est importante : quelle marque de motorisation est réparable par le spécialiste ? Quelle(s) certification(s) (Bosch, Shimano,…) possède t-il ? Par ailleurs, l’activité de vente et de location est ajoutée à la notion d’atelier de réparation.

Une interface simple et pratique

L’interface est simple : à partir de la carte de France, il suffit de cliquer sur le cercle qui concerne votre région pour affiner progressivement jusqu’à trouver celui qui est le plus proche de chez vous.

Pour l’instant, l’application est disponible en mode web, qui permet quand même de l’utiliser sur smartphone via le navigateur de votre appareil. Bientôt, une appli sera disponible sur les OS Apple et Google pour offrir plus de services, afin de localiser les ateliers référencés dans la base. L’étape suivante sera d’offrir le gpx pour vous y rendre. Ce dernier point sera sans doute apprécié des voyageurs en galère suite à une panne mécanique.

Voir l’application Fixovelo

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Patrick
Patrick
Patrick Van Den Bossche a créé les blogs Running Café, Track & News, puis Bike Café. Curieux invétéré, dénicheur de tendances, il adore mettre en lumière les personnalités et les anonymes du petit monde du vélo. Il collabore régulièrement à la revue Cyclist France et affectionne les vieux vélos et la tendance "vintage". Depuis sa découverte du gravel bike en 2015, il s'adonne régulièrement à des sorties sur route et sur chemins autour de la Sainte-Victoire.

2 COMMENTAIRES

  1. C’est une belle initiative qui répond à un besoin, je pense. Mais je regrette que cette démarche fondée au départ sur de l’Open Data ne soit pas restée en Open Source. En effet, les réparateurs vélo sont enregistrés dans Open Street Map, la base de données Open Source de référence qui sert à quasiment tout le monde maintenant pour la cartographie, de Garmin à Strava, Open Runner (qui n’a d’Open que le nom), VisuGPX, etc.
    Tout le travail fait de manière communautaire (Crowdsourcing) pourrait être mis à améliorer la base Open Street Map, ce qui aurait permis une diffusion bien plus large, car tout le monde pourrait s’en servir, autant les applis (comme celle proposée par Uttawaga), que les autres déjà citées. Avec cette diffusion plus large viendraient un levier et un accélérateur puissants qui renforcerait la qualité de l’information et donc, au final, la pertinence et la pérennité de l’appli.
    Là, on a un site, par ailleurs très respectable, qui certes fait du boulot, mais “privatise” ce projet et contribue à atomiser, morceler l’information au lieu de l’ouvrir. Ils gardent la main et donc si le projet ne leur rapporte pas assez, ou qu’ils passent à autre chose, tout le temps passé par les contributeurs sera perdu.
    En plus, Uttawaga est un site qui s’adresse aux VTTistes et il y a plein d’autres utilisateurs de vélos qui sont actuellement hors champs (j’ai bien compris que pour Uttawaga espère par cette appli élargir sa clientèle et donc son business).
    “L’ambition de Fixovelo va au-delà de la simple adresse d’un réparateur. L’application porte une vocation environnementale, notamment auprès des néo-cyclistes, plutôt enclins à mettre leur vélo dans leur voiture pour l’emmener à la grosse enseigne connue en périphérie de leur ville pour le faire réparer alors qu’un indépendant est installé près de chez eux. L’autre enjeu dans Fixovelo est de qualifier de façon précise les spécialités du réparateur afin d’éviter un contact inutile avec un atelier qui n’aura pas les compétences, ou inversement.”
    Avec un tel “statement”, je ne comprends pas qu’on choisisse la voie de la base de données propriétaire alors que ces bonnes idées seraient beaucoup mieux servies par l’enrichissement de la base Open Street Map. On peut rajouter des balises pour mieux qualifier les données, en cas de besoin. On peut aussi conserver une appli propriétaire pour rajouter les fonctionnalités qu’on souhaite apporter (ou collecter des données à revendre), comme par exemple un système de notation par la communanté Uttawaga tout en gardant le fond de la base de données Open Source présente dans OSM.
    Bref, ce projet utile pour les cyclistes et la société dans son ensemble me semble une occasion manquée de faire progresser le “commun” de l’info crowdsourcée vivante, pérenne et pertinente pour des millions d’entre nous. Elle pose à nouveau la question complexe des business models sur Internet où il semble normal à beaucoup de se servir de ce qui est gratuit pour en tirer des bénéfices (individuellement ou en tant qu’entreprise) mais qui rechignent ensuite à contribuer, soit en temps en retour, soit en argent en payant pour quelque chose d’utile.

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