La casquette de vélo a suivi au cours du temps l’évolution de la bicyclette. Au départ, elle était nécessaire pour absorber la sueur qui coulait sur le front des forçats de la route, et les elle protégeait du soleil et de la pluie. Elle est devenue, au fil du temps, un objet culte. Certains les collectionnent, d’autres la remette au goût du jour pour la porter en ville, marquer un événement vélo ou simplement l’utiliser sous le casque pour se protéger.
Le monde professionnel du vélo, qui avait bien exploité ses qualités publicitaires dans les années 70 – 80, l’a abandonné lorsque, en 2003, le port du casque est devenu obligatoire en compétition. Les professionnels ont même poussé l’affront, jusqu’à remplacer notre chère gapette par des affreuses casquettes de base-ball pour venir prendre une pose victorieuse sur les podiums. On ne respecte plus rien, ma pauvre dame ! ...
Ils n’y connaissent rien, car aujourd’hui la casquette de vélo est redevenue tendance. On l’a vue, façon chicos, apparaître dans des défilés de mode, on l’a remarquée sur la tête de jeunes branchés hors d’un contexte vélo et encore portée par de nombreux cyclistes dont je fais partie. Je la porte sous mon casque où elle assure une rôle intermédiaire et protecteur. Je baisse sa visière pour me faire un pare-soleil et moins souvent (habitant dans le sud), pour éviter que la pluie mouille mes lunettes. Je redresse sa visière lorsque je veux élargir mon champ de vision. Je n’hésite pas à la garder sur la tête lorsque je retire le casque, lors d’une pause en terrasse. Je ne suis pas un amateur de chrono et cette casquette, au CX provocateur pour les écoulements de flux, l’atteste.
Wesch casquette … et alors ! …
La gapette de Céline Oberlé
La casquette inspire de jeunes créateurs et Cécile Oberlé, qui a créé Vera Cycling, en a fait sa spécialité. « Je me rappelle de ma première casquette comme de mon premier vélo bleu avec lequel je me suis vautrée maintes fois. Heureusement je ne me suis jamais dallée avec ma première casquette. Et d’ailleurs ce ne sera plus possible vu, qu’elle a été complètement décousue, mais ça c’est une autre histoire … », raconte Céline sur son site pour se présenter. En effet, elle l’a décousue pour faire son autopsie et pour comprendre comment était fait le un patron d’une gapette.
En fait Céline se lance il y a deux ans en ouvrant son site « Vera Cycling ». L’idée de cette activité est née alors qu’elle participe aux rides urbains à vélo organisés dans Paris, le soir en semaine. Elle découvre ce milieu « Je suis tombé là-dedans et ce nouveau milieu a un peu bouleversé le cours de ma vie. C’est là que j’ai découvert la gapette et j’ai vu, avec mon regard de graphiste, que les mecs qui venaient rouler le soir étaient toujours un peu habillés pareil, mais l’accessoire qu’ils changeaient régulièrement en fonction de l’humeur du moment, du vélo utilisé, de la météo, … c’était cette casquette cycliste », explique Céline qui découvre alors ce qui allait devenir plus tard son activité.
Céline est graphiste et web designer depuis une dizaine d’années. Originaire de la région de Strasbourg, elle a beaucoup bougé : pour ses études sur Paris, puis 4 ans en Amérique du nord avant de revenir sur Paris pour bosser dans une agence web. Au hasard d’un super week-end à Lille elle découvre les charmes du nord. « Je suis tombé amoureuse de cette ville : la brique, l’architecture, … j’ai tout adoré pendant ce week-end qui me ramenait dans un décor qui ressemblait beaucoup à Brooklyn où j’avais vécu pendant 2 ans », déclare Céline, qui au passage me rappelle l’origine néerlandaise (Breuckelen) du nom de ce quartier de New-York et cette similitude entre ses constructions et celles que l’on trouve en Flandres et à Lille.
Cette découverte arrive à une période charnière de sa vie : Céline avait fait le tour de son job dans son agence, elle avait découvert le vélo et elle avait trouvé le lieu qui pourrait être le nouveau berceau de sa créativité.
Le démarrage de l’activité
« En fait le démarrage s’est fait au moment du lancement de la French Divide. J’étais à fond avec Samuel Becuwe dans le projet de cette première édition pour les aspects graphiques. Il voulait s’inspirer des casquettes numérotées de la Transcontinental Race. Je me suis dit on pouvait faire mieux en mettant le prénom du cycliste sur la visière …» C’est ainsi qu’est né le premier projet important de réalisation de casquettes.
Ensuite tout s’est enchaîné, d’autres événements vélos ont été demandeurs, des marques, des cafés cyclistes comme la Cyclerie à Poitiers, … Le bouche à oreille a fonctionné les clients sont venus à elle naturellement, sans pub, ni démarchage. « Il faudrait d’ailleurs que j’en fasse pour développer encore plus mon activité …» dit-elle, mais pour l’instant Céline est bien occupée par ses créations et les nombreux salons vélos, sur lesquels elle est présente. « J’ai eu un bon accueil au salon de Berlin, je vais aller aussi à Dusseldorf, … car le made in France a du sens en Allemagne et les petits créateurs y sont bien accueillis, avec des prix du m2 décents ».
« Mes gapettes sont 100% made in Hauts-de-France … », me dit Céline avec humour. Effectivement lorsqu’elle a débuté sur ce créneau elle a cherché à faire fabriquer ses créations chez les spécialistes. Elle a sonné à la porte d’une quinzaine d’entreprises et à chaque fois c’était les mêmes contraintes : 100 pièces minimum, 5 couleurs maximum, … Tout cela étant lié au sourcing, car tous ces produits arrivent finalement en fabrication dans les mêmes unités de production en Italie.
Céline réfléchit alors aux différents postes du processus de production : le design pas de soucis : elle maîtrise, le patron : elle trouve les formes, elle cherche comment faire de l’impression sur textile qu’elle trouve auprès d’un imprimeur à Tourcoing. Reste la partie purement couture, qui est quand même très importante. Le nord, avec Roubaix et ses anciennes activités textiles, aurait pu permettre à notre entrepreneuse de trouver la solution : mais non, car même en cherchant bien il ne reste plus rien, l’activité a été détruite par la mondialisation. C’est au moment où elle pensait abandonner le projet, que Céline trouve la piste des ateliers de réinsertions pour les personnes handicapées. Après quelques tests elle en trouve un qui prendra en charge la partie fabrication. La casquette Vera Cycling est donc née pour le plus grand plaisir de ses clients de plus en plus nombreux.
La clientèle est large il y a la gamme sport et la gamme « mode » qui est également demandée. D’ailleurs Céline, quand elle sort le soir, met du rouge sur ses lèvres et coiffe la gapette et ça passe super bien. Des stylistes modes prennent contact avec elle pour accessoiriser des tenues présentées lors de défilés. Les cyclistes les vrais, ceux qui ont un peu de notoriété porte une casquette. On voit revenir chez les pros, car cet accessoire est vraiment évocateur de l’univers vélo. Le papa de Céline a été parmi ses premiers clients. Ce boulanger, maintenant à la retraite qui fait aussi du vélo, utilisait sa toque sous son casque. Céline lui a offert une de ses premières casquettes avec une visière cette fois. Il a dit à sa fille “C’est bien, c’est la même chose, mais en mieux …“.
Une vraie casquette “Made in Hauts-de-France” coûte 32 € chez Vera Cycling, et si vous en voulez une qui aura du sens pour vous, inscrivez-vous à la French Divide ou à la Gravel Tro Breizh …