Chez Castelli, il y a un savoir-faire et une vraie culture de l’innovation. J’ai eu la chance de rouler avec un ensemble Castelli composé d’un maillot Endurance Pro, un cuissard Free Aero, un base layer Pro Issue sans manches, un gilet Aria gris, une veste Emergency 2 noir, le tout agrémenté d’une paire de mitaines et de chaussettes. Bref, une très belle dotation pour laquelle je devais faire honneur à l’Italie. J’ai en effet participé à l’Ultradolomitica. Une fois rentré, c’est à ma nouvelle région (le Nord), que j’ai offert ce petit rayon de soleil sur un BRM1000 du Cyclo Club d’Orchies (du Nord aux vallons de l’Orne et retour en pignon fixe). Pour finir, mon périple s’est terminé sur la côte normande le reste de l’été. Récit d’un test longue durée…
Crédit photos : Paolo Gamelli et Camilla Pini (action).
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Un peu d’histoire
Castelli est une de ces marques qu’il n’est pas nécessaire de présenter. Néanmoins, ma curiosité m’a poussé à faire quelques recherches pour savoir d’où elle venait. Elle me semblait tellement greffée au cyclisme, sans savoir depuis combien de temps et sans connaître ce qui en a fait sa réputation. Vittore Gianni commença dès les années 1870 à réaliser des tenues pour cyclistes et pour quelques clubs de foot également. Au début des années 1900, c’est Alfredo Binda (5 Giro au palmarès) qui a été équipé par Vittore Gianni. Compte-tenu du succès de l’entreprise artisanale, le businessman Armando Castelli, acquiert l’entreprise en 1930. En 1939, la société compte parmi ses clients Bartali et Coppi, rien que ça. C’est son fils Maurizio qui donne son nom de famille à l’entreprise, créant ainsi une marque en même temps qu’un logo : le fameux scorpion.
L’innovation du scorpion
Ce n’est que le début en réalité ! Il s’en suit un formidable enchaînement d’innovations. Le Lycra est très tôt utilisé dans le cyclisme par Castelli. Beaucoup de marques suivront. En 1981, les premiers shorts en couleurs sortent, alors que toute l’industrie du vélo les réalise en noir. Deux années après, Castelli développe un processus qui permet d’imprimer des marques sur les shorts et maillots… En 1983, Castelli développe un maillot coupe-vent qui gagne la Flèche Brabançonne, sur les épaules de notre Nanard national. En 1984, Francisco Moser gagne Paris-Roubaix avec un maillot thermique. Et je pourrais continuer comme ça encore un bon moment. Il ne faut pas oublier non plus que Castelli a connu quelques revers de fortune (malgré l’unanime Gabba) et a été sauvé par Sportful. D’autres exemples d’innovation de Castelli sont dans les lignes qui suivent. Des innovations que nous utilisons à chaque fois que nous roulons, sans qu’il y ait un petit scorpion dessus. Notre collègue Laurent avait réalisé un test approfondi de nombreuses pièces textile de la collection hiver Castelli.
Entre Dolomites et vallon de l’Orne
Pour poser le cadre de l’Ultradolomitica sur les routes des Dolomites, il faut savoir qu’il s’agit d’une course de 695 km pour 18000 m de D+. La première fois que je m’y étais rendu, j’avais arrêté les hostilités au bout de 370 km à cause d’un pied en feu. J’étais incapable de pouvoir remettre ma chaussure. Il faisait 43 degrés dans la vallée. Cette année, les conditions étaient meilleures : plus proches des 35 degrés dans l’ascension de la Passo Manghen, du froid la nuit, pas de pluie, du brouillard juste après le check-point de Agordo dans la Passo Duran. Sans parler de la longue et glaciale descente de la Passo Fedaia.
Pour le BRM 1000 en pignon fixe, c’est une autre histoire : il faisait bon au début et à la fin. Au milieu, un déluge nous a trempé jusqu’aux orteils ou presque en arrivant à St Lô. La nuit fut agrémentée d’un bon crachin des familles qui nous a accompagnés dans la traversée de l’Orne et de l’Eure. Je vous épargne l’humidité des forêts traversées durant la nuit.
Voilà l’éventail des conditions complètes qui m’ont permis de tester l’ensemble la panoplie.
Qualité de premier ordre
Toutes les pièces constituant ma panoplie respirent la qualité. Les finitions sont propres, pas de fils qui pendent. Machine après machine, les logos et les élastiques tiennent. Il y a une continuité entre les matériaux utilisés et l’assemblage des pièces qui apporte beaucoup d’effet seconde peau. Les couleurs n’ont pas bougé non plus. Je n’ai pas ressenti d’odeur nauséabonde de transpiration, même après une utilisation prolongée. Il y a dans chaque pièce suffisamment d’élasthanne (19% dans le maillot, 7% dans le baselayer et 23% dans le chamois) pour apporter du confort.
Lorsqu’on les porte, vous sentez que chaque vêtement s’adapte à votre corps, et non l’inverse. Et là je dis bravo ! Les coupes sont clairement ajustées. Je n’ai pas du tout un gabarit de grimpeur (181 cm et 75 kg) et clairement une taille L pour le cuissard aurait été plus judicieuse. Le chamois n’a pas bougé d’un iota, malgré les longues heures passées sur la selle (Infinity ou pas d’ailleurs). Pour chacune de ces pièces, on ressent tout de suite le caractère « près du corps ». J’utilise volontairement cette expression plutôt que « aero », « fitté » ou « coursier / racy » pour reprendre l’anglicisme, afin de ne pas vous effrayer. Et sincèrement ce n’est pas ce que j’ai ressenti, d’autant que chez Castelli, il y a une gamme orientée course. Dans mon cas, c’est le côté proche du corps que je retiens.
Ce qui m’a agréablement surpris, c’est la manière dont les pièces sont assemblées les unes aux autres. Par exemple, pour le maillot endurance, les empiècements des manches sont pris quasiment entre le cou et l’extérieur de l’épaule. Cela a pour effet d’inclure le mouvement du bras dans le mouvement de la manche, et ainsi de ressentir une sacré liberté de mouvement. Pareil pour le cuissard : je n’ai jamais ressenti une différence de forme entre le chamois et le cuissard : l’ensemble est cohérent. Le gilet coupe-vent est proche du corps sans être compressé contre votre poitrine ou vos hanches. Les épaules sont suffisamment élastiques, pour ne pas voler dans le vent et faire flap-flap comme un drapeau ! Bref, ça sent bon le savoir-faire… Si Vittore Gianni était encore de ce monde, il reconnaitrait sans doute une certaine patte dans la couture de ces modèles. Rassurez-vous, les fonctionnalités ne sont pas mises de côté pour autant.
Le style, oui mais pas que !
Le maillot
Prenons le maillot Endurance Pro. Trois poches arrières, une fermeture centrale et une petite poche fermée par un zipp cachée derrière la poche arrière droite (photo ci-dessous). Castelli n’est pas le seul à le faire, mais clairement cela fait partie des détails fonctionnels qui nous aident quand on part sur une longue journée. Le col du maillot monte suffisamment haut pour protéger le coup. Il ne s’agit pas d’un maillot hiver, donc pas trop haut non plus pour mieux respirer. La largeur du col ne vous étrangle pas non plus la gorge, quand vous le fermez entièrement. Ouf ! La matière est bien choisie : je n’ai pas eu besoin d’ouvrir mon maillot en pleine ascension sous le soleil italien. Il y a plusieurs matières : sur les bras c’est fin, au niveau des aisselles une pièce a été ajoutée pour laisser toute l’amplitude nécessaire.
Le confort est franchement excellent. C’est une coupe avec des matières très bien choisies et placées aux bons endroits. Dans la descente en journée, je n’ai jamais eu froid malgré la sueur et l’humidité. Les poches arrières, de taille standard, vous permettent de glisser classiquement des barres, téléphone, CB et autres. En bas du dos, un empiècement supplémentaire est ajouté qui est fini côté intérieur par une matière silicone, pour que le maillot ne remonte pas. Je possède des maillots, vestes et sous-maillots qui avec la transpiration ne sentent pas la rose, si vous voyez ce que je veux dire… Ce n’est en aucun cas ici la même chose, même après une utilisation prolongée. En revenant à Vittorio Veneto, point de départ de la course italienne, je me sentais sale, mais je ne sentais pas mauvais. En tout cas en revenant tard dans la nuit, je n’ai réveillé personne, ce qui me semble être un critère tout à fait objectif ! Côté taille, je porte du M habituellement et j’ai retrouvé mon aise avec ce maillot. C’est une valeur sûre, que l’on trouve sur le marché au prix de 109 €. 1-0 pour Castelli, qui marque le premier point.
Le gilet coupe-vent
Le gilet coupe-vent Aria s’est montré très efficace. La coupe est suffisamment proche du corps, pour faire barrière et ne pas prendre le vent. Vous ne faites donc pas un boucan du diable en descendant un col, ou lorsque le vent se joue de vous. Il se replie sur lui-même, dans sa poche arrière, et tient dans une poche de maillot. Vraiment riquiqui (la taille d’une cannette de 15 cl max quand il est compressé) et très light (80 g, cf. photo). Le col monte plus haut que celui du maillot : super pour les descentes. Le seul reproche que je lui ferais est que le zipp ne fonctionne pas en double sens. Il est déjà excellent, mais là je l’aurais encensé ! C’est le genre de coupe-vent facile, que vous pouvez utiliser dans toutes les pratiques cyclistes.
Le cuissard
Passons au cuissard : le Free Aero. Je l’ai porté 50 heures de suite pour sa première utilisation sans me blesser. Je ne l’avais essayé que dans ma chambre, mais en aucun cas sur mon vélo. Si la taille avait été trop petite, ce que j’ai craignais au début, j’aurais trop ressenti les coutures ou me serais senti trop serré au niveau des cuisses. Cela n’a pas été le cas. Cela confirme que les matières employées possèdent une vraie souplesse et que l’assemblage des pièces qui composent le cuissard sont judicieusement placées pour ne pas gêner les mouvements. Ce qui me fait dire que la taille au-dessus m’aurait mieux convenu, ce sont les plis (genre moustaches) au niveau de l’entrejambe à droite et à gauche.
Ensuite, les bretelles étaient un chouïa trop courtes et je ressentais leur pression au niveau des trapèzes. Elles sont très légères : vous ne les sentez pas (cf photos). Ensuite dans le bas du dos se cache une petite poche qui vous permet de ranger une ou deux cartes par exemple. Pour la peau de chamois mon constat est le suivant : certains des cuissards que j’utilise, se marient mieux avec certaines selles plutôt que d’autres. Exemple : je me sens mieux avec mon cuissard Endura sur ma selle Gebiomized, qu’avec mon cuissard Katucha.
Je me suis senti mieux avec ce cuissard Castelli sur ma selle Spécialized Romin et ma Selle Italia Flite Boost, que sur ma Gebiomized. Allez savoir pourquoi ? Je ne fais que le constater par mon utilisation. Pour terminer sur le cuissard, la matière jumelée aux seulement 5 pièces de tissus qui composent le cuissard, procure un effet seconde peau vraiment unique en son genre. L’absence de silicone à l’intérieur en bas du cuissard, donne une impression de légèreté et sans trop de pression. Côté usure : rien à signaler, pas la moindre trace d’usure au niveau du cuissard après ce long test. Mon seul regret sur ce cuissard, c’est la place de l’étiquette ! Elle est sur le côté extérieur cuisse gauche. Mais pourquoi la mettre là ? C’est le lieu où votre jambe bouge pas mal et évidemment les frottements existent, mais quel scorpion a piqué le designer ? S’il vous plait, placez votre étiquette dans le dos et dans tous les cas enlevez-la…
La veste
Je termine avec l’Emergency jacket. Je l’ai utilisée dans les descentes de col, à plus de 2000 m d’altitude, de nuit pour ne pas avoir froid. Sous une pluie normande elle avait fière allure, ainsi que dans un crachin du nord qui dure, dure et dure encore. Elle m’a tenu chaud en montagne de nuit sans pluie, elle ne colle pas aux avants bras, propose une très bonne étanchéité, que ce soit pour un crachin ou une bonne averse. Elle est relativement compacte pèse 200 g et se range dans une poche de maillot.
Ce n’est pas la plus compacte que je connaisse, mais pour une veste avec une membrane de 2,5 couches, et un imperméabilité à une colonne d’eau de 10000 mm d’eau et 140 € c’est un très bon produit. De la même façon que pour le coupe-vent, je lui rajouterais un zipp double sens, un col qui vient prendre le haut du cou, et plus de pièces réfléchissantes que celles déjà présentes. Elle ne se fait pas sentir. Elle est suffisamment ample (la coupe est plus large que le gilet coupe-vent) pour permettre d’avoir une ou deux épaisseurs en dessous. La coupe est suffisamment proche du corps, pour bouger facilement descendre les bras en bas du cintre sans avoir les manches qui remontent à mi bras. Il y a aussi suffisamment d’aisance au niveau du torse pour respirer normalement. Elle est plus longue dans le dos (cf photo).
Le reste
Gants et chaussettes étaient à la hauteur de cette dotation. Un bon point pour les gants équipés de gel qui amortissent les vibrations du guidon.
Pour conclure
Je n’avais jamais porté, ni même acheté, un vêtement Castelli avant cet essai. Je dois admettre qu’il y a un vrai savoir-faire couturier sur l’ensemble des pièces que j’ai portées et usées. Ce n’est pas le tout d’avoir de beaux tissus et de bonnes matières, mais s’ils sont assemblés dans le désordre ça ne donne rien. Ici, il y a un chef dans la cuisine et ça se ressent. Cette gamme de produits m’a fait découvrir Castelli et son univers. Je n’ai pas roulé plus vite (et ce n’est pas la promesse de la marque), mais le soin apporté aux coupes et aux matières choisies s’est fait clairement ressentir dans ma pratique. J’aurais pu être seulement conquis par le style, comme j’ai pu me laisser convaincre par d’autres marques, mais ce n’est pas seulement ça. Le style chez Castelli ce n’est pas seulement le scorpion : c’est la coupe qui suit le mouvement : bravo !
Maillot Castelli Endurance Pro : 109,95
Cuissard Castelli Free Aero : 179,95 €
Veste Castelli Rain Emergency : 149,95 €
Gilet Castelli Aria : 84,95 €
Gants : 39,95 €
Chaussettes : 17,95 €
Il est bon de rappeler que Castelli fabrique ses tenues en Europe et même pour certaines pièces en Italie. Pour ceux que le réchauffement climatique préoccupe…
Oui, vous avez totalement raison. Merci de l’avoir rappelé !