C’est ce que je me suis dit à l’annonce de Garmin sur cette capacité de recharge solaire.
Mais c’est bien sûr ! Pourquoi personne n’y avait pensé plus tôt ? Pour notre activité d’extérieur ça tombe sous le sens de profiter du soleil pour recharger nos GPS. Que ce soit pour une virée de quelques heures ou pour du voyage au long cours, autant profiter de ces watts gratuits.
Vous avez surement déjà entendu ou lu beaucoup sur les capacités techniques du Edge 1040 Solar ; Garmin est coutumier de fonctionnalités pléthoriques sur ses appareils, et il faut bien dire que sur ce dernier-né la tendance n’est pas à la baisse. Certaines fonctions relèvent du très spécifique – telles que l’analyse de la force développée par votre jambe gauche comparée à la droite (avec les capteurs idoines) – mais pourquoi pas !
Les cyclistes qui sont équipés de multiples capteurs (puissance, cadence, etc.) seront comblés notamment par la fonction Stamina, dont l’algorithme – après analyse de dizaines d’heures de roulage – permet d’estimer la capacité d’endurance restante en « temps réel ».
Le but de ce test n’est pas de balayer l’entièreté des fonctions, mais plutôt de mettre à l’épreuve l’appareil sur sa capacité de recharge solaire. Laquelle intéressera plus les baroudeurs du Gravel qui passent par ici au bike café.
En statique
L’appareil se présente sous un format généreux, 59 x 117 x 20 mm, avec un écran de 3,5’’ de diagonale soit 89 mm.
On se rapproche du format d’un iphone6, avec une épaisseur comparable si ce n’est l’excroissance inévitable du support. Celui-ci est en métal, gage de durabilité, mais non remplaçable, contrairement au Bryton S800.
On regrette que les actions dans les menus ne soient que tactiles sans équivalent avec un bouton physique ; comme le propose le Hammerhead Karoo 2, par exemple.
On peut voir 2 zones « inexploitées » pour l’affichage en bas et en haut de l’écran, mais il s’agit en fait de panneaux solaires. La zone de captation est complétée par un verre solaire Power Glass TM qui recouvre l’écran dans sa partie affichage. Ce verre solaire ne capte que 15% du rayonnement quand les panneaux haut et bas (mais de surface moindre) laissent passer 100%.
Sur la page produit, Garmin indique que le 1040 peut atteindre 100 heures d’utilisation en mode d’économie, avec une charge solaire apportant jusqu’à 42 minutes supplémentaires par heure d’exposition (ce qui correspond à un ratio Gain/Exposition de 70%). Il est mentionné en note de bas de page « En cas d’utilisation continue pendant les activités de vélo en extérieur à 75 000 lux ». Nous reviendrons plus loin sur cette valeur.
Un mot sur l’écosystème Garmin autour de cet appareil. On retrouve classiquement une application mobile et un espace Cloud.
- L’App : permet de paramétrer l’intégralité des fonctionnalités du compteur ;
- L’espace personnel sur Internet : très riche, Garmin est précurseur en la matière, bien avant que le Cloud soit en vigueur ; il propose une analyse de données très complète. Le tracé de parcours est bien entendu possible.
En action !
Mon test s’est déroulé sur 14 sorties sur juillet et août en région d’Aix en Provence, avec une luminosité forte. Exception faite de la première heure de roulage car le départ se faisait « à la fraiche » à 7h30 maxi. Précisions sur la configuration du compteur :
- Appareil en mode normal (non économie) ;
- luminosité définie en automatique ;
- Non connecté à un smartphone, aucun capteur Bluetooth ou ANT+ ;
- Suivi de parcours pour 80% des sorties ;
- Sur route pour 80% des sorties ;
- Compteur fixé sur le cintre (et non pas déporté vers l’avant).
Pour fixer des repères quant aux valeurs exprimées par Garmin – les fameux 75 000 lux – c’est une valeur atteinte classiquement avec le soleil direct à 30 ° au-dessus de l’horizon, selon Wikipedia. Des conditions comparables donc, à celles que j’ai rencontrées.
Garmin a joué franc-jeu avec l’aspect recharge solaire et propose des valeurs métriques spécifiques pour analyser l’efficacité de cette fonction.
On peut utiliser l’écran dédié ou afficher un résumé dans un des 10 (maxi) panneaux d’affichage.
Ce métrique m’a grandement aidé à apprécier la « sensibilité » de la recharge solaire. Notamment le graphique illustrant la charge durant les 100 dernières secondes et le picto du soleil, traduisant l’intensité instantanée. On peut ainsi voir l’effet d’une zone d’ombre sur la route ou tout simplement le corps du cycliste masquant le soleil direct. Le verdict est immédiat, on voit chuter le métrique de l’intensité.
Ainsi, au fil des kilomètres, le rendement de la recharge solaire m’a laissé dubitatif. Pour ne pas rester sur cette impression toute subjective, j’ai exploité l’espace personnel Garmin Connect pour y collecter les données de mes sorties ; je les ai ensuite intégrées dans un tableur pour voir ce qu’il en est de manière plus objective, à savoir quand les chiffres parlent…
Sur le graphe ci-dessus on peut voir comment se situe le gain de charge en fonction de la durée d’exposition, pour toutes les sorties effectuées. Le tableau montre les valeurs de chaque sortie. Il est intéressant de calculer un ratio entre le gain de charge et la durée d’exposition. Il en ressort une valeur moyenne à 11,4% et un maximum proche de 28%.
Si l’on essaie de positionner une courbe de tendance (laissons faire le tableur 😉) en utilisant soit un modèle linéaire soit un modèle polynomial de degré 2, on obtient les résultats ci-dessous. La courbe de tendance (et son équation) nous permet d’estimer le gain lorsque la durée d’exposition va s’accroitre. Sans aller au-delà de 10h, ce qui ne serait guère réaliste.
On arrive aux résultats suivants :
- un ratio de 11% avec le modèle linéaire ;
- un ratio de 10 à 15% jusqu’à 3h, qui croit jusqu’à 23% pour 10h d’exposition avec un modèle polynomial.
Conclusion
Précisons que ces valeurs ne sont que le reflet de mon expérience personnelle, qui plus est, sur un jeu de données relativement restreint. Il aurait été intéressant d’avoir une autre série de relevés en mode économie pour apprécier l’impact de ce mode sur la recharge (plus favorable a priori, vu que la consommation est moindre). Mais la durée du test ne m’a pas permis de le faire.
Il en ressort un rendement perfectible, sur lequel les prochaines mises à jour logicielles pourraient avoir une influence. A surveiller. A mon grand étonnement, je n’ai pas pu bénéficier de la recharge solaire appareil éteint. Le support Garmin a été sollicité, je ne manquerai pas de mettre à jour l’article en cas de complément d’information à venir.
Les conditions d’exposition n’ont pas toujours été optimales mais c’est le lot du déplacement à vélo. Bien sûr, il est toujours possible de charger le 1040 lors d’un arrêt en l’orientant de manière idéale pendant qu’on se restaure ou qu’on boit une bière.
Reste la question du prix : le Garmin Edge 1040 en version standard est à 599€ et sa version solaire à 749€. Le surcout à payer sera diversement apprécié par chacun, selon l’importance accordée à ce surcroit d’autonomie.
Plus d’informations sur la page produit.
Ton étude avec les 11,4% n’est absolument pas significative.
Toutes tes sorties sont entre 7h et 11h ou 17h et 19h ce qui ne sont pas des conditions optimales pour un panneau solaire (10h – 16h).
Il faudrait beaucoup plus de sorties et surtout pondérer par l’heure de la journée (et de la periode de l’année).
Je vois un intérêt au solar pour les bikepacker ou les ultras. Pour les routeux ou les vttistes c’est plus gadget.
J’apprécie beaucoup que tu spécifies que le GPS ne peut pas se recharger en mode solaire quand il est éteint. C’est une absurdité de la part de Garmin et renvoie donc ce GPS solaire au rang des gadgets non aboutis.
Bonjour Anciaux,
Effectivement c’est dommage.
Mais la recharge solaire a de beaux jours devant elle et d’autres fabricants arrivent sur le marché car c’est une vraie bonne idée.
A suivre !
Merci de nous lire.