Le vélo est une aventure …
Autant l’annoncer de suite, la piste du col de la Moutière (puis de Restefond) en partant de Bayasse n’est probablement pas adaptée à la pratique du Gravel … Trop caillouteuse, pas assez roulante, elle exige pas mal de portage … Mais pour les adeptes de vélo aventure (la devise du Bike Café), qui aiment les grands espaces préservés, la haute montagne et la tranquillité absolue, alors ce col vaut vraiment le détour.
Ceux qui ont déjà gravi la mythique cime de la Bonnette, route asphaltée parmi les plus hautes d’Europe (2802 m) savent que les vrais cols géographiques sont en fait ceux de la Bonnette (2715 m) et du Restefond (2680 m d’altitude) situé environ 2 km en contre-bas de la cime juste au-dessus des baraquements militaires (« caserne de Restefond ») abandonnés depuis que les italiens « ont rendu » Menton …
Vous avez peut-être remarqué cette belle piste gravillonneuse qui part du (faux) col de Restefond (2656 m) pour rejoindre le col de la Moutière (2454 m) où la route redevient goudronnée jusqu’à St Dalmas de Selvage / St Etienne de Tinée beaucoup plus bas dans la vallée, côté Alpes Maritimes (une vraie vacherie d’ailleurs ce versant de la Moutière, soit dit en passant …).
Et puis, en y regardant de plus près, on s’aperçoit que cette belle piste est également connectée à une autre piste, encore plus sauvage (dans tous les sens du terme) qui part vers l’ouest direction Bayasse et le col de la Cayolle (mon préféré…). Cette voie est même clairement indiquée sur une carte IGN au 100 : 000…
Rejoindre la Bonnette depuis la Cayolle en vélo Gravel : le challenge est excitant, mais est-ce vraiment possible ? Quelques recherches préalables sur la toile me découragent un peu ; la piste ne serait plus entretenue depuis longtemps, probablement pour réduire la circulation des 4 x 4 (on traverse une zone protégée du Parc National du Mercantour…) ; les vététistes qui s’y aventurent semblent peiner également …
Alors le jeu en vaut-t-il vraiment la chandelle ? Rien ne sert de trop tergiverser et seule une reconnaissance sur le terrain permettra de lever le doute. En cette fin octobre, l’été indien semble s’éterniser ; il n’y a pas encore eu de chute de neige sur les sommets et les températures sont exceptionnellement douces, même en altitude.
La Cayolle en hors d’œuvre
Mon parcours débute au village des Thuiles, quelques kilomètres avant Barcelonnette, « La mexicaine ». Il s’agit d’abord de s’échauffer en montant le col de la Cayolle, dont, décidément je ne me lasserais jamais. Ce col offre une variété de paysages incroyable ; on longe d’abord les gorges du Bachelard, puis la vallée s’ouvre jusqu’à Bayasse (1783 m) ; en cette fin octobre les couleurs de l’automne sont à leur apogée ; les mélèzes, qui n’ont pas encore perdu toutes leurs épines, sont jaune orangés. La Cayolle (2326 m) est un col long (presque 30 km) mais peu pentu ; du coup on peut se permettre de ne pas trop se concentrer sur son effort et profiter pleinement des paysages, laisser son esprit vagabonder … Je ne sais pas pourquoi, mais le mien me transporte dans des Rocheuses nord-américaines imaginaires et je m’attendrais presque à voir un ours débouler devant moi …
Les quelques hameaux que l’on traverse me rappellent à l’ordre : on est bien dans les Alpes de Haute Provence à moins de 100 km de la Méditerranée à vol d’oiseau … Après le pont de Bayasse, on entame la dernière partie du col au milieu des alpages et chaos rocheux … Dans l’euphorie je ne vois pas le temps passer et j’arrive au sommet à peine essoufflé. La mini-mare au sommet qui est vide rappelle la sécheresse de cette année … Je redescends sur 200 m environ pour admirer les particularités du versant sud. Les sources du Var sont juste-là en contre-bas.
Mais il faut vite revenir aux réalités, faire demi-tour et redescendre jusqu’à Bayasse pour entamer la reconnaissance de cette fameuse piste qui rejoint la Moutière et Restefond….
Un mélange de randonnée Gravel et … pédestre…
Au départ, dans le village, un panneau indique que la piste est interdite à la circulation du 1er juin au 1er octobre, probablement en raison des intempéries possibles … Les premiers hectomètres sont caillouteux d’emblée ; je réussis malgré tout à me frayer un chemin en zigzagant de part et d’autre de la piste, histoire de trouver quelques passages plus roulants ou tout au mieux plus doux ou moins secouants…
Tant bien que mal, je parviens jusqu’à la Bergerie de la Moutière à 2128 m d’altitude, sans quasiment mettre pied à terre. Ma faible vitesse me permet d’admirer ces paysages de montagne, au milieu du Parc du Mercantour. Mieux vaut ne pas avoir peur de la solitude dans ces espaces où je ne rencontre absolument personne et où le « réseau 3G » est inexistant …
Après la Bergerie la qualité de la piste se dégrade encore plus et il sera nécessaire de marcher / porter sur presque 2 km… Mais franchement le décor est si grandiose et exceptionnel, que je m’en accommode sans rechigner.
Puis finalement je rencontre deux vététistes qui descendent et se demandent ce que je fais là avec mon « vélo de route »… Me serais-je donc perdu ? Ils me rassurent tout de même en m’indiquant que je ne suis plus très loin de cette belle piste qui relie la Moutière à Restefond.
Retour progressif à la « Civilisation »
Une fois sur la piste, je peux enfin re-chevaucher ma « monture » qui a dû trouver le temps long. La piste est magnifique et idéale pour le Gravel. Elle reçoit immédiatement le label « 100% Gravel » du Bike Café. Mais attention il reste près de 250 m de dénivelé à parcourir en 3 km… Avec l’effet de l’altitude combiné aux efforts consentis plus tôt, le coup de pédale est devenu plus lourd, moins fluide …
Je retrouve finalement le goudron du col de la Bonnette. L’heure avancée ne me permet pas d’aller jusqu’à la cime, 2 km plus haut, et je décide de descendre directement jusqu’à Jausiers. J’y croise mes premières automobiles après plus d’1h30 de grand silence …
Alors si pour vous aussi le Gravel est d’abord une aventure et qu’un peu de randonnée pédestre en « haute montagne » ne vous rebute pas, cette piste du vallon de la Moutière est à essayer. Elle permet quand même de rejoindre la mythique cime de la Bonnette pas des chemins de traverse avec ensuite le plaisir d’une belle descente bitumée qui fera remonter la moyenne (quand même… faut pas déconner…).
Quelques infos pratiques
D’après Strava, la piste entre Bayasse (1790 m) et l’intersection avec la route du col de la Moutière (2400 m) fait 8,7 km pour 609 m de dénivelé (7% de pente moyenne). Sur ces 8,7 km, entre 6 et 7 km sont faisables avec un Gravel équipé de pneus 35, en restant (tant bien que mal) sur le vélo. Pour ma part, je pense avoir porté sur 2 km environ. Pour 1 h 15 d’effort au total.
Ensuite la piste qui rejoint le faux col de Restefond mesure 2,8 km pour 238 m de dénivelé (pente moyenne de 8%). Elle est de très belle qualité et parfaitement adaptée à toute sorte de vélo Gravel.
Trêve hivernale ?
Cet article clôt temporairement cette série de reconnaissances « Gravel et cols mythiques » commencée en juillet dernier avec le Parpaillon. L’été indien a finalement pris fin et les premières chutes de neige ont entraîné la fermeture de beaucoup de grands cols début novembre. La Bonnette ne rouvrira pas avant juin prochain… Un peu de patience donc …
Mais la plaine et les collines de moyenne montagne sont également un fabuleux terrain pour la pratique du Gravel…
Je l’ai fait en VTT l’année dernière au départ de Barcelonnette. C’est magnifique mais éprouvant ! 😉
Ou peut on trouver la trace gps (GPX) pour tenter cette aventure ?