Les constructeurs se sont tous donnés le mot : entre 32 et 38 mm de largeur de pneumatiques, les vélos d’endurance 2024 ont adopté des gros “boudins” tubeless, épicés à la sauce préventif. Il y a de quoi rendre dingue un cyclosportif “old school” en quête d’un nouveau vélo. Les cyclistes venaient tout juste de convenir que les pneus de 28 étaient peut-être mieux pour eux que les 25. Ils avaient eu du mal à l’admettre et “paf”, ça bouge une nouvelle fois ! Cette inflation de millimètres, sur la section de leurs pneus, risque de les rendre fous.
Voilà l’histoire d’un vélo classé “X”, qui brave les interdits.
Ce nouvel article est la suite de celui que j’avais publié en septembre, intitulé “Le gravel nous rend flou“. Vélos d’Endurance ou de Gravel, j’espère qu’après la lecture de ces deux sujets vous pourrez faire votre choix. Depuis la rentrée automnale, une avalanche d’annonces rend le choix encore plus difficile.
On ne peut pas s’empêcher de penser que cette quête d’élargissement des passages de roues, la largeur de celles-ci et que tous les “add-ons” destinés à apporter du confort, apparaissent pour faire vendre de nouveaux vélos. Le mont clé du marketing est “le confort”… L’arrivée du disque avait déclenché une première vague d’achats de vélos complets ; est-ce que cette deuxième vague, encore plus iconoclaste que la première, produira un nouveau renouvellement des machines ? Le vélo léger, rigide, reposant sur de petits pneus avec chambres à air, durcies par 8 bars de pression, a rejoint le musée du vélo. Dans les pelotons bariolés des “CRIT” du dimanche matin on en parle : “Jusqu’où vont-ils aller avec la taille des pneus ?” Jusqu’à présent, pour beaucoup de cyclistes, le modèle était simple : leur vélo devait être le même que celui du champion, ou à la limite lui ressembler à quelques grammes près. Aujourd’hui, ils ne savent plus quoi choisir : un modèle “X”, symbole d’un usage croisé, un gravel léger ou encore un modèle endurance, avec des passages de roues généreux ? Finalement, est-ce que tout ce marketing un peu “brumeux” n’est pas en train de converger vers une tendance qu’il convient d’appeler “All-road” ou “X-Road” ?
On a mis la gomme
Et si le passage de roues plus permissif sur les châssis des vélos était lié à l’énorme progrès des pneumatiques et l’intérêt du montage tubeless ? C’est un peu l’œuf et la poule. Qui a commencé le premier, entre la taille des pneus et celle des passages de roues élargis ? Je me souviens de l’arrivée révolutionnaire des pneus Compass, baptisés par la suite René Herse, distribués par 2.11 Cycles. Le champion est le modèle Bon Jon Pass, en 35 mm, qui affiche un poids de 350 g et qui a été adopté par les amateurs de longue distance. Les manufacturiers importants du monde des pneumatiques, voyant le marché du vélo se développer, sont de retour sur ce segment qu’ils avaient délaissé. Pirelli, Goodyear, Michelin… revenus des circuits de vitesse, se sont remis à penser vélo et proposent désormais une offre riche, bénéficiant des recherches issues de la compétition auto et moto.
Vous trouverez sur notre site de nombreux articles consacrés aux pneumatiques et notamment celui-ci concernant la tendance “semi slick”. Le montage en tubeless venu du VTT a apporté ses vertus au monde de la route et encore plus au domaine du gravel en plein essor. Moins de pression, moins de crevaisons, plus de confort et, de façon surprenante pour beaucoup, une performance qui ne s’en trouve pas dégradée. Par approches successives, la taille des enveloppes a pris du millimètre et aujourd’hui il semble acquis que le 32 mm serait le point de départ du compromis idéal entre confort et performance, comme j’ai pu le vérifier lors de mon test du GIANT Defy ou comme sur le Lapierre Pulsium que nous vous avions présenté en mai dernier.
Randonneuse de papa, tapis volant et avion de chasse
N’est-on pas en train de voir revenir aux goûts du jour le concept de la “randonneuse de papa” ? Évidemment, le marketing ne choisira pas ce vocable pour parler de ces nouveaux vélos. Il préférera le mot “All-road” comme l’a choisi par exemple Lapierre et son modèle Pulsium Allroad. Ça peut se comprendre, car cela conviendra mieux au marché à l’international, mais c’est surtout que ces vélos ne se résument pas à randonner.
Le vélo All-road qui revendique plus de confort n’est pas pour autant un “tapis volant”. Cette image, destinée à appuyer la communication sur le confort des vélos, a fait son temps. Soyons réalistes et éloignons-nous des légendes des “Mille et une nuits”. Un vélo All-road est un compromis qui a des limites. Pour des objectifs particuliers, il faudra envisager de faire appel à un “Monster gravel” ou un VTT, comme on le constate sur les course d’Ultra en bikepacking.
Est-ce que le All-road, tellement proche d’un vélo de course, pourrait être considéré comme un avion de chasse, capable de faire sauter des KOM ? Faut pas pousser non plus. En observant sa géométrie, on imagine la position du “pilote” plus relevée. Ce n’est pas un Rafale, mais plutôt un Alpha Jet. En effet, on ne peut nier que la recherche de performance est bien présente dans l’ADN de ces vélos All-road, il suffit pour s’en assurer de peser les cadres inférieurs au kilo et d’admirer leurs formes aero.
Alors finalement oui, le All-road rassemble dans un seul “corps” une partie des ces qualités : polyvalence, confort et performance. Un peu randonneuse, un minimum “Fly carpet” et également un “chasseur” pacifique, capable de vous faire découvrir l’ivresse de la vitesse. Ses missions sont élargies à la randonnée en bikepacking léger, aux sorties gravel sur les pistes et aux cyclosportives de plus en plus hors routes ainsi que le gravel race. C’est un vélo qui repousse la segmentation qui fait vendre. Le marketing vélo ne serait-il pas en train de perdre les pédales ?
Quelques vélos All-Road testés en 2023
Dans cette catégorie au sens large, qui oscille entre Gravel et Endurance, voici quelques vélos que nous avons pu tester. En 2024, la liste va sans aucun doute s’allonger.
Dans ce segment là , le Scott Addict Gravel est top aussi
Finalement, mon addict gravel de 2018… cyclo-cross ‘badgé’ gravel revient à la mode…où comment faire du neuf avec du vieux.
Je confirme … mon test de 2016 m’a laissé de bon souvenir. J’ai même fait la 1ère édition de la gravel du Roc d’Azur avec https://bike-cafe.fr/2016/10/devenir-addict-au-gravel-bike-avec-scott/