Au cours des derniers années, j’ai pu tester plusieurs gravel en titane des marques de David Robert. Notamment le Sauvage LaPiste, son grand frère LeMonstre ou plus récemment le Robert Frameworks RG1. Pour autant, le premier contact avec ces marques était un Léon, avec un essai du GraAll en 2020, déjà innovant à cette époque. Retour sur un Léon en ce printemps 2025 avec le test de cet étonnant Léon LaRage, dans sa déclinaison FTR, label haut de gamme de la marque.
Léon LaRage FTR : conception de ce gravel en titane
Les cadres en titane Léon sont dessinés et montés à Kayl au Luxembourg et à Senones en France. Les tubes proviennent de chez Timet et les cadres sont imprimés et soudés chez Tibicycle. Les tubes sont en titane 3/2.5, tandis que les jonctions sont imprimées 3D avec de la poudre de titane 6.4.
Le fabricant avance un gain de rigidité avec ce type de jonctions, mais aussi un routage interne facilité. Notamment grâce à l’absence d’arêtes vives dans ces zones, évitant ainsi une usure prématurée des durites ou gaines.
Le premier contact visuel avec ce cadre laisse apparaitre une excellente finition. La seule soudure visible est la jonction entre le tube de selle et le top tube.
La douille de direction est droite, de section 1”1/2 à roulements intégrés. Dorénavant, ce format de douille de direction est devenu plus courant. Une conséquence directe de l’intégration totale des gaines.
Plus bas, tube de selle et tube oblique ferment ce triangle avant sur un boitier de pédalier au format T47, à roulements internes.
Une solution technique de filetage à M47 x 1 mm imaginée par Chris King et censée réunir le meilleur : un boitier de pédalier fileté qui peut accueillir les plus gros axes de pédalier, tout en facilitant l’intégration des gaines. En somme, une sorte de super BSA, dans un but de fiabilité, de rigidité et, normalement, de silence.
Le cadre du Léon LaRage est à la norme UDH. Ce choix garantit une rigidité optimale, devenue essentielle pour les transmissions modernes, et une compatibilité avec les groupes SRAM de type Full Mount / T-Type (sans patte de dérailleur).
En conséquence, l’axe traversant de 142×12 mm est lui aussi standardisé, afin de pouvoir s’introduire dans l’interface UDH, qui impose un filetage M12 x 1,0 mm. Pour en savoir plus sur l’UDH, je vous invite à lire mon article à ce sujet : UDH : trois lettres qui changent le marché – Bike Café.
Par ailleurs, ce cadre est pourvu de huit inserts, permettant de fixer des accessoires ou des porte-bidons. Le fabricant annonce un poids du cadre à 1690 g en taille S et un dégagement maximal pour les pneus de 700 × 51 mm. Pour autant, les pneus 700 x 52 mm (29” x 2.1) qui équipent ce montage sont encore à leur aise.
Quant à la fourche, elle est intégralement en carbone, sans insert et d’un dégagement pour les pneus égal à celui du cadre. Le fabricant annonce un poids de 460 g pour cette fourche.
Géométrie du Léon LaRage
XXS | XS | S | S/M | M (taille testée) | M/L | L | XL | XXL | |
Douille de direction (cm) | 85 | 95 | 110 | 120 | 130 | 140 | 150 | 165 | 185 |
diamètre douille de direction (mm) | 44 | ||||||||
Tube de selle (cm) | 41 | 45 | 47 | 48 | 49 | 51 | 53 | 55 | 57 |
boitier de pédalier | T47/85,5 mm | ||||||||
Angle de direction (degré) | 70 | 70 | 70,3 | 70,5 | 70,8 | 71,2 | 71,2 | 71,4 | 71,6 |
Angle du tube de selle (degré) | 75,5 | 75 | 75 | 74,8 | 74,5 | 74,3 | 74,1 | 73,8 | 73,5 |
Top tube (mm) | 525 | 535 | 545 | 560 | 570 | 580 | 590 | 605 | 620 |
Base (mm) | 420 | 420 | 420 | 420 | 420 | 420 | 420 | 420 | 420 |
Stack (mm) | 548,9 | 548,9 | 550 | 550,8 | 563 | 572,4 | 581,8 | 596,8 | 616,6 |
Reach (mm) | 383 | 387,9 | 397,6 | 410,3 | 413,1 | 419,1 | 424,2 | 431,6 | 437,4 |
Ce Léon LaRage se veut agressif dans sa géométrie. Ainsi, la position est sportive avec un reach long et un stack relativement faible. Par ailleurs, les bases, asymétriques, sont très courtes, en cohérence avec la sportivité affirmée du modèle. L’angle de direction et le déport de la fourche (43 mm) laissent entrevoir un choix du fabricant à mi-chemin entre vivacité et stabilité. La hauteur de la fourche (410 mm) est déterminée pour ne pas – trop – modifier la géométrie du vélo en cas de monte d’une fourche suspendue de gamme gravel avec 40 mm de débattement.
Léon LaRage : l’équipement sous le label FTR
Derrière le nom FTR se cache Feather (plume). Avec ce label, le fabricant souhaite introduire de l’exclusivité dans sa gamme. Pour cela, ce nouveau label FTR permet de proposer des variantes haut de gamme des modèles existants et à venir.
Une transmission SRAM détonante
Sur le plan de la transmission et du freinage, c’est SRAM qui équipe ce Léon. Plus précisément, on retrouve un montage mullet* utilisant le dérailleur SRAM Eagle XX T-Type, avec une cassette spécifique 10-52 dents. Grâce au cadre compatible UDH, comme nous l’avons vu précédemment, ce dérailleur se monte sans patte de dérailleur.
*SRAM qualifie de mullet les groupes de transmissions qui combinent des composants de la gamme Eagle (VTT) à ceux de la gamme AXS (gravel / route), dans le but d’obtenir des démultiplications de transmission proches d’un VTT.
Plus en avant du vélo, on retrouve des équipements de la gamme SRAM Red XPLR AXS (leviers, manivelles, étriers), ainsi qu’un unique plateau Gemini Rigel en carbone de 42 dents.
Roues et pneus
Sur ce Léon LaRage FTR, Rline inaugure ses nouvelles roues VERSA KG35, dédiées au Gravel. Articulées autour de magnifiques moyeux Extralite HyperSmart 3+ fabriqués en Italie, les cercles en carbone ne font que mettre en valeur le savoir-faire de cet expert alsacien.
Dotées d’un profil de 35 mm de hauteur et d’une largeur de 29 mm entre crochets, celles-ci valorisent grandement ce montage. Notamment avec cette largeur interne généreuse, propice à des montages “larges” dans un but de performance. Les rayons BERD, fabriqués à partir d’un polymère, permettent de réduire considérablement le poids global. Ainsi, cette paire de roues ne pèse que 1155 g.
Là-dessus viennent se greffer des Vittoria Terreno XC Race en 29” x 2.1 ainsi que des disques du fabricant italien Carbon Ti.
Périphériques
En ce qui concerne les périphériques, le choix du fabricant s’est porté sur un cintre Rline en carbone, fabriqué par Nextie. Globalement bien adapté au programme sportif du vélo, j’ai cependant trouvé le drop trop important. Mais cela est avant tout affaire de goût…
En dessous, j’ai trouvé intéressant le choix d’une potence et de son support compteur de chez Extralite, avec ce modèle HyperStealth.
La tige de selle en carbone est issue du catalogue Gémini. Quant à la selle Repente Aleena 4.0, avec un poids de 150 g, elle participe au poids contenu de ce montage résolument exclusif. En effet, ce vélo pèse tout juste 8 kg. Une sacrée performance au regard de la monte pneumatique généreuse.
Le Léon LaRage FTR sur le terrain
J’ai pu tester ce durant exactement 607 km, dans le Var puis dans le nord du Vaucluse, autour du mont Ventoux et des Dentelles de Montmirail. Et cela aussi bien pour des rides de 2h, que pour des sorties à la journée, comme celle-ci :
Aussi, je pense avoir pu me construire une idée assez précise de la personnalité de ce Léon LaRage FTR. Dans la vidéo suivante, vous trouverez une présentation technique de ce vélo, complémentaire à cet article, ainsi qu’en deuxième partie mon analyse “terrain” de ce Léon LaRage FTR.
Bilan
Finalement, Léon a bien fait évoluer son LaRage. Déjà, en l’épurant et en le rigidifiant grâce au procédé d’impression 3D. Mais aussi en permettant de majorer la taille des pneus, afin d’être en phase avec les besoins des compétiteurs sur les Gravel Race. Dans les mêmes prix, on trouve des gravel aussi légers. Mais peu pourront s’équiper d’aussi gros pneus. Performant grâce à ses roues, sa géométrie, et sa rigueur comportementale, le Léon LaRage FTR est incontestablement une belle réussite technologique. Sur ce segment Gravel Race, la concurrence est féroce. Pour autant, à l’heure d’écrire ces lignes, Léon semble avoir pris une longueur d’avance. Ce fabricant a su réorienter le gravel en titane vers un domaine où ne l’attendait pas vraiment, celui de la compétition. Une démarche innovante, qui propose aux coureurs une alternative crédible aux modèles en carbone qui monopolisaient ce segment du Gravel Race.
- Prix du kit cadre : 3288,89 € (détail de sa composition sur KIT CADRE – Titanium BikeStore)
- Prix du vélo testé : 9530 €
- Site fabricant : Léon Frameworks LaRage FTR
Léon LaRage FTR : caractéristiques
TAILLES | XXS, XS, S, SM, M(taille testée), ML, L, XL, XXL |
CADRE | Titane Grade 9 (Ti 3Al-2.5V) |
FOURCHE | Carbone, passage de gaine interne |
DOUILLE DE DIRECTION | Droite 1″1/2 x 1″1/2 (JDD IS52) |
POTENCE | Extralite HyperStealth |
CINTRE | Rline, en carbone |
TIGE DE SELLE | Gemini ALSAK |
SELLE | Repente Aleena 4.0 |
MANETTES | SRAM Red AXS |
ÉTRIERS DE FREIN | SRAM Red AXS |
DISQUES | Carbon Ti, 160 mm |
DÉRAILLEUR ARRIÈRE | SRAM Eagle XX T-Type, 12 vitesses |
CASSETTE | SRAM XS-1297 12 vitesses 10-52 dents |
CHAÎNE | SRAM Force 12 vitesses |
PATTE de DÉRAILLEUR | Sans, cadre au standard UDH |
PÉDALIER | Manivelles SRAM RED XPLR, plateau Gemini Rigel en carbone de 42 dents |
BOÎTIER DE PÉDALIER | Format T47 à roulements internes |
ROUES | Moyeux Extralite HyperSmart 3+, jantes en carbone RLINE VERSA KG35, 29 mm de largeur interne, 35 mm de hauteur. Rayons BERD. |
AXES TRAVERSANTS | Avant : 12 x 100 mm (filetage M12 x 1.5) Arrière : 12 x 142 mm (filetage M12 x 1) |
PNEUS | Vittoria Terreno XC Race 29” x 2.1 (700 x 52 mm) |