photos et textes Gabriel Refait
Rares sont les randonnées cyclistes pouvant se targuer d’une histoire aussi longue. Depuis quatre vingt trois ans, le Rallye SINGER est organisé par l’ACBO (Amicale Cyclotouriste de la Banlieue Ouest), club créé en 1938, sous l’égide des Cycles éponymes. Ouvert à tous, l’événement est naturellement inscrit au calendrier FFCT. Par son identité et sa proximité avec la maison ALEX SINGER, l’événement fait encore aujourd’hui la part belle à la convivialité ainsi qu’aux vélos et randonneuses au style classique. Une rareté dans un panorama d’événements cyclistes plutôt porté vers le toujours plus : plus de technologie, plus vite, plus loin.
Profitant d’un déplacement professionnel dans la capitale, je décide de prendre le train avec ma randonneuse SINGER personnelle afin de participer à ce Rallye loin de mes terres provençales. Ce sera l’occasion de découvrir la scène cycliste locale, ainsi que les routes du sud-ouest parisien.
“Je retrouve les tarifs d’inscription de mes courses cadets (6 €) et par la même occasion le carré de chocolat noir et le marbré savane au ravito. Un retour aux bases…”
Ci-dessous : Je paye mon inscription en petite monnaie ; Walter le fils Csuka ; L’entrée de Versailles.
Retour aux sources du cyclotourisme sur le Rallye SINGER
Il est huit heures du matin non loin de la porte Maillot. Un soleil d’hiver éclaire un bar tabac devant lequel un attroupement de cyclistes entoure une petite table de camping. Sur le rallye SINGER, pas d’inscription en amont ni de paiement en ligne. Ici, ce sont trois bénévoles, une caisse en fer et un carton de brevet que l’on signe avec un stylo Bic, qui font office d’appel. Je retrouve les tarifs d’inscription de mes courses cadets (6 €) avec, par la même occasion, le carré de chocolat et le marbré savane au ravito. Un retour aux bases de notre sport.
Ci-dessous : Un féroce gardien d’atelier, un pignon fixe gitane routier ; la relève du Rallye Singer.
Après un café sur le zinc, nous prenons la direction de la vallée de Chevreuse pour 75 km de randonnée hivernale à bon rythme. Sur la route, toutes sortes de vélos sont présents. Des vélos modernes en carbone, des randonneuses et vélos de routes classiques, mais aussi quelques pignon fixe routiers équipés pour rouler l’hiver, avec garde-boues et chaîne bien graissée, comme à l’époque.
La famille Csuka, qui tient la maison SINGER depuis des décennies, est venue au complet pour rouler ce matin. Les coups de pédales sont bons et les vélos en acier tracent sur le bitume dans un bruit doux et rond. Nous passons par Versailles et son château. Du haut de sa statue, Louis XIV semble admirer nos montures multicolores.
Ci- dessous : Une randonneuse SINGER Chrome des années 50, Vélocio veille au grain, Octave accueil les participants.
Derrière moi, j’entends le doux bruit d’un moteur ancien qui toussote tranquillement, avant que quelques mètres plus loin nous ne croisions un gros rassemblement de véhicules de collection. Cette matinée de mars semble avoir été cochée par tous les passionnés de chrome et de belles machines à deux ou quatre roues. Tant mieux pour nos yeux, les clichés n’en seront que plus beaux.
À travers champs, nous enchaînons les kilomètres avec un fort vent de face et je prends quelques relais appuyés pour donner un coup de main au groupe. Je ne vais quand même pas laisser une mauvaise impression à mes compagnons de route en cultivant l’image du sudiste qui se la coule douce au fond du paquet. Et puis mettre le museau au vent en mars est toujours gage de bonne forme physique en mai. C’est toujours ça de pris !
“Depuis quatre vingt ans, combien de fois ces murs ont-ils entendu ces débats de passionnés ?”
La magie de l’arrière boutique
Nous terminons cette boucle en longeant les quais de Seine en direction de Puteaux. Nous arrivons à la boutique Alex Singer aux alentours de 11h30, pile à l’heure pour l’apéro. Le carton de brevet donne droit au tirage au sort qui permet de gagner des lots cyclistes variés. Je remporte un garde-boue arrière de selle en plastique… Mauvaise pioche, je serais peut-être plus heureux l’année prochaine.
Dans l’arrière-boutique, les bières et les verres d’alcool tintent bruyamment tandis que les discussions s’emballent sur le choix des ratios, des sections de pneus ou des plus belles régions à visiter à vélo. Depuis quatre vingt ans, combien de fois ces murs ont ils entendu ces débats de passionnés ? Des milliers sûrement, mais on ne s’en lasse pas. C’est une discussion que relance chaque nouveau cycliste venu.
Ci-dessus : L’arrivée à l’atelier pour l’heure de l’apéro, un dérailleur arrière type NIVEX, Une jolie randonneuse bleu, Olivier CSUKA et Ernest Orion créateur du magazine CYCLOPAST.
Au-dessus de nous, des centaines de cadres de vélo attendent leur prochain propriétaire. Ils nous regardent débattre et vivre notre passion. Il y a bien sûr les vélos personnels d’Alex Singer, mais aussi les vélos de Roland Csuka ainsi que de nombreuses autres merveilles pour collectionneurs.
Nous partons ensuite en direction d’un restaurant alsacien où nous attendent Riesling et choucroutes garnies. Quelle meilleure façon de finir une matinée qui avait si bien commencé ! Je vous le demande ?
Je sais maintenant pourquoi le rallye Singer est une institution. Prenez un parcours légèrement vallonné, ajoutez des vélos aux couleurs et aux chromes lustrés ; tout en discutant, arrosez d’un verre de blanc et vous obtiendrez un événement hors du temps.
Merci à l’ACBO et aux cycles Alex Singer pour l’organisation.
À l’année prochaine.
Vous pouvez suivre le travail des cycles ALEX SINGER en suivant ce lien ainsi que mes restaurations et aventures cyclotouristes via ce lien https://www.instagram.com/dynamo.cr/
Ci-dessous : Potence artisanale SINGER Typique. Deux randonneuses chrome, signature de la maison SINGER. Un vélo avec mono douille Chrome très recherché des collectionneurs. Les deux vélos de Roland CSUKA présente de nombreux détails spéciaux. Une vue de l’atelier avec cette une de l’Equipe célébrant le record de victoires de Mark Cavendish.
Coup de blues. Merci.