C’est parti … vous avez décidé de monter votre « Fixie » pour flâner dans vos rues citadines une fois le printemps revenu … Pour se faire il faudra trouver un cadre à votre projet … Le cadre est la pièce principale de votre futur vélo. Des années 60 à 80 les constructeurs ont produit des cadres en tubes d’acier plus ou moins légers (Vitus, Colombus, Reynolds, …) qui restent aujourd’hui très intéressants et aptes à constituer un bon point de départ pour le projet. Personnellement je trouve ces cadres vintages beaucoup plus élégants que les copies chinoises modernes et rutilantes mais sans âme. Il suffit de regarder le travail de soudure réalisé au niveau des raccords de tubes pour admirer l’ouvrage.

Mais attention quand même car il serait dommage de « sacrifier » un beau vélo « vintage » de course pur jus avec ses accessoires Campa, Simplex, Stronglight, … et le désosser pour en faire un « fixie » … Si vous avez un beau Colnago d’époque, un super Peugeot comme celui que chevauchait Bernard Thévenet ou bien encore un Mercier rose comme celui de « Pou Pou » (Poulidor) et même le Gitane bleu de Bernard Hinault … gardez-le dans son état. En dehors de ces vélos “collectors” qui aujourd’hui ont une certaine valeur marchande, il existe des vélos moins prestigieux mais dessinés dans le même esprit et qui peuvent retrouver vie et devenir de superbes vélos urbains.

Tous ces cadres ne seront pas « éligibles » à la construction de votre « fixie » ou votre « single speed » urbain …
Le premier critère d’éligibilité se situe au niveau des pattes arrières de votre cadre … Elles doivent être profondes ce qui était le cas sur les vélos les plus anciens.

En effet, sur un « mono-vitesse » qui se trouve démuni de dérailleur, il faudra assurer une tension suffisante à la chaîne pour éviter que celle-ci ne saute au premier coup de pédale … Une fois vos rapports de pignons choisis il faudra mettre la chaîne à la longueur précise mais celle-ci reste liée à plus ou moins la longueur d’un maillon. Il faudra donc affiner sa tension en reculant la roue arrière jusqu’à une tension correcte : pas trop tendue mais pas molle quand même … La roue sera alors serrée fermement … On reviendra dans un autre article sur les moyens de serrage qu’il faudra aussi revoir pour supporter la force exercée sur le pignon unique surtout si celui-ci est fixe … Évidemment l’alignement de la chaîne sera également un critère que l’on traitera aussi dans un sujet sur le « pignon arrière » car si on veut récupérer une roue vintage sur laquelle il y avait 5 vitesses il faudra la « bricoler » pour y installer une seule denture qui devra être bien en ligne avec le pédalier.
Le deuxième élément à vérifier est le dessin du cadre … Si vous voulez utiliser par exemple un cadre « piste » pour l’adapter à un usage route en milieu urbain il faudra vérifier que la « chasse » avant – c’est-à-dire l’angle d’inclinaison de votre fourche par rapport au sol – ne soit pas trop faible afin que la tenue de route reste acceptable et que le vélo reste bien en ligne.

Les cadres pistes sont conçus pour effectuer des efforts brefs et explosifs de fait ils doivent être très compacts. Ils favorisent par cette architecture particulière les séances de « sur-place » pendant lesquelles il faut manœuvrer la roue avant de droite à gauche et inversement très facilement. Ce n’est pas ce que l’on demande à un vélo de route qui, au contraire ne doit pas « guidonner » … Autre point à vérifier : la possibilité de percer la fourche pour y installer un frein avant … C’est obligatoire aux yeux du code de la route et le fait de rouler en l’absence de frein sur un vélo urbain est passible d’une amende … Certains pratiquants que je connais n’ont pas échappé à la punition … Il existe malgré tout des solutions dans le commerce avec des systèmes de freinage qui s’installent sur la fourche sans avoir à la percer …

Alors voilà le cadre que nous avons sélectionné. Il s’agit d’un modèle en tubes allégés avec des raccords propres et des pattes « Vitus » … Le truc à savoir pour déterminer la qualité d’un cadre qui risque d’être repeint et sur lequel on ne voit plus aucune étiquette mentionnant les matériaux utilisés, est de regarder si les pattes forgées sont signées (Campa, Vitus, …). Il y a fort à parier que le fabriquant qui a soudé de telles pattes ne l’aura pas fait sur des tubes de chauffage central.
Notre cadre acheté sur le « Bon coin » nous a coûté 10 € … Au passage on a récupéré des freins, une tige de selle, une selle Rolls sympa, un guidon et une potence, un pédalier, axes et direction, … PAr contre comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous il y a du boulot …

Pierre s’est mis au travail… Il a tout démonté pour mettre le cadre à nu … Il a ôté toutes les butées de câbles soudées, il a scié la fixation de dérailleur sur la patte arrière en laissant la partie « signée Vitus » … Le cadre a été gratté, les trous de passages de câbles rebouchés à l’étain, le tout a été poncé … L’ensemble est parti en peinture. Vous pouvez vous arranger avec un carrossier qui passera votre cadre en même temps qu’une voiture ou encore le confier à une entreprise qui possède une cabine de peinture comme nous l’avons fait ou encore le faire vous-même avec une bombe de peinture pour carrosserie.
Voilà pour la partie cadre … à suivre :
- Le remontage du cadre
- La modification des roue pour en faire des roues de fixies (xes et pignons) …
- Les différents pas de vissage … boîte de pédalier, pédales, …
Patrick