Marque de référence dans le domaine du vélo de course et du VTT, Assos Of Switzerland hésitait jusqu’alors à développer des produits adaptés aux pratiques préférées de Bike Café : gravel, bikepacking, longue distance.
Mais les Suisses semblent avoir franchi le Rubicon : ils proposent depuis le printemps dernier une collection gravel, dont une tenue été que j’ai testée avec curiosité.
Voici maintenant qu’une veste , la Löwenkralle (Löwenkralle signifie griffes de lion en allemand), vient compléter cette collection… L’été indien qui a perduré en novembre, puis la chute brutale des températures en décembre, m’ont permis de tester cette veste dans les conditions les plus variées sur deux mois de sorties route et gravel. Je me suis jeté dans les griffes du lion !
Mille GTC Löwenkralle C2, niche écologique et aire de répartition
La veste Löwenkralle est présentée sur le site web d’Assos simultanément dans la collection « Mille / Comfort Series » et sur la page « Gravel Collection ». On est donc clairement sur un produit typé « aventure », puisque la collection « Mille / Comfort Series » est dédiée à des équipements d’endurance, aux coupes classiques et épurées. La « collection gravel », pour l’instant, ne fait qu’emprunter des pièces à la collection « Mille », et quelques autres tirées de la collection “All-Mountain Series” (nom de la collection VTT chez Assos).
Diversité des espèces (de tissus)
Retrouvez la liste des cadeaux en cliquant ici … Le jeu se termine le 31 décembre 2022.
Au déballage, je dois dire que cette veste est tout simplement… Belle !
Les panneaux avant sont composés d’une double-couche : à l’extérieur, un nouveau tissu lisse, coupe-vent et déperlant, nommé « Pave » par Assos, qui le décrit comme très solide, offrant une protection contre les broussailles et répondant ainsi aux exigences de la pratique du gravel. Si j’ai pu vérifier l’efficacité de ce tissu pour couper le vent et arrêter la pluie, j’avoue que je n’ai pas osé me jeter dans les broussailles… Comme quoi, je recule parfois devant certains sacrifices, il ne faut tout de même pas exagérer !
Le tissu intérieur qui double les panneaux avant est le « Breath », un tissus « micro-3D » à pastilles blanches, très respirant et isolant. Pour le dos, Assos à choisi un tissu hautement élastique, et pour les manches le “3RX Evo », une sorte de polaire à la fois chaude et respirante. On a donc affaire à une veste qui, malgré sa compacité et sa sobriété visuelle, mobilise pas moins de quatre tissus aux propriétés hautement techniques, chacun avec des spécificités propres. Cette débauche de technicité et de mailles n’est pas un vain effort ou un vil discours commercial, mais permet bel et bien de proposer une veste très polyvalente, comme nous le verrons plus bas !
Parade diurne, vision nocturne
Donc cette veste Löwenkralle s’annonce à la fois belle et efficace… au grand jour.
De nuit, par contre, même si les fines bandes noires sur fond noir qui soulignent l’arrière des avant-bras et barrent les clavicules sont très efficaces, même si le fameux logo Assos situé au milieu des reins est très visible, il n’y a pas assez de marquages réfléchissants dans le dos à mon goût ; et ce n’est pas le très fin liseré qui termine le bas de la veste qui suffira pour rouler sur la route en toute sécurité de nuit ou dans des conditions de brouillard ou de grosse pluie.
Pour ma part, j’aurais ajouté des bandes comme celles des avant-bras sur l’arrière de la veste…
Je suppose qu’il s’agit là d’un choix délibéré de la marque suisse, qui maîtrise parfaitement ce type de détails techniques. Comme pour le sublime cuissard Mille GTO C2 que j’ai testé récemment, l’arbitrage a favorisé une sobriété élégante plutôt qu’une absolue visibilité « tout-temps ».
Animal social
Assos est une marque d’excellence, réputée pour des vêtements hautement techniques, luxueux, conçus pour des cyclistes exigeants en quête de performance. À ce titre, la plupart des pièces de la collection route taillent serré, pour des physionomies longilignes et athlétiques.
Dans la plupart des marques, avec mes 66 kg pour 1,72 m, je suis toujours « placé » entre deux tailles, en général entre S et M. Quand les marques et/ou les collections sont positionnées « loisir » ou « endurance », je me glisse sans problème dans du S. Chez Assos, même dans la gamme Mille (la gamme « endurance »), il me faut du M ; mais la coupe de la Löwenkralle me sied tout à fait.
Pascal Colomb, un ami cycliste de très bon niveau et spécialiste du « sourcing » dans l’univers vélo, connaît très bien les produits Assos ; il me parle de leur maîtrise en ce qui concerne la spécificité et la technicité des tissus :
« Chez Assos, sur la plupart des mailles, ils tissent de façon à obtenir une élasticité unidirectionnelle. Par exemple, sur un maillot, tu auras l’élasticité latérale pour l’aisance du port, mais pas verticale de sorte que si tu as les poches arrières chargées, tout le dos reste en place et ne s’étire pas vers le bas ».
C’est visiblement réussi avec cette Löwenkralle, dans laquelle je me sens à mon aise, et qui conviendra je le pense aux corpulences les plus variées… c’est un très bon point pour cette veste, et je le note dès le premier essayage.
Polyvalence : l’art de l’assemblage et du multicouche
Pendant les deux mois de test, j’ai eu la chance de confronter la Löwenkralle à des variations de températures et de météo les plus diverses : soleil, pluie, mistral… et des températures de 4 à 18°C. J’ai adoré réaliser ce test, car la polyvalence de la Löwenkralle face à cette large plage de températures s’est révélée parfaite, aussi bien sur route (où sa coupe près du corps n’attrape pas le vent) qu’en gravel (où sa rusticité la rend tout à fait pertinente).
Le fait de pouvoir l’utiliser comme un jersey d’hiver ou de demi-saison, en “couche 2” par dessus un baselayer, ou alors en “couche 3” par dessus un baselayer et un jersey à manches longues, offre de multiples possibilités. On pourra, en fonction de la température, l’associer à des baselayers plus ou moins chauds, des jerseys à manches longues ou courtes (dans ce cas de figure, l’utilisation du polaire 3RX Evo bien isolant qui compose les manches prend tout son sens !)… Par contre, il faut bien connaître les autres vêtements avec lesquels on la combine pour, tel un maestro, choisir les bonnes pièces en fonction des prévisions météo !
Pour schématiser, je dirais donc : de 4 à 8°C, j’ai utilisé la Löwenkralle avec un baselayer d’hiver et un jersey manches longues. De 8 à 12°C, un simple baselayer d’hiver sous la Löwenkralle. De 12 à 15°C, j’ai porté sous la veste un baselayer d’été avec un jersey manches courtes.
Et entre 18 et 20 degrés ? Et bien, pas de problème, on ouvre la veste, et on roule décontracté, baselayer à l’air !
Bien sûr, il y a des nuances à apporter à ces exemples, en fonction de l’intensité de l’effort, de l’état de fatigue, des facteurs « aggravants » (nuit, pluie, vent)… Mais je ne doute pas que les heureux propriétaires de Löwenkralle, pour peu qu’ils soient cyclistes expérimentés et qu’ils connaissent bien leurs différents hauts, auront tôt fait de savoir la combiner avec le reste de leur garde-robe !
Et les poches, M’sieur Assos ?
Lors de mon test de la tenue GRVL Cross-Over, j’avais déploré l’absence de poches dorsale du jersey Mille GTC C2. Je remarque avec étonnement que la Löwenkralle en est dépourvue également… à part sa petite poche zippée sur le côté au niveau du flanc gauche, exactement au même endroit que celle qui équipe le jersey Mille GTC !
OK, cette poche latérale est un peu plus grande que celle du jersey, j’y glisse même mon smartphone sans problème (encore que je n’ai pas un smartphone très volumineux), alors que celle du jersey n’accueille au mieux qu’un trousseau de clés. Mais imaginez : si vous utilisez le combo jersey Mille GTC C2 + veste Löwenkralle, vous risquez d’avoir le peu d’objets portés sur vous frottant l’un sur l’autre, puisque les deux poches se superposent !
Bon, il y a bien la poche dorsale interne qui sert à loger la veste (comme un K-Way) mais elle sera difficile d’accès lorsque la veste est fermée.
Collée au guidon, pas au cycliste
L’idée de balader sa veste fixée au cintre lorsqu’on ne l’a pas sur le dos est une bonne idée, et c’est un usage parfait pour les sorties à la journée, lorsqu’on ne sait pas vraiment à quelle sauce météo on sera mangé. Mais en bikepacking, si on a une sacoche de cintre, il faudra user de ruse et de persévérance pour trouver où accrocher la veste.
Bien sûr me direz-vous, on a des sacoches ! Il faudra donc réserver une place pour la veste dans le bikepacking… ce qui est logique et normal après tout. Ceci dit, il est un peu dommage qu’Assos ne nous fournisse pas avec cette belle veste une petite sangle réglable, qui aurait pu se fixer en diagonale à deux « boucles à cintre » de la veste, ce qui aurait permis de transporter la Löwenkralle à la ceinture, comme une banane, ou en bandoulière, comme une musette.
Certains diront que je chipote, mais cela aurait, pour un encombrement et un surcoût de fabrication dérisoire, ajouté une fonctionnalité supplémentaire à cette veste déjà très fonctionnelle par ailleurs !
Löwenkralle : Assos se taille la part du lion
Avec la Löwenkralle, aucun cycliste n’aura plus d’alibi pour tourner comme un lion en cage lorsque la météo sera mauvaise. Il pourra, fort et brave comme un lion, partir sur la route et les chemins toutes griffes dehors, pour peu qu’il combine judicieusement cette veste ultra polyvalente et pratique avec le reste de sa panoplie cycliste.
Certes, cette veste est chère, mais je considère qu’elle vaut son prix, tant elle est conçue avec soin et qu’elle répond à des situations extrêmement variées. Il n’y aura guère que les jours de canicule et lorsqu’il gèle que vous la laisserez à la maison.
Avec la Löwenkralle, Assos signe un produit majeur, qui s’inscrit parfaitement dans sa collection Gravel, encore assez succincte, mais définitivement prometteuse… Car il ne manquerait pas grand-chose pour compléter cette collection et lui donner le volume et la légitimité qu’elle mérite !
Par exemple, je me prends à rêver d’un gilet isolé hyper-compact et d’une veste de pluie tout aussi compacte et respirante, adaptés au bikepacking, d’une casquette belge (pour le fun !)… Ah, si j’avais l’opportunité de murmurer à l’oreille d’Assos !
Les points forts de la Löwenkralle :
Élégante, polyvalente, compacte, robuste
Mes regrets :
Pas de poches dorsales, manque de visibilité sur le dos en nocturne,
Pas de sangle optionnelle pour un port à la ceinture ou en bandoulière
Bonjour et merci pour cet article intéressant sur la polyvalence de cette veste et qui, du coup, fait mieux passer le prix !
Au fait rien à voir mais tu est content de ta Brooks et puis je trouve ton cintre bien sympa !
Bonjour Jérôme,
Oui la Brooks et le H-Bar Caminade sont d’excellents périphériques 🙂
Pour en savoir plus, en particulier sur le H-Bar : https://bike-cafe.fr/2022/12/reportage-48h-en-immersion-dans-lecosysteme-caminade/
Bonne année !