Ceux qui roulent beaucoup, longtemps et souvent, savent à quel point le rôle du “chamois” est primordial dans l’écosystème du cycliste. Cet “insert”, “pad” ou “peau”, se niche à l’intérieur du cuissard, au contact direct du postérieur. Il protège des agressions causées par la selle et des frottements incessants que le pédalage provoque.
Puisqu’ Elastic Interface est leader dans le marché des “protections pour les vêtements de cyclisme”, nous nous sommes intéressés à leur gamme de produits et sommes partis à la recherche du chamois, cet équipement aussi discret qu’indispensable, si proche de nous, mais tellement mystérieux de par ses composants hautement techniques et les savoir-faire nécessaires à sa réalisation.
Made in Italy
Elastic Interface est une marque du groupe industriel multinational CyPad, leader du marché en matière de chamois. Mais si Elastic Interface est une production 100 % italienne, le groupe fabrique aussi les produits Berenis en Croatie avec un excellent rapport qualité-prix et Bikepad au Mexique, principalement pour le marché Nord-Américain.
En équipant tout ou partie des cuissards de marques comme Adidas, Assos, Café du Cycliste, DHB, Fizik, Giro, Gore, Montura, Ozio, POC, Rapha, Specialized… il y a fort à parier que la marque Elastic Interface, à votre insu ou non, soit déjà présente dans votre placard.
Le logo aux deux flèches qui s’opposent est facilement identifiable, aussi bien systématiquement en incrustation à même les peaux de la marque, que sous forme d’une petite étiquette visible à l’extérieur du cuissard, beaucoup de marques misant sur la renommée d’Elastic Interface pour donner un attrait supplémentaire à leurs produits.
Il faut dire que, pour ceux qui s’intéressent aux peaux comme à l’une des caractéristiques essentielles de la qualité d’un cuissard (traduisez : ceux qui font au moins 10.000 km par an et/ou qui passent plus de 6 heures sur leur selle par sortie), la réputation des chamois Elastic Interface n’est plus à faire : confort, ergonomie, durabilité bien sûr, mais aussi absence d’irritations ou de problèmes cutanés sont souvent liés à la qualité des peaux et des innovations technologiques, comme par exemple la mousse Hybrid Cell System (HCS), un matériau à cellules mixtes qui fournit un retour élastique unique et qui, plus dense et plus fin, permet au cuissard de sécher plus vite lors des “arrêts/lavages express” en ultra-distance.
La catégorie “Crossover”
À Bike Café, où nous sommes justement adeptes de gravel et de longue distance, nous nous sommes particulièrement intéressés aux peaux “for road and off road use” comme les qualifie Elastic Interface. Beaucoup de chamois dans cette catégorie Crossover, aux caractéristiques de versatilité et de confort, conçus spécifiquement soit pour femmes soit pour hommes, pour toutes les pratiques situées entre tout-terrain et route.
Beaucoup de choix donc, car beaucoup de densités différentes de mousses, de positionnements dans les cuissards et autres caractéristiques, selon que l’on pratique des sorties “race” (jusqu’à 6 heures) ou “ultra” (sept heures ou plus), qu’elles soient orientées touring, gravel ou bien longues distances.
Cette impressionnante diversité recouvre des conceptions extrêmement diverses, car adaptées aux spécificités d’une pratique, d’un sexe ou d’une position sur le vélo. Aussi, des mousses de différentes densités et en différentes couches sont superposées et positionnées précisément, pour s’adapter au mieux à la situation et rendre le cuissard plus confortable à porter.
Montura, la marque italienne qui monte, qui monte
Pour illustrer notre sujet sur les chamois d’Elastic Interface nous avons choisi un équipement que nous avons eu l’opportunité de tester : le cuissard Montura Up Braces Ciclista de chez Montura. Marque italienne spécialiste de la montagne et centrée dans un premier temps sur le monde du VTT, Montura s’ouvre désormais au vélo de route. Nous avons ici affaire à une marque peu connue, avec des productions de qualité et un fort potentiel de développement : exactement comme Bike Café !
Dans ce cuissard, la peau “Adriatico HD Men” (voir illustration plus haut) a été spécialement conçue pour le gravel, puisque orientée “route” mais avec une position du corps légèrement plus haute. Ainsi, la zone du périnée et celle des ischions sont équitablement protégées par des mousses de densités différentes. Le placement du pad dans le cuissard est aussi particulièrement étudié pour cette position, car même un excellent insert, mal positionné, peut transformer une sortie en véritable cauchemar…
Pour un ride avec toi, je mettrai du Montura, pour un ride…
C’est parti pour un premier essai au bord des Marais du Petit Clar, aux portes d’Arles, entre Camargue et Crau. On y trouve des monotraces qui serpentent au bord des étangs et des pistes de planches au cœur de la ripisylve, cette forêt caractéristique des zones inondables.
Au centre de la peau “Adriatico”, conçue pour des sorties moyennes (jusqu’à six heures de vélo), un canal central est censé soulager la pression de l’urètre, favoriser la circulation sanguine et réduire les engourdissements. Bien sûr, je n’ai pas encore pu tester le cuissard sur plus de 80 km, mais je connais bien ma selle et je porte de nombreux modèles de cuissards. Je constate que celui-ci se fait parfaitement oublier, ce qui est exactement ce que l’on demande à un bon cuissard : même neuf, il n’occasionne aucune gêne, la répartition des pressions est neutre. Il n’entrave pas le pédalage. La coupe est “regular”, la jambe est longue, mais sans excès.
À l’instar du pad, perforé pour une meilleure respirabilité et un séchage rapide, les bretelles, le dos et des pans latéraux du cuissard sont aussi micro-perforés. C’est un bon point, mais qui réserve cet équipement à un usage d’été ou de demi-saison. Il est certain que cet automne, grâce à une météo clémente dans le sud de la France, j’aurai le temps de tester longuement cet équipement que je m’approprie déjà…
Avec ce cuissard équipé Elastic Interface (et plus globalement cet ensemble Montura), la qualité est au rendez-vous, avec des finitions soignées : revers silicone au bout des manches et des jambes, coutures plates, tissus solides et très agréables à porter.
Sur le jersey, on retrouve les deux mêmes tissus noirs que sur le cuissard, le mesh perforé et un tissu plus brillant et soyeux, mais ici associé à une troisième matière, grise et gaufrée, très agréable sur la peau. La coupe est regular, voire même décontractée. L’esthétique est sobre, presque austère. le bicolore tri-matière noir/gris y est peut être pour quelque chose, mais l’inscription “Ergonomic Equipage” à la verticale entre les deux omoplates apporte une touche à la fois originale et stricte, avec sa typographie sans serif un peu technoïde.
On a bien affaire à un ensemble conçu et fabriqué en Italie du Nord, à Trente, sur les versants Alpins, l’ADN de la marque, c’est les vêtement d’alpinisme et de haute montagne, et ça se voit. Mais où on perd en fantaisie, on y gagne en détails techniques, comme avec les multiples éléments réfléchissants, indispensables lors des sorties nocturnes, ou la poche en filet au dos même du cuissard, qui permettra de ranger contre ses reins des accessoires qui resteront ainsi discrètement calés sous le jersey.
Les chamois, d’accord… mais la crème ?
Ceux qui roulent vraiment longtemps et vraiment souvent le savent : pour une pratique intensive sur plusieurs jours sans irritations ou infections, il faut bien sûr un bon insert, mais on peut utiliser en complément une “crème de chamois”, qui contribue nettement à prévenir les problèmes et à améliorer le confort en selle. Beaucoup d’excellents produits existent déjà sur le marché ; encore un sujet peu souvent abordé dans la presse spécialisée, et qui pourrait faire l’objet d’un prochain article ? À suivre…
Infos et contacts
Les cuissards Montura – de 46 à 165€
Bonjour Dan et Bike Café
Merci pour l article qui s attaque à un sujet souvent peu traité qui est l assise sur le vélo et la relation entre le pilote, la selle et le cuissard. En allant sur le site d Elastic Interface on observe un volume de Pad assez conséquent …….presque difficile à s y retrouver et trouver Pad à son fessier. Y aura t il une suite à cette article avec un retour d expérience sur le produit en test et éventuellement un ou des tests sur la gamme EI même si effectivement EI équipe des marques qui se différencient par des apports techniques différents ?
Un petit plus sur la crème de chamois serait aussi une suite intéressante parce que peu évoquée dans la presse ou médias. Mais je dois aussi en louper…..
Merci à l équipe de Bike pour cet article et les autres qui sont toujours de belles suggestions pour faire évoluer sa pratique.
Bonjour Pierre,
Plusieurs mois après avoir écrit cet article et plus de 10.000 km supplémentaires assis sur des peaux Elastic Interface, je reste du même avis : Difficile d’être déçu par ces produits, qui se révèlent toujours être confortables et durables.
Bien difficile par contre d’évaluer si une référence est meilleure qu’une autre, je dirais plutôt que mes préférences vont aux peaux les plus fines car elles sèchent plus vite, ce qui est un avantage en longue distance si on doit laver un cuissard rapidement entre deux étapes. Ce sont aussi les peaux les plus fines que je préfère porter en terme de ressenti, pour le contact avec la selle et l’impression de perdre moins de puissance. En ce qui concerne les surfaces de contact, ma préférence va vers les peaux alvéolées ou côtelées plutôt que les peaux lisses, mais ceci reste une appréciation… tout à fait subjective !
Merci de nous lire,
Dan
Très intéressant comme article 🙂
J’ai plusieurs cuissards (à pas chers) donc sans EI, mais depuis que je les utilises monter sur le vélo pour 2, 3 voir 4 heures n’est plus une torture, bon sur la fin je commence à chaque fois à faire de la “marmelade de fessier” mais ça retarde très nettement cet effet. 🙂
Alors le jour où j’aurions des brouzoufs, j’essaierai un cuissard équipé EI 🙂
A propos, oui je suis intéressée par un article sur les crèmes, car même avec mes cuissards, au niveau du haut des cuisses c’est parfois un peu irrité, et donc je recherche une solution 🙂
Ça ne fait que moins de 2 mois que je lis votre super blog, donc je vois que j’ai encore beaucoup à rattraper 🙂
Bonjour AnDroKtoNe,
Je vous encourage vivement à acheter un cuissard avec une peau de bonne qualité car si vous allongez les distances et multipliez les heures en selle avec des cuissards premier-prix, vous risquez des problèmes cutanés : boutons, petites infections, échauffements, micro-blessures… qui, à terme, vont être douloureux et vous handicaper pendant la pratique. Effectivement, l’une des différences entre les peaux de qualité et les premier-prix, c’est la qualité des tissus et leur propriétés anti-bactériennes. Certes, la crème de cuissard est un auxiliaire précieux, en diminuant les échauffements et surtout en “rafraîchissant” le cuissard sur des épreuves d’ultra-distance lorsqu’on doit remettre le cuissard plusieurs jours d’affilée sans le laver, mais rien ne vaut, “en amont”, une peau de qualité.
Si les échauffements que vous décrivez persistent, je vous conseille en complément de cet article celui que j’ai consacré au choix de la selle : https://bike-cafe.fr/2018/11/choisir-sa-selle-de-velo-comment-proceder/
Merci de nous lire,
Dan