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Alexendera, une indienne sur le sentier du gravel

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Alexendera
Alexendera

Texte rédigé par Fabian Tilquin pour le Comptoir du gravel et publié avec son accord sur Bike Café.

J’ai découvert Alexendera cette année sur la Dirty Kanza XL, bien que déjà en 2018, elle s’était distinguée en remportant le Tour Divide. Ce qui a attiré mon œil cette année, est le fait qu’elle ait décidé de rouler en singlespeed. À l’heure de la sophistication, de l’électronique et de l’avènement des vélos électriques, la simplicité d’un vélo à deux pignons (un devant, un derrière) m’émeut de plus en plus. D’autant plus lorsque ces vélos permettent des performances, qui sont très loin d’être à des années-lumière des vélos équipés avec les évolutions les plus à la pointe.

Un personnage hors norme

Ce qui frappe en premier chez Alexendera est son physique ; bien loin des athlètes affutées au moindre gramme près, elle a des formes un peu partout. À 18 ans (elle en a aujourd’hui 29), elle pesait près de 140 kilos. Aujourd’hui encore, son docteur la trouve obèse, lui enjoignant de perdre une bonne dizaine de kilos (elle en déjà perdu près de 60). Elle refuse de se soumettre à ces chiffres ; elle ne se laissera pas réduire, même si avec ses 178cm et ses plus de 80 kilos, elle en impose.

Alexendera
Alexendera roule avec ses incroyables chaussures montantes

Ce ne sont ni ses mensurations, ni même le sang indien qui coule dans ces veines, qui vont la définir, la circonscrire. Alexendera est une punk, qui n’accepte pour seule limite la liberté que dame Nature met à sa disposition. Il faut voir ce qu’elle emmène dans ses bagages pour comprendre que ce ne sont pas que de jolis mots. Pas de tente, pas de bivy, pas de matelas, mais un simple sac de couchage d’été (18°). Elle ne s’inquiète pas trop des intempéries (pluie ou neige qu’importe) ; elle se fait confiance, se disant qu’elle trouvera toujours bien quelque chose (un pont, une cabane…) sur son chemin. Et puis, quand on a roulé 20 heures, on s’endort n’importe où, dit-elle avec son énorme sourire. Dame Nature est son amie ; il n’y a pas lieu de s’inquiéter.

Malgré des performances remarquables, elle peine à trouver des sponsors ; son physique ne l’aide pas ; certains ont peur des réactions du type « Si c’est pour faire autant de sport et toujours ressembler à ça, non merci ». Elle ne ressemble pas assez à un cycliste. Bienvenue dans le monde fabuleux du paraître et des apparences. Et puis Alexendera, elle n’est pas trop « Réseaux Sociaux ». Facebook, Instagram, Twitter, très peu pour elle. Son vieux téléphone à clapet lui convient à merveille. Elle tient malgré tout un petit blog, où elle couche ses réflexions et ses expériences ; c’est beau à en pleurer, et si vous maîtrisez suffisamment la langue de Shakespeare, je vous invite chaleureusement à vous y attarder.

Elle arrive à dégotter 2 sponsors : Chumba, une petite société qui fabrique artisanalement des cadres en acier et titane, et Broken Spoke Bike Studio, un vélociste très actif. Deux acteurs très modestes du monde du vélo donc, mais qui ont l’avantage de ne rien lui imposer. Avec Alexendera, la liberté ne se monnaye pas.

Son histoire

Elle commence le vélo pour vélotafer ; un jour, son vieux Schwinn qu’elle a repeint en violet lui est volé. Alexendera est fauchée (la vie est rarement facile quand vous êtes issue d’un tribu d’indiens d’Amérique) ; elle achète le vélo le moins onéreux du premier magasin venu pour pouvoir rentrer. Il se fait que c’est un pignon fixe sans freins. Elle s’en aperçoit après coup ; le mal est fait ; elle devra se débrouiller avec pour effectuer les 2 fois 15 kilomètres de son trajet quotidien. Un ami cycliste est vite impressionné par ses prouesses ; elle quitte son job à l’hôpital universitaire pour un job de coursier à vélo, qui sied plus à son besoin de liberté. Elle enchaîne ensuite les petits boulots, le plus souvent en lien avec le vélo. Son premier amour de vélo s’appelle Kathleen, un Surly Krampus. Grâce à lui, elle renoue avec son corps, si longtemps objet de sa haine et du dégout des autres. Elle retrouve l’amour de soi.

Elle découvre naturellement les courses ultra. Et après quelques années de vélo, elle a une idée très précise de ce qu’elle veut ! Devenir une athlète, elle, la fille obèse, elle sera un jour une athlète. Elle le dit, le revendique. Cela prendra du temps mais elle y arrivera. Lorsqu’elle doute, lorsqu’elle a l’impression de stagner ou pire de reculer, elle se rappelle d’où elle vient, elle repense à sa tribu du « Fond Du Lac Band of Lake Superior Chippewa », qui a résisté à travers les siècles par sa faculté à ne jamais abandonner. Il reste très peu de tribus, mais celles qui ont survécu ont toutes un point commun : dans les pires adversités, elles ne se sont jamais permises de lâcher prise, d’abandonner. Après un premier échec sur le Tour Divide, elle en vient finalement à bout après 45 jours avec Kathleen, son Krampus.

Enfiler les « miles », seule avec elle-même, puisant toujours plus loin dans ses ressources, la réconcilie non seulement avec son corps, mais également avec sa tête. Elle avoue avoir rater un nombre incalculable d’examens lorsqu’elle était à l’école. Le raisonnement est simple ; si malgré avoir un jour pesé 140 kilos, elle peut maintenant enchaîner les kilomètres à vélo et même à pied (elle a terminé un marathon), il n’y a aucune raison pour qu’elle ne réussisse pas l’école.

Alexendera
Les cheveux sont également libres la plupart du temps ; le casque est souvent en option !

Aujourd’hui, Alexendera vient de gagner pour la deuxième année consécutive le Tour Divide dans sa catégorie, ce qui est une première.

Avant de parler des chiffres qui sont très impressionnants, il me faut d’abord vous parler de son vélo et de son équipement. Comme déjà évoqué, il s’agit d’un Chumba monté en Singlespeed ; plus précisément, c’est un cadre titane, fourche carbone avec un pédalier de 36 dents monté avec une cassette de 19 dents. Alexendera roule en pédales plates, chaussée de grosses « boots », qui ne sont absolument pas destinées au vélo, et encore moins à de l’ultra.

Alexendera
Le vélo d’Alexendera

La liberté est un leitmotiv ; hors de question pour elle d’être attachée, fut-ce par les pieds. Les cheveux sont également libres la plupart du temps ; le casque est souvent en option ! Alexendera ne veut pas être un exemple, un modèle. Alexendera n’est pas une icône, mais un personnage naturel, au sens premier du terme. Elle ne veut pas se « déguiser » pour monter sur un vélo. Pas de cuissard, pas de textile technique, pas de mérinos.

« Je ne veux pas me changer à chaque fois que je monte sur un vélo ; je préfère dépenser mon argent pour acheter de la nourriture. Je suis une étudiante fauchée … »

Les chiffres à présent : 4340 kilomètres pour plus de 45,000 m de D+ avec un passage à plus de 3,600m d’altitude (

Les chiffres à présent : 4340 kilomètres pour plus de 45,000 m de D+ avec un passage à plus de 3,600m d’altitude (bikepacking.com), le tout en moins de 19 jours (18 jours, 20 heures et 26 minutes pour être précis). Cette année, elle a établi le record de l’épreuve dans la catégorie « Woman Singlespeed », se classant 2ème dans la catégorie « Singlespeed » et 16ème au général.

 ), le tout en moins de 19 jours (18 jours, 20 heures et 26 minutes pour être précis). Cette année, elle a établi le record de l’épreuve dans la catégorie « Woman Singlespeed », se classant 2ème dans la catégorie « Singlespeed » et 16ème au général.

Alexendera a réussi, elle qui a passé la majeure partie de sa vie à échouer (école, boulot, amour), elle a réussi ; elle est enfin douée dans quelque chose.

Mais ce n’est qu’un début, et son prochain défi est plus beau encore ; aller à l’université pour devenir dentiste. Dans les réserves indiennes, les dentistes sont une denrée rare.

Bonne chance Alexendera !

Et merci pour l’inspiration ; je crois que je vais rebaptiser mon Dad et ses belles pédales plates rouges 😊

Quelques mots volés sur son blog pour terminer :

« Je ne garde rien pour plus tard. Quand plus tard arrive, j’ai toujours quelque chose à lui donner. Je ne planifie rien ! Je me dis que je trouverai bien quelque chose quand j’y serai. Où que ce soit ! »

Fabian Tilquin

Est-ce vraiment dans l’esprit Gravel ?

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L'esprit du vélo
Zwift l'esprit du vélo

Est-ce vraiment dans l’esprit Gravel ? On a le droit de se poser la question ..

Certains se moquent de Patrick, dès qu’il évoque le fameux “Esprit Gravel”. Consciencieux jusqu’au bout et amateur du “fact checking“, j’ai mené l’enquête … Sur Bike Café, dans la barre de recherche si vous entrez le mot “esprit”, pas moins de 14 pages sortent dans les résultats. Évidemment, je vous invite à lire cet article fondateur pour la rédaction. L’esprit est un concept important pour Bike Café. Pas toujours bien compris par les lecteurs, pas toujours bien utilisé non plus par la rédaction, “L’esprit gravel” devient une expression valise, que l’on vous sert parfois trop facilement (entre nous hein, ne le répétez pas à Patrick). C’est aussi une façon rapide de s’identifier à une communauté. Il y a #ceuxquisavent ce que sous-entend l’expression “Esprit Gravel“, et les autres.

Les tables tournent … les roues aussi

Entre nous toujours, je peux vous révéler que parfois Patrick ne fait pas qu’évoquer “l’Esprit Gravel”, il l’invoque. Les comités de rédaction peuvent ressembler à cela (Patrick est celui qui a un noeud papillon avec l’air grave(l) (on ne le refait pas).

L'esprit du vélo
Esprit es-tu là ? …

« C’est pas dans l’esprit ! …»

C’est la phrase que l’Esprit m’a rétorqué, lorsque j’ai proposé un sujet sur Zwift ou Peloton en comité de rédaction. Puisque nous en sommes aux confidences :

  1. je soupçonne Patrick d’influencer l’Esprit (le corrompre ?)
  2. voici en quelque-sortes la réaction unanime des rédacteurs, une levée de boucliers :
L'esprit du vélo
D’après Astérix

Tel Obélix, j’ai foncé dans le tas, avec finesse, j’ai rappelé que Zwift et Peloton levaient des fonds plus vite que nous nos boucliers, qu’il me semblait important de faire preuve d’esprit d’ouverture, que l’esprit d’entreprise n’est pas mort et que les amateurs de home trainer du XXIème siècle méritaient un billet dans Bike Café, parce qu’après tout, ils pédalent eux aussi.

J’ai enfin compris la différence entre Zwift et Swiffer

À propos de levées de fonds, deux articles, parus coup sur coup, m’ont alerté. L’excellent magazine, outsideonline, a publié ce billet le 19 juin 2019 et le vénérable Bloomberg en a parlé ici avec une interview du CEO début mai 2019. Bon par contre, faut dire à la dame qui pédale derrière, que ça ne fait pas aller plus vite de dodeliner sur la selle, Mike Myers aurait osé…

… pas moi.

Si vous faites partie des lecteurs de Bike Café, on peut penser que vous êtes plus ou moins accroc à votre vélo. Vous appréciez votre vélo comme outil d’évasion, outil pour prendre l’air, pour découvrir votre région, voir le monde. Qu’il soit gravel, vtt, route ou fixie, vous aimez poser vos fesses sur votre spad pour sentir le vent dans les cheveux, l’air frais de la rosée dans vos narines, la douce chaleur d’un rayon de soleil sur votre peau au petit matin. Vous aimez aussi probablement la notion d’effort que ce mode de déplacement induit. Atteindre le sommet et son panorama n’est que magnifié par les tours de pédales consentis pour y parvenir.

Le vélo est aussi un formidable moyen de se couper du monde, de laisser derrière soi les tracas du quotidien pour se concentrer à 100% sur sa trajectoire, sa sortie, son itinéraire. Se concentrer sur soi également. Ses sensations, sa respiration, écouter son corps, ses jambes. Souvent, le mot vélo se conjugue aussi avec la bande de potes. Se retrouver, discuter, se tirer la bourre, s’attendre, se filer un coup de main, crever, galérer, cela fait également parti de l’expérience vélo.

À propos de potes, avez-vous déjà tenté d’en inviter un(e) pour une sortie rapide, un matin d’hiver, pour rouler 1h/1h30 avant d’aller au bureau ? N’avez-vous jamais reçu comme réponse « C’eut été avec plaisir, mais là, le froid, la nuit, je vais me faire un coup de Zwift » ?

Confidences toujours, à prime abord, je ne comprenais pas la réponse. Quand on me disait Zwift, dans ma tête j’imaginais :

Main d'oeuvre as chère pour ramasser la poussière ... Ce n'est pas Zwitf ni Swiffer
Main d’oeuvre as chère pour ramasser la poussière … Ce n’est pas Zwitf ni Swiffer

Je me disais donc, « ha ok », voilà un homme moderne, qui fait sa part du boulot à la maison, il va s’occuper du parquet et du carrelage avant d’aller bosser. Je ne vais pas le blâmer, ni même faire le gros lourd avec une réponse du genre “Allez, viens, on s’en balek du parquet, tu t’en occuperas plus tard »

Quand j’ai compris (18 mois après donc), la différence entre Zwift et Swiffer, j’ai trouvé cette réponse « rouler chez moi » plutôt triste. Triste parce que le vélo pour moi c’est me dépenser dehors avec mes potes. “dépenser dehors” pouvant être remplacé par “promener”, “découvrir”, “explorer”… les potes jamais bien loin, dehors toujours.

Les enfants sont une bonne solution de repli

Et oui, en bon père de famille égoïste, je me suis tourné vers mon fils, ado de 13 ans. Je lui ai offert un vélo plus que correct pour aller rouler, avec moi. Moi qui suis régulièrement et lâchement abandonné par mes potes qui s’entrainent sur Zwift. L’achat fut même une décision collégiale de couple. “Si on peut lui sortir le nez de sa PS4, ça ne lui fera pas de mal. »

Après quelques concessions mutuelles (“On ne part pas avant 9h00” étant la demande de mon fils. “On ne part pas après 9h30 alors …» fut ma concession) Nous voilà donc partis régulièrement sur les routes et les sous-bois d’Ile-de-France. Pour 50/75/100km en fonction de ses envies, sa forme. Kilomètres avalés à son rythme, avec souvent une pause chocolat chaud/croissants au milieu de la sortie. Nous passons de bons moments. Parfois, il ne veut pas venir, il a, me dit-il “Un rendez-vous avec ses copains pour jouer ». Évidemment, je suis fier et heureux de voir que mon fils a une vie sociale, il a des copains, dans ce cas je n’insiste pas. J’ai mis du temps à comprendre (18 mois à peu près) pourquoi quand je revenais de ma sortie vélo matinale, il était encore en caleçon, vautré devant sa PS4.

  • Moi : “T’avais pas rendez-vous avec des potes ce matin pour jouer ?»
  • Lui : “Si pourquoi ?»
  • Moi : “Bah t’es en caleçon devant ta PS4, c’est déjà fini ?»
  • Lui : “Bah, si je joue avec mes potes, la partie est en cours. »
  • Moi :

Rouler indoor, est-ce rouler solo ?

Je vous épargne la question qui vous vient à l’esprit, bande de graveleux, en tout cas, sucer une roue n’a jamais signifié ni tromper, ni tricher. C’est même l’un des joli plaisir du cyclisme outdoor. N’ayant jamais essayé Zwift, ni Peloton je ne peux pas vous dire si rouler en peloton sur Zwift (vous suivez ?) permet de sauver des Watts. Par contre, comme la PS4, ces plateformes réunissent d’énormes communautés. Elles permettent de rouler virtuellement partout dans le monde, avec virtuellement n’importe quel partenaire. À en croire John Foley (CEO Peloton), ses abonnés inter-agissent sur la plateforme, il arrive aussi qu’ils se rencontrent dans la vraie vie “They act like sisters, they met on the plateform 2 years ago, and at Peloton we bring people together […] and that community element is something I did not anticipate ».

Rouler indoor est-ce pour mieux rouler ?

Il convient aussi d’admettre que le home-trainer, quel que soit la forme, Zwift ou Peloton, le bon vieux vélo d’appart ou même une expérience en salle du type Summit, relatée ici est une solution hyper pratique et efficace pour s’entraîner. Une séance d’une heure chez Summit (pour ce que je connais), est bien plus efficace qu’une sortie de 2 heures dehors sans coach. Comme le mentionne l’article d’outdoor online “Tim “Bacon” Searle, an amateur cyclist based in New South Wales, Australia, reached a considerable milestone : he became the first person to ride more than 100,000 kilometers (62,000 miles) using Zwift, the online cycling platform. That’s one and a half times around the earth, without ever leaving his home, since October 2015, when he was laid up after a bad crash. Searle now rides on Zwift so much—around 24 hours a week, often early in the morning »

24h/semaine, c’est environ 3,5h/jour. En cherchant bien, on a tous 2 ou 3 heures/jour pendant lesquelles on pourrait pédaler (au diable la poussière sous le canapé dans ce cas). Dans le cas d’une pratique outdoor, ces 3 heures par jour deviendraient 2,5 heures maximum effectives sur le vélo, 2 heures maximum d’entrainement utile.

Évolution de la société

La Play Station de mes 20 ans, était aussi sociale que le nombre de manettes de jeu que la console pouvait accueillir, on y jouait à 2 (parfois 4, mais chacun son tour). Aujourd’hui la PS4, casque vissé sur les oreilles, se joue en bande et en réseau. Chacun chez soi, chacun sa pizza.

Évidemment, à l’heure du tout, tout de suite, où je veux, comme je veux, aucune raison que le fitness ne soit pas impacté. D’ailleurs ces plateformes sont au fitness ce qu’est Netflix à la télé. Eric Min, le fondateur de Zwift, le dit très bien dans cet article :

I want the same thing from fitness that I get from other services, whether it’s packages from Amazon, movies from Netflix, or music from Spotify. I want it available 24/7, conveniently delivered to my home. » Aussi comme le dit Eric Min dans cet article, le vélo est l’activité sportive qui se prête le mieux à une conversion digitale :

I can’t think of another sport that has been so viably recreated in digital form. Wii tennis ? Nah. Virtual golf ? Meh. »

On pourrait penser que l’aviron par exemple s’y prête pas mal. Probablement ! Sauf que l’aviron se pratique sur un plan d’eau plat, sans dénivelé et c’est tout de même moins populaire que le vélo.

Le Home trainer, une solution parfaite ?

Non évidemment. Sauf à préférer respirer une odeur de pieds plutôt que celle de la terre humide à l’automne. Non, parce que le sens de la trajectoire, du terrain, le “toucher de route” ne s’acquiert que dans la vraie vie. Le vélo est silencieux et furtif. Quand un peloton passe devant une terrasse bondée, les discussions ne s’interrompent pas, couvertes par le bruit des rayons qui fendent l’air. Le Home trainer, le galet, qui tourne fait un bruit de machine à laver. Installez votre système au-dessus de la chambre de vos voisins, je parie qu’avant d’avoir parcouru 20 km virtuels, vous aurez un texto des voisins demandant de déplacer la machine à laver.

Enfin un autre point non négligeable, c’est l’aspect financier. Sous couvert de “c’est pas cher” quand on y regarde de plus près, ces services et abonnements coûtent une fortune. Le fameux hashtag sur instagram #oustideisfree deviendrait quoi avec Peloton ou Zwift #hometrainingisfuckingexpensive ?

À en croire ces articles proposés par Bloomberg et outside magazine (et ce billet dans une certaine mesure, toute modestie mise de côté) les réponses négatives à mes invitations de sorties hivernales et matinales risquent d’être encore plus fréquentes. Pour ma part, je n’ai pas encore franchi le pas de rester au chaud. J’ai adoré mon expérience chez Summit, pour l’efficacité de l’entraînement notamment, la présence du coach qui encourage, motive, pousse, aussi, mais je préfère encore être dehors, voir et sentir mon environnement, prendre l’air donc.

Par contre, avant d’écrire ce billet, je considérais ces solutions de home training avec un certain dédain, je vous propose d’en reparler dans 5 ans, le temps que je mette quelques $$ de côté.

Finalement, encore une fois ce qui est différent n’est pas forcément moins bien, ce n’est  non plus pas forcément mieux, ces pratiques sont complémentaires. Dans le même esprit (j’étais obligé) ce n’est pas la peine de se précipiter aveuglément sur tout ce qui est nouveau, à l’inverse, refuser le changement et les évolutions risque de vous laisser sur la bas côté, on disait tout ceci ici aussi.

Pour conclure ce billet, si l’on considère que rouler sur home-trainer c’est rouler, alors je vais simplement remettre ici la conclusion du billet “Esprit es-tu là ?» dixit Laurent « Finalement c’est ça l’esprit gravel, chacun y met ce qu’il veut, c’est la liberté de rouler partout tout le temps. Je vous kiffe … »

Je vous laisse, mon fils à faim, je vais lui chercher une pizza sur mon vélo.

PS1 : l’interview de John Foley, à 4 min 26sec, ce qui se passe en arrière-plan est tout de même très gênant

PS2 : pour les bilingues, ou très bon en Anglais, vous pouvez écouter ce podcast, toujours sur Bloomberg “The Strange world of virtual bike races » – tout un programme- ; des points intéressants sont mentionnés à propos de Zwift ou Peloton, comme étant aux portes du marché du e-sport qui pèse des Milliards de $$, comme une façon de promouvoir le sport féminin, entre autres.

Il n’y a pas de PS3 et pour le PS4 demandez à mon fils …

1 4 6 5 … 2.11 Cycles prend la route

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1 4 6 5 de 2.11 Cycles
1 4 6 5 de 2.11 Cycles

Vous connaissez tous j’imagine la petite marque 2.11 Cycles (prononcer « To Eleven Cycles ») qui a eu le culot de sa lancer dans la production de cadres et de vélos montés sur un créneau situé entre le sur-mesure et la grande série. Nous vous avons maintes fois parlé de nos expériences vécues sur les MR4 dont le point d’orgue a été l’an dernier le MR4 Tour avec à la clé une totale réussite sur les épreuves majeures du calendrier 2018 : Malteni Bootlegger, Gravel Tro Breizh, French Divide, TCR … Pilotés par des cyclistes chevronnés qui ont osé (sans les à priori que malheureusement on entend trop souvent) tester ces vélos dans les conditions les plus dures. Le MR4 a prouvé, lors de cette expérience en vraie grandeur, son efficacité. Cette fois 2.11 nous propose une nouveau vélo orienté route à l’esprit endurance le 1 4 6 5 … décidément chez 2.11 on aime bien les chiffres.

Le 1 4 6 5, nouveau modèle de vélo de route

Distributeur exclusif des marques René Herse / Compass et Silca, 2-11 Cycles  est aussi une marque de vélos. Lancée il y a 14 mois, la gamme de vélos en acier, d’abord centrée sur une offre All-Road avec les MR4 et MT4, s’enrichit désormais d’un vélo de route équipés de freins à disques, le 1 4 6 5.

Nous avons voulu rester sur un vélo de route mais avec une géométrie confort et endurance. C’est un vélo qui peut s’aligner sur un Paris-Brest-Paris, une Born to Ride. Cela reste un vélo sportif et confortable qui sera très bien également pour les sorties dominicales en club », m’explique Jean-Philippe Feirreira le patron de 2.11 Cycles. Les bases sont courtes, la géométrie est sportive mais avec du confort.

Développé en Auvergne pour proposer un kit cadre conforme à la vision maison d’un vélo de route moderne en acier, le 1 4 6 5 est produit à la main par un artisan à Taiwan. Comme l’ensemble de la gamme le cadre fait usage de soudure TIG et fait l’objet d’un traitement anti-corrosion intérieur/extérieur par cataphorèse. Des choix techniques résolument orientés vers la fiabilité et la durabilité des tubes haut de gamme de faible épaisseurs qui composent l’offre.

1 4 6 5 de 2.11 Cycles
1 4 6 5 de 2.11 Cycles … La finesse des haubans arrières est la signature des cadres 2.11 Cycles

« La finesse de nos haubans arrières devient un peu la signature de nos vélo. Je travaille la géométrie pour rester sur mes 2 tailles pour ne pas avoir 5 ou 6 tailles qui pour moi n’ont pas beaucoup de sens. Pour l’anecdote je répondais à une appel l’autre fois d’un cycliste qui me disait qu’il ne prendrait pas un MR4 car il n’y avait que 2 tailles. En fait ses mensurations étaient pil poil sur la taille S/M d’un MR4, mais comme il n’y avait que 2 tailles c’était pas bien …», explique Jean-Philippe qui continue à lutter contre ces préjugés concernant la taille des vélos. Il y a aujourd’hui 50 vélos 2.11 qui roulent avec des gens mesurant entre 1 m 60 et 1 m 93 et tout le monde est bien posé sur sa machine. Et cette affirmation a été prouvé lors du MR4 Tour avec des coureurs de tailles très différentes.

1 4 6 5 de 2.11 Cycles
Conçu autour de pneus de section 700cx28 et de freins à disques au standard flat mount

En acier Italien Columbus Spirit, le 1 4 6 5 propose une géométrie sportive sans pour autant délaisser le confort et permettre l’utilisation du vélo sur des brevets ou de la longue distance.

Conçu autour de pneus de section 700cx28 et de freins à disques au standard flat mount, le 1 4 6 5 recevra au choix des groupes mécaniques, électriques (Etap AXS, Di2 ou EPS) ou hydrauliques. Avec un peu plus de 1700g sur la balance, le kit cadre affublé des 400 g de sa fourche carbone autorise des montages complets pesant entre 7 et 8,5kg en fonction des composants choisis/

Tarif TTC comprenant un jeu de direction Chris King, les axes traversants et le collier de selle : 1477 euros.

Montages complets à partie de 3390 euros.

Modèle présenté 8390 euros :

  • Groupe Sram Force Etap AXS. Pédalier 46/33 cassette 10/33
  • Roues carbone Tune Airways 41, pneus Compass Chinook Pass extra light 700cx28, chambres à air Silca en Latex + Silca Speed Balance (dispositif d’équilibrage des roues)
  • Guidoloine Silca Nastro Piloti
  • Cintre Ritchey Superlogic Evo Curve
  • Potence Ritchey Superlogic C260
  • Tiges de selle Ritchey WCS
  • Selle Gebiomized Sleak 135
  • Porte Bidons Silca Sicuro Titane x 2
  • Poids monté ainsi : 8200g

Specialized électrise la route avec le Turbo Creo SL …

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Specialized Turbo Creo SL
Specialized Turbo Creo SL

Specialized lance un pavé dans la marre en plein Tour de France en annonçant la sortie de son vélo électrique “light” pour la route le Turbo Creo SL. Pendant la journée de repos les coureurs pros des équipes Deceuninck – Quick-Step et BORA-Hansgrohe ont pu tester ces nouveaux vélos. « Le vélo est vraiment beau. Je pense que pour tous ceux qui ont envie de rouler et de grimper, cela fait une grande différence. Particulièrement pour nous, le jour de repos au Tour, c’est agréable de pédaler librement », déclarait hier  Julian Alaphilippe.

Specialized Turbo Creo SL
Specialized Turbo Creo SL – Julian Alaphilippe

Le Turbo Creo SL est ce qui se fait de plus léger léger aujourd’hui en matière de VAE. Avec 12,2 kg pour la version S-Works Creo SL il devient le champion toutes catégories. Le cadre est fabriqué en carbone FACT 11r et il a été conçu comme le Tarmac, facile en danseuse debout sur les pédales, il s’inscrit aussi facilement dans les virages. La Future Shock 2.0 dotée de son amortisseur réglable suspend le cycliste pour offrir plus de contrôle, de confiance et de confort.

Specialized Turbo Creo SL
Specialized Turbo Creo SL

Un système intégré

Specialized Turbo Creo SL
Specialized Turbo Creo SL

Spé ne trouvait pas sur le marché le moteur qui pourrait convenir à un vélo de route. La marque s’est alors lancée depuis 7 ans dans la recherche elle a fini par développer le sien.
Conçu en Californie et développé en Suisse, le nouveau Specialized SL 1.1 (3) est un moteur ultraléger et silencieux, idéal pour un vélo de route électrique performant.  Il délivre une puissance souple qui donne l’impression de venir directement des jambes du cycliste. Il offre une puissance allant jusqu’à 240 watts qui est synchronisée avec la cadence de pédalage. Sans assistance, le poids de l’ensemble permet d’entraîner le vélo sans aucune difficulté … sauf d’appuyer sur les pédales comme un vélo normal.

Specialized Turbo Creo SL
Specialized Turbo Creo SL – le nouveau Specialized SL 1.1

L’autonomie peut vous emmener jusqu’à 130 kilomètres avec la seule batterie interne (2), le Creo SL vous permet de profiter de la puissance sans vous soucier de la distance. Une batterie auxiliaire (Range Extender) (4), incluse dans la version S-Works et en option sur les autres modèles, fournit jusqu’à 65 kilomètres de puissance supplémentaire. La batterie interne offre 320 Wh, la batterie auxiliaire 160 Wh. La batterie interne de Creo SL peut être chargée en 2 heures et 35 minutes seulement.

Specialized Turbo Creo SL
Specialized Turbo Creo SL – l’ensemble avec la batterie auxiliaire (Range Extender)

Le Turbo Connect Unit (1) situé sur le tube supérieur vous offre tout le contrôle dont vous avez besoin.

Specialized Turbo Creo SL
Specialized Turbo Creo SL – Le Turbo Connect Unit

L’application Mission Control offre un moyen intuitif et transparent de gérer les trois modes d’assistance moteur qui peuvent être réglés pour une puissance adaptée à vos besoins. L’application peut gérer automatiquement l’alimentation de la batterie avec Smart Control. Il suffit de lui donner la distance à parcourir ou combien de temps vous souhaitez rouler, et l’application vous indiquera si vous avez la puissance nécessaire au niveau de la batterie pour y parvenir. L’appli peut enregistrer votre trajet, l’envoyer à des applications tierces et dispose même d’un capteur de puissance intégré qui peut envoyer vos données à une unité principale ANT+. Le Creo SL est livré avec la possibilité d’être connecté, mais fonctionne de manière autonome. La connexion à Mission Control est facultative.

Specialized Turbo Creo SL
Specialized Turbo Creo SL – L’application Mission Control

Une version gravel

Specialized Turbo Creo SL
Specialized Turbo Creo SL – Le cintre Gravel Adventure évasé et rehaussé

Ce vélo est proposé en plusieurs versions et évidemment celle qui nous a attiré est la version plutôt gravel. Le modèle Turbo Creo SL EVO exploite les performances du vélo à assistance électrique en créant de nouvelles opportunités incroyables pour l’aventure et l’exploration. Cette construction polyvalente comprend des pneus Pathfinder de 38 mm, un cintre Gravel Adventure évasé et rehaussé et une tige de selle télescopique. Toutes ces options vont permettent la réalisation de longues sorties gravel, en mode bikepacking léger car le cadre n’est pas équipé de pods de fixation pour un chargement sérieux.

Specialized Turbo Creo SL
Specialized Turbo Creo SL – Un groupe monoplateau Shimano Ultegra Di2 et un dérailleur arrière XT et d’une cassette 11-42t

Sur la base du même châssis carbone Fact 11r et la cartouche Future Shock 2.0 ce modèle montage prêt pour l’aventure. Un groupe monoplateau Shimano Ultegra Di2 et un dérailleur arrière XT et d’une cassette 11-42t équipe également le vélo. Le Creo SL EVO possède des des roues à disque Roval C 38 équipées de pneus Pathfinder Pro 2Bliss Ready de 38 mm. Le cintre Specialized Adventure Gear avec une inclinaison de 12 degrés, la potence Future et la selle Power Sport Body Geometry offrent un meilleur contrôle à cet ensemble polyvalent.

Specialized Turbo Creo SL
Specialized Turbo Creo SL

A noter que le cadre (commun aux différents modèles) permet de recevoir des sections de pneus de 42 mm avec jantes 700C (38 avec garde-boues) et qu’il est compatible avec les roues 650b et les pneus allant jusqu’à 47 mm de section. Les moyeux sont à avant de 12×110 mm et à l’arrière de 12×148 mm.

Les autres modèles

S-works Turbo CREO SL

Specialized Turbo Creo SL
Specialized Turbo Creo SL

Comme tous les vélos S-Works, le S-Works Turbo Creo SL est l’apogée de la gamme. Le châssis FACT 11r est équipé d’une cartouche Future Shock 2.0 avec amortisseur, d’un groupe mono-plateau Shimano Dura-Ace Di2 avec un dérailleur arrière XTR et une cassette 11-42t pour une large plage de développement. Il possède des roues en carbone Roval CLX 50 Disc et des pneus S-Works Turbo de 28 mm. Il est équipé d’un cintre S-Works Carbon Hover, d’une potence S-Works Future et d’une selle S-Works Power Body Geometry. La batterie auxiliaire (Range Extender) est intégrée.

Turbo CREO SL EXPERT

Specialized Turbo Creo SL
Specialized Turbo Creo SL

Le Turbo Creo SL Expert est doté du châssis en carbone Fact 11r et de la cartouche Future Shock 2.0. Un groupe mono-plateau Shimano Ultegra Di2 est couplé à un dérailleur arrière XT et une cassette 11- 42t. Les roues sont des Roval en carbone C 38 Disc et les pneus Turbo Pro 28 mm. Il possède une potence Specialized Future Pro, un cintre Expert Hover et une selle Power Sport Body Geometry

S-works Turbo CREO SL FOUNDER’S EDITION

Le Turbo Creo SL Founder’s Edition est conçu sur la base de la version S-Works, mais le poids total descend à 11,9 kg avec des composants légers : un cintre S-Works Shallow, des pneus S-Works Turbo Cotton 28 mm, une cassette 11-40t XTR, et des roulements Ceramic Speed surdimensionnés. Les logos dorés s’associent avec les axes de roues traversants anodisés or, le support GPS, les galets de dérailleurs et une selle S-Works Power Body Geometry rehaussée de reflets dorés. Pour compléter ce vélo exclusif, Spé inclue un kit personnalisé SL Founder’s Edition Specialized. Seulement 250 Turbo Creo SL Founder’s Edition seront produits.

Des prix qui s’envolent

  • Pour le haut de gamme  : 12 499,90 € de 12,2 kg
  • Le modèle Turbo Creo SL Expert EVO à 13,3 kg : 8 499,90 €
  • Le Turbo Creo SL Expert : 13,1 kg : 8 499,90 €

Van Rysel, les vélos “De Lille”

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Test vélo Van Rysel Decathlon
Test vélo Van Rysel Decathlon

Bike Café se veut ouvert à toutes les catégories de vélos, la preuve : je vous propose aujourd’hui de sortir un peu de l’univers du gravel, pour faire un zoom sur deux vélos de route. Je vais donc vous parler de mon expérience sur les Van Rysel Ultra RCR 900 et 920.

Van Rysel : cette marque ne vous dit peut-être rien ? Pas très étonnant : c’est nouveau ! Cela signifie littéralement « de Lille » en consonance flandrienne, comme l’évoque également le discret logo illustrant le Lion des Flandres.

Test vélo Van Rysel Decathlon
Le discret logo illustrant le lion des Flandres.sur le Van Rysel de Decathlon – photo Laurent Biger

Decathlon, qui a lancé cette marque, ne fait pas disparaître pour autant B’twin qui se positionne désormais plus dans l’entrée de gamme et dans le segment enfants. Les autres marques du groupe sont Rockrider pour les VTT et Triban pour le cyclotourisme et le gravel (que nous avons testé précédemment). La marque Van Rysel se destine plutôt aux cyclo-sportifs.
Je vous invite à partager mon expérience à travers les 600 km parcourus sur les deux premiers modèles homme de cette gamme. Une semaine sur chaque modèle m’a permis de cerner leurs caractères durant un séjour sur les bords de la Loire, avec comme camp de base Saumur.

Van Rysel Ultra RCR AF 105 900

Mon premier test d’une semaine a commencé par le modèle le moins onéreux, baptisé « ULTRA RCR AF 105 » sur le site officiel, complété par « 900 » sur certaines documentations. Ce modèle, qui introduit la gamme Van Rysel, s’affiche à 1000 euros sur le site de Decathlon. À savoir que la collection Van Rysel s’étend jusqu’au « Ultra RCR CF SUPER RECORD », fleuron de la gamme qui avoisine les 5000 euros.

Test vélo Van Rysel Decathlon
Van Rysel Decathlon ULTRA RCR AF 105 – photo Laurent Biger

Comme toujours chez Decathlon, l’équipement n’est pas en reste, même sur un vélo de course à 1000 euros. On retrouve la dernière version R7000 du groupe 105 de SHIMANO. Une valeur sûre, efficace et fiable, qui n’est pas fréquente dans cette gamme de prix. Côté roues, ce sont les Aksium de MAVIC, tout comme les pneus de 25 mm. Les périphériques, tous en aluminium, sont issus de la banque d’organes Decathlon (badgés B’twin, ou Van Rysel comme la selle et sa tige).

Test vélo Van Rysel Decathlon
Les périphériques, tous en aluminium, sont issus de la banque d’organes Decathlon (badgés B’twin, ou Van Rysel comme la selle et sa tige) – photo Laurent Biger

Vous l’avez deviné, dans cette gamme de prix, nous sommes bien sûr en présence d’un cadre en aluminium, avec freinage classique à patins. Homologué UCI, ce cadre a une géométrie finalement assez classique. On devine en l’observant plus attentivement les formes travaillées, censées apporter du « flex » dans certaines zones, et de la rigidité latérale dans d’autres. La fourche est en carbone, avec cependant un pivot en aluminium.
Pas d’innovations particulières à mon sens, même si Decathlon communique sur le concept « Evo Vario » de ce cadre…

Test vélo Van Rysel Decathlon
La finition est correcte et dans la moyenne, même si la peinture n’est pas très valorisante dans cette livrée noire et grise – – photo Laurent Biger

La finition est correcte et dans la moyenne, même si la peinture n’est pas très valorisante dans cette livrée noire et grise : ni mate, ni brillante, ce vélo ne fera pas tourner les têtes au comptoir de Bike Café.
Pour le poste de pilotage, la guidoline est de belle facture, et le routage (en partie interne) des gaines est très bien réalisé. Un soin appréciable dont la concurrence dans cette gamme de prix ferait bien de s’inspirer.

En selle, la première sensation ne se fait pas attendre : dès les premiers kilomètres, je constate un étonnant confort. Cela faisait longtemps que je n’avais pas enfourché un vélo chaussé en pneus de 25 mm gonflés à 7 bars et je dois dire que j’ai été agréablement surpris par la qualité de filtration de cadre. En y regardant de plus près, c’est vrai que les bases ne sont pas des plus courtes pour la catégorie. Ce qui laisse fort logiquement suggérer un pouvoir déformant sur cette partie arrière, qui se confirme donc à l’essai. Le triangle avant est lui plutôt « ouvert », avec un angle de direction fait d’un compromis entre vivacité et stabilité, avec une prédominance pour ce dernier néanmoins.

Test vélo Van Rysel Decathlon
Plusieurs sorties à la suite entre 60 et 140 km dans cette magnifique région, propice à la pratique cyclable – photo Laurent Biger

Après une première sortie consacrée aux habituels réglages de hauteur et de recul de selle, et de potence, j’entre rapidement dans le concret avec plusieurs sorties à la suite entre 60 et 140 km dans cette magnifique région, propice à la pratique cyclable. La qualité du confort est réellement confirmée, tout comme la stabilité, et la facilité générale de ce vélo.

Cependant, je n’arrive pas à emmener durablement ce Van Rysel à bon rythme. Mes relances s’estompent (trop) vites et je peine à maintenir mes moyennes habituelles sur parcours plats (même si je suis clairement un grimpeur, c’est bien vrai…). Mes doutes s’orientent sur les roues, que je trouve flottantes dans les relances, et également dans les rares descentes rapides que j’ai pu faire. Un manque cruel de rigidité dans les relances et un manque de précision dans les descentes caractérisent ces Mavic Aksium, que je me permets d’affirmer après avoir pu tester le grand frère de ce vélo, bien mieux loti comme nous le verrons par la suite. Alors j’entends déjà certains clamer qu’à ce prix-là, on ne peut pas tout avoir ! Certes, mais nous sommes là pour relever ce qui est bien et ce qui l’est moins, quel que soit le montant.

Test vélo Van Rysel Decathlon
Les relances et un manque de précision dans les descentes caractérisent ces Mavic Aksium – photo Laurent Biger

À l’usage, nous avons donc un vélo confortable, mais pas assez dynamique pour s’auto-proclamer « cyclo-sportif ». Ce qui m’amène à une autre remarque : au vu finalement de la clientèle visée par ce Van Rysel à budget très serré, pourquoi ne pas l’avoir doté d’un pédalier de type compact en lieu et place du semi-compact 52 – 36 dents ? Car associé à la cassette en 11 -28 dents, ce montage semi-compact, résolument cyclo-sportif, va éloigner les pratiquants qui n’ont pas (encore) forcément le niveau physique d’amener un 52 – 36 en montagne. C’est à mon sens dommage, un compact 50 – 34 aura élargi le champ d’actions de ce modèle, tout en le rendant surtout plus accessible.

Van Rysel Ultra RCR AF ULTEGRA 920

Test vélo Van Rysel Decathlon
Le RCR AF ULTEGRA 920 est équipé des roues Mavic Cosmic Élite et de la dernière version en daye du groupe Ultegra de Shimano – photo Laurent Biger

Son grand frère, l’Ultra RCR AF ULTEGRA 920, reprend donc le même ensemble cadre et fourche, en y associant les même périphériques, hormis la selle, une Fisyk Antares. Le groupe est donc la dernière version en date de l’ULTEGRA du japonais SHIMANO. Autres « up-grade » et pas des moindres : tout en restant chez MAVIC, les COSMIC ELITE UST remplace avantageusement les YKSION.

Test vélo Van Rysel Decathlon
Équipé des roues Mavic Cosmic ELITE UST – photo Laurent Biger

Comme leurs noms l’indique, elles sont bien Tubeless et dispose déjà du fond de jantes adéquate installé (un changement de chambre à air suite à une crevaison m’a permis de vérifier ce point). C’est un argument de plus pour cette version, qui est loin d’être le seul comme nous allons le voir ensemble.
La finition est équivalente, bien que dans cette livré bleu et noire, ce Van Rysel est bien plus valorisant…

Test vélo Van Rysel Decathlon
Les relances en danseuses mettent en avant la belle rigidité de ces MAVIC COSMIC Elite – photo Laurent Biger

En revanche, sur la route, c’est le jour et la nuit ! Si la qualité de filtrage des irrégularités de la route est globalement équivalente, le comportement dynamique du vélo est bien plus enjoué. Et c’est donc bel et bien les roues du modèle précédent qui plombaient son comportement. Sur cette version à 1400 euros, l’ensemble est bien plus cohérent avec la vocation cyclo-sportive affirmée de Van Rysel. Les relances en danseuses mettent en avant la belle rigidité de ces MAVIC COSMIC Elite, et permettent de maintenir assez aisément une belle moyenne. Une légère inertie très agréable sur des parcours plats ou vallonnés. Leurs hauteurs de 30 mm semblent être le bon compromis pour ce vélo qui dans cette version est apte à s’aligner à la cyclosportive locale. De ce fait, le choix de la transmission, avec un pédalier semi-compact 52-36 entrainant la cassette de 11-28 est cohérent avec l’ambition de viser un public déjà sportif dans cette gamme. Le groupe ULTEGRA, valeur sûre, est évidemment sans reproches, et permet aussi (aidé par les roues) de gagner 500 gr.

Pour conclure

En conclusion, ces deux vélos que je croyais initialement proches, sont finalement assez éloignés. Le premier a pour principales qualités son prix et son confort. Le deuxième ajoute à ces deux arguments une cohérence de montage qui lui permet réellement de se revendiquer cyclo-sportif. Vous l’avez compris : le surcout, hormis le (faible) gain de poids, est justifié. À mon sens, c’est même cette version qui devrait ouvrir la gamme Van Rysel, et non pas la version vendue 1000 euros qui risque surtout d’entacher l’image en pleine construction de Van Rysel.

Voir les Van Rysel sur le site de Decathlon

 

Socrate à vélo

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Socrate à vélo - Guillaume MArtin

Dimanche 30 juin 2019, Warren Barguil remonte telle une fusée sur Guillaume Martin, sur les 100 derniers mètres du Championnat de France. Guillaume avait-il course gagnée ? La preuve que non, il se fait reprendre et termine 7ème. Guillaume Martin est-il dégoûté ?Même pas, il se fend d’un tweet philosophe quelques minutes après l’arrivée : “Repris à même pas 100 mètres… Très déçu évidemment. Mais pas de regrets“.

Socrate à vélo - Guillaume Martin - GrassetIl a probablement tout donné Guillaume, mais il y avait plus fort que lui, c’est tout. Guillaume Martin c’est un coureur qu’il va falloir suivre pendant le Tour de France 2019. Le suivre et bien entendu écouter les commentaires proposés par les journalistes et les consultants de France Télévisions. Sans aucun doute, ils vous parleront de ce cycliste atypique, qui allie la tête et le jambes, le cycliste philosophe, le cycliste qui en a sous le casque. Bref, je vous invite à noter avec malice les commentaires sur Guillaume Martin. Parce que oui Guillaume est un peu différent dans le peloton. Diplômé d’un master de philosophie, il est aussi l’auteur de ce bon livre “Socrate à vélo” paru chez Grasset au début de l’année 2019.

Son roman vous emmène en alternance sur les traces des grands philosophes, réunis en tant qu’improbables cyclistes pour l’occasion, et les réflexions que peut avoir Guillaume Martin sur le sport de haut niveau, le sport business, le sport spectacle. Il s’oppose aux messages construits par la société affirmant que “le sport n’a pas la dignité de l’art, parce qu’il est une activité bassement matérielle. Corps et esprits sont deux entités strictement séparées. L’âme serait noble quand le corps ne serait que corruptible et mauvais“.

On suit avec plaisir les péripéties de nos philosophes, embarqués malgré eux dans cette aventure du Tour de France. Ils ressemblent quand même à une équipe de pieds nickelés, ou aucun n’a véritablement envie d’embrasser un rôle d’équipier.

Guillaume glisse quelques déclarations célèbres de philosophes pour les construire ou les déconstruire dans son Tour de France et les comparer avec ce qu’il vit, en tant que professionnel du vélo :

Ce qui ne tue pas rend plus fort” (Nietzsche), “Seules les pensées que l’on a en marchant valent quelque chose” (Nietzsche) “On ne peut penser qu’assis” (Flaubert), “L’enfer c’est les autres” (Sartre).

Que vous soyez cyclistes, sportifs, lecteur assidu ou pas, simple supporter amateur ou féru, je vous recommande de glisser ce livre rapidement dans votre musette. Vous pourrez le lire, en attendant le peloton, sur les bords de la route. Vous pourrez même encourager Guillaume, en lui soufflant à son passage “Vas-y Socrate“. Enfin, si comme moi vous n’avez pas des souvenirs impérissables de vos cours de Philosophie en Terminale, si votre fille de 9 ans vous demande si “Socrate est un bon cycliste ?“, affirmez sans vergogne, qu’il est le plus fort.

En résumé, Il n’est pas que question de cyclisme et de philosophie ici, l’auteur apporte un oeil critique et averti sur le sport moderne, il n’hésite pas à revenir sur la fameuse déclaration du Baron de Coubertin affirmant que “L’important c’est de participer“. En tant que coureur professionnel, pour lui et les autres l’important est bien de gagner. Ce qui ne l’empêche pas d’accepter la défaite aux championnats de France avec un certain recul. Être philosophe permet probablement de ne jamais perdre, mais toujours tirer une leçon de ce qui vient de se passer. Pour être plus fort, après.

Enfin, si vous avez un doute, vous pouvez écouter cette émission dans laquelle Guillaume Martin a amené le vélo, à la radio, en dehors de son audience habituelle, c’est aussi une belle performance.

Bonne lecture.

 

Informations

  • Titre : Socrate à vélo
  • Auteur(s) : Guillaume Martin
  • Editeur : Grasset
  • Site web éditeur : https://www.grasset.fr/socrate-velo-9782246815754
  • Nombre de pages : 192
  • ISBN : 9782246815754
  • Date de publication : 06/02/2019
  • Prix TTC : 17.00 € – numérique 11.99 €

Pitch de l’éditeur

Imaginez Socrate, Aristote, Nietzsche, Pascal et consorts sur la ligne de départ. Suivez leur préparation pour le Tour de France, la plus prestigieuse épreuve cycliste au monde, à laquelle ils ont étrangement été conviés. Partagez leurs interrogations, leurs doutes, leurs errements. Réfléchissez à leurs côtés. Pédalez avec ces drôles de sportifs, ces coureurs philosophes, ces «  vélosophes  » – comme je m’amuse à les appeler. On dit qu’ils seraient dotés d’une potion magique  : leur intelligence. Celle-ci leur permettra-t-elle de conquérir le maillot jaune tant convoité  ?

À propos de l’auteur

Socrate à vélo - Guillaume MArtin
Socrate à vélo – Guillaume MArtin

Dans Socrate à vélo, Guillaume Martin ouvre les vannes de l’imagination pour nous faire découvrir le monde du cyclisme et nous donner à penser. Ici l’essai se mêle à la fiction, la fable aux méditations les plus profondes ; on voit Nietzsche s’entraîner courageusement en écoutant Les chemins de la philosophie sur France Culture, d’illustres philosophes grimper les cols aux côtés des plus grands champions, Heidegger tomber dans un fossé, Socrate prendre la tête du peloton ou encore Sartre coacher de l’équipe de France… Le but de cette fantaisie philosophique  ?  Effacer les clichés qui collent à la peau des sportifs, montrer que l’effort physique de haut-niveau n’est pas l’ennemi de l’activité intellectuelle, que la tête et les jambes n’ont aucunement lieu d’être distinguées. Car, comme le rappelle très justement Bergson, «  il faut penser en homme d’action et agir en homme de pensée  ».

 

La grande Draille

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La grande draille
La grande draille

L’imagination des organisateurs a été stimulée par l’arrivée du gravel … On a l’impression que ce vélo va nous permettre de tout découvrir, ou de tout redécouvrir. Les idées d’itinérance, de parcours à thèmes, de scénarios d’aventures germent, grâce à ce nouveau terreau cycliste. Nous en découvrons une nouvelle facette, avec cette initiative de l’Association Peuples & Nature.

La Grande Draille
La Grande Draille

Appelées drailles en France, cañadas en Espagne ou encore Tratturi en Italie, ces voies -aux noms qui tintent comme des sonnailles – sont utilisées depuis des lustres par les bergers et leurs troupeaux pour relier les plaines aux estives et vice-versa l’automne venu. L’avènement des automobiles en a condamné de larges portions de ces itinéraires, sans compter les reconversions en zones commerciales, terrains de pétanque et autres potagers.

C’est quand même bizarre ce nom pour un événement cycliste ? “Avec mon pote Miguel, on fait pas mal de vélo ensemble. On s’est mis au gravel il y a un an et on a fait la Torino – Nice l’an dernier. On s’est dit ça serait cool de faire un peu pareil mais en partant de la maison à Grenoble pour aller vers le sud. J’ai tout de suite pensé au pastoralisme qui présente beaucoup de connexions avec le vélo“, m’explique Marc Lecacheur, co-organisateur de cette épreuve.

Si vous n’avez pas compris ce qu’est une Draille, regardez la vidéo de Marc et Miguel … Je vous laisse deviner à l’accent qui est Miguel 😉

Un truc à faire

La grande draille
La grande draille

Au Bike Café on adore ce genre de projet. Ce sera les 14, 15 et 16 septembre 2019. Le départ sera donné depuis le centre de Grenoble et l’arrivée est prévue le 16 septembre à l’École des bergers du Merle, près de Salon-de-Provence. Les étapes quotidiennes seront d’environ 150 km, et elles mèneront les participants à travers le Vercors, les Baronnies et le Luberon.

C’est un évènement gratuit, destiné aux cyclistes pratiquant le vélo gravel, instrument parfait pour traverser ces territoires et sur des terrains très variés allant de l’asphalte aux pistes forestières.

L’organisateur est Peuples & Nature, association de tourisme équitable et solidaire (membre de l’ATES) basée à Moirans en Isère, et qui propose des voyages à pied, en vélo ou en kayak en France et à l’étranger (Iran, Afrique du Sud)…

Une transhumance à vélo

C’est ainsi que l’on peut décrire cet événement. La Grande Draille est l’occasion de faire connaître les pratiques modernes de transhumance, de valoriser l’élevage de montagne, autour de la passion commune du vélo et du phénomène en plein essor du bikepacking qui consiste à voyager en autonomie avec sa bicyclette.

La grande draille
La grande draille

Les détails sur le parcours et l’organisation viendront plus tard. À ce stade, les organisateurs souhaitent garder une part de mystère, mais nous pouvons d’ores et déjà vous donner quelques éléments :

  • le tracé privilégie les routes secondaires, les pistes forestières en pleine nature. il est totalement adapté aux vélos de gravel, aux VTC avec des pneus un peu costauds et dans une certaine mesure aux VTTs, sans qu’il y ait la moindre difficulté technique.
  • l’autonomie des participants est totale en ce qui concerne la nourriture, le couchage et le matériel.
  • le parcours sera donné aux inscrits sous la forme d’une trace GPS, avec quelques documents pour les aider à se préparer au mieux.

Ils proposent, à ceux qui le souhaitent, de se retrouver l’un des soirs sur un lieu de camping et les organisateurs seront présents au départ et à l’arrivée de l’évènement.

L’ouverture officielle des inscriptions est ouverte sur le site www.peuplesetnature.org

Contacts

Marc Lecacheur et Miguel Carrabias

mail : in**@*************re.org – 06 07 95 07 54

Fini les restrictions chez BMC : on roule gravel

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URS Gravel BMC
URS Gravel BMC

Fini les restrictions pour BMC du côté du gravel, avec ce nouveau modèle URS (UnReStricted) qui fait table rase du passé. BMC casse ses codes habituels, en partant d’une page blanche pour concevoir un nouveau vélo totalement orienté gravel. Avec un nom original annonçant la couleur et évitant (ce qui aurait pu être possible) le vocable “gravelmachine”, des couleurs sympas et moins uniformes, la disparition du gros marquage BMC, … on sent la volonté de sortir du traditionnel. Côté technique c’est pareil. Un peu comme le nouveau Cannondale Topstone le triangle arrière bénéficie d’un système qui apporte de la souplesse verticale. Ici il s’agit du MTT (Micro Travel Technology) un système d’amorti qui était apparu sur le VTT XC Teamelite.

URS Gravel BMC
Le modèle URS (UnReStricted) de BMC qui fait table rase du passé

BMC a mis toute son expertise au service de la création de cette nouvelle plate-forme qui répondra à tous les styles de pratique ; des intenses courses de gravel à l’exploration illimitée des chemins de campagne. Taillé pour rouler en dehors des sentiers battus, URS présente une géométrie progressive, un cockpit à l’intégration élégante pour un ajustement personnalisé, et un tout nouveau cadre adapté au gravel, pour vivre une expérience confortable tout en étant résolument tournée vers l’aventure.

Un beau terrain de test

BMC a développé URS sur son propre terrain de jeu ; la partie suisse du massif du Jura. Pour souligner l’héritage suisse de ce vélo, la marque a choisi un nom résolument helvétique. L’objectif était de permettre une pratique UnReStricted (sans aucune limite), terme dans lequel se cachent les trois lettres URS.

Je vous invite à lire l’expérience d’Amaël Donnet (l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’URS) qui a pu tester le vélo sur le terrain dans le Jura lors de la présentation presse dans le Jura. Il a publié un très bon article sur Vélo de route.

URS Gravel BMC
URS Gravel BMC

Avec le lancement de URS, BMC innove : par son arrivée sur le segment du gravel d’un côté, par son approche avant-gardiste de l’autre. En vue d’intégrer la catégorie gravel, territoire inconnu pour BMC, la marque a choisi d’adopter une méthode d’approche totalement nouvelle. Elle a collaboré avec ISPO Open Innovation pour créer un concept visant à impliquer la communauté du tout-terrain et du gravel dans le processus de développement. Grâce à la relation directe entre les clients et la marque par le biais de la plate-forme en ligne d’ISPO Open Innovation, d’importantes informations relatives au public visé, au segment du gravel et à ce nouveau vélo ont été collectées. Trois pratiquants de gravel aux styles de pilotage différents ont pu essayer le prototype pendant plusieurs mois, et partager leur avis sur les caractéristiques du produit. Cette méthode de développement de produit a apporté à BMC un regard neuf, d’importants retours sur le produit et des connaissances cruciales avant même son lancement officiel.

Des choix techniques innovants

URS Gravel BMC
URS Gravel BMC – Un vélo qui ne ferait qu’une bouchée des chemins de terre et de gravel, mais qui serait également efficace et amusant sur des parties plus rapides …

« Pendant le développement de URS, nous nous sommes concentrés sur la création d’un vélo qui ne ferait qu’une bouchée des chemins de terre et de gravel, mais qui serait également efficace et amusant sur des parties plus rapides, avec des virages, qui posent actuellement un problème technique aux vélos de gravel », explique Mart Otten, Responsable des produits de la gamme Route chez BMC Switzerland. « Créer un vélo capable de rouler avec aisance sur les routes de gravel en ligne droite ne posait aucune difficulté, alors nous avons repoussé les limites des capacités de URS en le dotant de notre géométrie de gravel progressive, d’un large dégagement de pneu et d’une compatibilité avec une tige de selle télescopique, auxquels nous avons ajouté la technologie de micro débattement (MTT) exclusive de BMC, pour le rendre encore plus performant sur les terrains accidentés. »

URS Gravel BMC
URS Gravel BMC

Au tout début du développement de URS, BMC s’est focalisée sur les besoins liés à trois principaux styles de pratique : le compétiteur ambitieux ; le cycliste adepte de longues sorties sur les chemins de campagne et amateur de bikepacking.

URS Gravel BMC
URS Gravel BMC – Le système d’amortissement MTT de 10 mm incorporé aux haubans,

Afin de répondre à ces besoins variés, BMC a créé le Tuned Compliance Concept Gravel, composé d’une fourche et d’un cadre en carbone spécifiques à la pratique du gravel, alliés à une tige de selle en forme de D éprouvée, et au système d’amortissement MTT de 10 mm incorporé aux haubans, pour plus de confort et d’adhérence sur les terrains accidentés. Pour améliorer plus encore l’efficacité et le confort de cette machine, la géométrie spécifique Gravel+ révolutionnaire présente un angle de chasse ouvert à 70 degrés, et associe un reach long à une potence ICS intégrée extrêmement courte (55 ou 70 mm), pour un meilleur contrôle et une réactivité accrue sur tous les terrains.

Taillé pour l’exploration sans limites

URS Gravel BMC
URS Gravel BMC

Doté de composants adaptés, tels que la transmission 1x, les freins à disque, les roues avec pneus 45 mm tubeless ainsi que la compatibilité avec une tige de selle télescopique, URS est prêt à affronter tous les obstacles que le cycliste choisira de lui présenter. Si, en cours de sortie, la roue avant devait être enlevée et la fourche posée au sol le temps de la réparation, d’astucieuses protections intégrées à la fourche protègent les pattes des surfaces agressives.

URS Gravel BMC
URS Gravel BMC

Autres éléments subtils, mais très fonctionnels : l’acheminement des câbles du moyeu-dynamo, le cintre large, les trois fixations pour porte-bidon et le système Dfender ; un garde-boue léger et minimaliste, intégrable à la selle par fixation sur la tige de selle, pour protéger le cycliste de la boue et autre débris. Les adeptes du bikepacking apprécieront les différentes options de fixation sur le tube supérieur, pour porte-bagage et garde-boue tandis que ceux qui souhaitent rouler fort et repousser les limites de leur vélo de gravel seront ravis d’apprendre qu’il est compatible avec la fourche suspendue 32 SC SX de Fox.

Cockpit intégré et discret adapté au gravel

URS Gravel BMC
URS Gravel BMC ) Les toutes nouvelles potences ICS adaptées au gravel (options 55 et 70 mm)

La technologie du système de cockpit intégré (ICS) de BMC démontre qu’un réglage parfait et une esthétique élégante peuvent cohabiter. URS peut être ajusté avec précision, grâce aux longueurs des toutes nouvelles potences ICS adaptées au gravel (options 55 et 70 mm) et conçues pour assurer maniabilité et agilité tout en conservant un acheminement interne, discret et aérodynamique des câbles.

Trouver la meilleure position pour rouler n’implique pas de compromettre la maintenance. Au contraire, l’installation, le réglage et l’entretien sont facilités… et les câbles électroniques et hydrauliques bénéficient de logements durables, à l’épreuve de la météo. Le système ICS permet un réglage complet du stack et du reach grâce à un système de bagues dédiées qui permettent un ajustement facile sans démonter la potence ni débrancher les flexibles hydrauliques.

Dimensions, géométrie et versions

URS est disponible dans les versions suivantes : URS ONE, URS TWO, URS THREE et URS FOUR, en tailles S, M, L et XL.

URS Gravel BMC
URS Gravel BMC

URS Gravel BMC
URS Gravel BMC – Urs One : groupe Sram Red AXS, roues DT Swiss GRC 1400, pneus WTB Resolute 700X42mm, 8999 euros

 

URS Gravel BMC
URS Gravel BMC – Urs Two : groupe Shimano GRX RX810 (Di2), roues DT Swiss GR 1600, pneus WTB Resolute 700X42mm, 5999 euros

 

URS Gravel BMC
URS Gravel BMC – Urs Three : Shimano GRX RX600, roues Mavic Allroad , pneus WTB Resolute 700X42mm, 3999 euros

 

URS Gravel BMC
URS Gravel BMC – Urs Four : groupe Sram Apex, roues DT Swiss C 1850, pneus WTB Resolute 700X42mm, 2999 euros

Découvrez ces vélos sur le site de BMC

Tous les modèles URS : www.bmc-switzerland.com/urs

J’ai roulé sur le nouveau WishOne SUB

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Test WishOne Sub
Test WishOne Sub

Lors du dernier presscamp Mavic j’ai pu tester rapidement, mais sur un parcours représentatif, les qualités de ce nouveau vélo ; qui se présente comme étant le 1er “Sport Utility Bicycle” (SUB). Ce vélo, éminemment polyvalent et sportif, propose de nous emmener sur tous les types de routes : asphalte bien lisse ou route dégradée, chemin ou section Gravel, …

Maxime Poisson, le créateur de la marque, n’est pas un inconnu pour nos lecteurs. Nous avions consacré un sujet à son vélo de critérium lors d’un article précédent. Ce premier vélo de vitesse, qu’il avait imaginé au départ pour lui, a conduit Maxime à créer la marque WishOne. Et comme Maxime est curieux et sportif, il n’a pas hésité à faire le grand écart, pour imaginer une suite avec un nouveau vélo qui sera également sportif, mais aussi, extrêmement polyvalent. Un vélo dans l’air du temps, permettant de rouler un peu partout sans trop de limites. Un SUB en quelque sorte …

On ne change pas une équipe qui gagne

Test WishOne Sub
Conférence de présentation du projet WishOne Sub lors du Presscamp Mavic, Maxime Poisson et Alexandre Guiral nous expliquent le concept – photo Bike Café

Du côté géométrie ce sont les ingénieurs d’Antidote Solutions qui ont planché sur le sujet afin que le vélo puisse affronter tous les terrains : routes, routes dégradées, chemin, section Gravel, singletrack, etc. … Alexandre Guiral, créateur d’Antidote Solutions et aveyronnais comme Maxime, nous explique lors du presscamp les options qui ont été prises sur ce vélo, avec ses haubans fins de 14 mm, le boîtier de pédalier T47, les tubes Colombus HSS Spirit,… “Pour créer le WisOne Crit j’ai dû rudement potasser le sujet et regarder plein de films afin d’étudier la position des cyclistes qui participent aux “CRIT”. Pour le SUB ça a été plus facile … Ce vélo est plus proche de ce que nous savons faire chez Antidote“.

Du côté fabrication et finition peinture c’est Cyfac International qui produit en France ce magnifique vélo. On connait la qualité des réalisations de la marque installée à la Fuye. Les peintures par émaillage traditionnel sont sublimes, et le client aura plusieurs choix et différents niveaux de qualité.

Du côté équipements, les roues Mavic Allroad seront proposées sur les deux versions du vélo complet (V1 et V2). Sur la V2 ce seront les nouvelles roues carbone que nous avons testées, lors de ce presscamp. Le choix du mono plateau a été retenu sur les montages de base, mais on peut demander un double et toutes les adaptations pour des versions électriques. D’ailleurs j’ai roulé sur le beau vélo que vous voyez à la une de cet article, qui est équipé en double.

Une belle synthèse entre classique et moderne

Test WishOne Sub
Présentation du WishOne Sub

Un cadre qui n’est pas très slooping dans le monde du gravel, ça peut sembler étrange … Des haubans qui ne viennent pas s’agripper sur le tube horizontal ou à mi-chemin du tube de selle, c’est troublant … On ne retrouve pas ici les “marqueurs” habituels des vélos de gravel et ce vélo paraît “classique”. Ce classicisme n’est pas fait pour me déplaire, il cache en fait une belle modernité. Cette sobriété dans le design est vraiment classe, un peu comme celle du Versus Victoire que j’ai essayé cette année. Je trouve le dessin de ce WishOne SUB d’une extrême pureté. Les raccords sont lisses (qualité Cyfac) et les tubes semblent être nés ainsi formés. Rien ne heurte le regard, lorsque l’on se penche sur les détails. J’adresse au passage un coup de chapeau à nos artisans français, qui savent faire ces produits haut de gamme en France. Côté look et finition, ce SUB figure dans le haut du tableau des vélos disponibles sur le marché.

Le vélo que je vais tester, est celui qui correspond à un choix client. Il est équipé en double plateau avec un pédalier Rotor 48 – 33. La transmission électrique Sram Red anime une cassette allant jusqu’à 32, qui me posera par deux fois un problème de franchissement sur des rampes difficiles en terrain instable. Les roues sont les nouvelles Mavic Allroad carbone, équipées de pneus allroad de 40 montés en tubeless. Ces roues étaient les vedettes de ce presscamp Mavic.

Test WishOne Sub
Dimensions du WishOne Sub

L’essai

Test WishOne Sub
Test WishOne Sub, dès sa prise en main, le vélo montre rapidement son caractère joueur et manoeuvrant – photo presscamp Mavic

Pour cette première matinée lors du presscamp en Aveyron, Maxime me propose de tester son vélo. Il est équipé des nouvelles roues Allroad Carbon de Mavic je vais donc découvrir les deux nouveautés en même temps. Le vélo est sublime : un bleu profond avec sur le tube horizontal une peinture à paillettes très design. Une fois que je me suis fait expliquer le fonctionnement du Sram Red Wifi, je monte sur le vélo et immédiatement je me suis senti à l’aise. Avant le départ sur les pistes aveyronnaises, je fais quelques centaines de mètres pour m’adapter à cette transmission qui m’était totalement inconnue.

Ça commence par un bout de route. Le rythme du groupe est déjà fort, et je sens dans les premières montées que ce sera dur de prendre les roues du groupe, malgré le bijou que j’ai entre les jambes. Il faut dire que je suis en bonne compagnie : Frank Schelck un coureur pro qui a arrêté sa carrière il y a deux ans, Steve Chainel, ancien coureur pro et devenu champion le France de cyclocross en 2018 alors qu’il était redevenu amateur. Les autres journalistes présents étant également de bons cyclistes il va falloir que j’oublie ma date de naissance pour essayer de suivre.

Test WishOne Sub
Test WishOne Sub

Dans les montées le faible poids du vélo, 8,6 kg environ, m’aide bien et la rigidité latérale du cadre et des roues me permettent de basculer facilement les raidillons … Moins vite que mes collègues, mais là c’est à cause de ma puissance en watts plus modeste. À la première occasion je retire de l’air de mes tubeless qui ont été trop gonflés par les mécanos. Je ne pèse 66 kg pour 1m78, ils ont dû me voir plus lourd … Le vélo sautait beaucoup trop sur les cailloux, avec moins d’air ça va nettement mieux. En diminuant la pression j’ai encore amélioré la motricité dans les montées et le confort dans les descentes. Je suis content d’arriver au terme des 45 km de ce parcours avec 800 m de D+ qui a été bien cassant par endroit.

Joueur et précis

Dès sa prise en main, le vélo montre rapidement son caractère joueur et manoeuvrant. On peut imaginer par le fait qu’il risque d’être instable en descente sur les sentiers cabossés : pas du tout. Il garde bien sa trajectoire, et il n’a m’a jamais envoyé sur les bas-côtés des pistes aveyronnaises.

Le pilotage n’est pas mon fort. Ma mauvaise vision des reliefs du terrain est souvent un handicap, et je compte beaucoup sur le matériel pour suppléer à mes carences. Ce SUB ne m’a pas trahi et il m’a même aidé. J’ai aussi bien descendu avec lui qu’avec mon Caminade l’après-midi pourtant chaussé de 650 x 47 et équipé également, je le précise, des roues Mavic carbone en 27.5.

Test WishOne Sub
Test WishOne Sub

Bilan

Test WishOne Sub
Test WishOne Sub

Ce n’est pas 45 km, dans ce contexte particulier du Presscamp Mavic, qui me permettront de donner des conclusions définitives sur ce vélo. Néanmoins j’ai été bluffé par sa polyvalence qui mériterait de le tester sur une longue distance mixant route et chemin. Je suis sorti emballé par ce test et prêt à craquer et m’en faire construire un …

Ce vélo est “sportif” et il peut tout à fait devenir le vélo unique d’un cycliste exigeant. Certes le prix est élevé mais il correspond au travail soigné de Cyfac et au faible volume de production. WishOne est une petite structure donc elle est souple et à l’écoute des demandes de ses clients. Sans être un “sur mesure”, ce vélo pourra être adapté à vos demandes particulières et aux options que vous souhaitez.

Infos et commandes sur le site de WishOne

Fourches porteuses en gravel : pour quoi faire ?

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Camelbak Podium water bottle gravel bikepacking

L’été arrive, et avec les vacances, l’envie de partir à l’aventure en vélo. Or, il faudra transporter avec soi plus d’équipement que pour les sorties habituelles. Vous aurez sans doute remarqué que de plus en plus de vélos vendus dans la catégorie “gravel” bénéficient d’inserts (ou emports) sur leur fourche. Héritage venu du vélo de voyage, effet de mode, gadget inutile, accessoire indispensable, de quoi s’agit-il vraiment, et comment s’en servir ? Bike Café s’est penché sur la question.

Fourches porteuses en bikepacking
Une très belle fourche équipée d’inserts, la Rodeo Labs Spork 2.0 – photo Rodeo Labs

Au commencement était le bikepacking

Cette tendance d’accrocher des sacoches souples un peu partout sur le vélo s’accorde bien avec la pratique du gravel. D’abord parce qu’en gravel on est parfois amené à rouler longtemps, voire plusieurs jours, dans des territoires où toutes les commodités ne sont pas présentes, et il faut transporter le nécessaire avec soi. Aussi parce qu’avec du bikepacking on voyage plus léger qu’avec tout un barda de grosses sacoches, ce qui serait problématique sur des chemins parfois caillouteux, sinueux et raides. Enfin, parce que le vélo est mieux équilibré, plus agile et plus facile à piloter lorsque le poids est réparti entre l’avant, le cadre et l’arrière de la selle.

Fourches porteuses en bikepacking
Sur le vélo de gravel il vaut mieux répartir équitablement le chargement entre l’avant, le cadre et l’arrière – photo Dan de Rosilles

C’est justement pour mieux équilibrer le vélo et piloter plus facilement que le chargement à l’avant se justifie. Tout mettre dans une énorme sacoche de selle ne conviendrait pas, cela donnerait au vélo un ballant désagréable. Réservons donc les emplacements immédiatement accessibles, situés au niveau du cintre, sur et dans le cadre, au matériel dont nous avons besoin pendant qu’on roule (aliments, boisson, électronique, vêtements de vélo…), et répartissons le reste (provisions, matériel de bivouac, vêtements de rechange…) entre la sacoche de selle et la fourche.

Fourches porteuses en bikepacking
Dans ce sac étanche fixé sur la fourche, de la nourriture pour plusieurs jours – photo Dan de Rosilles

Emports, inserts, cages… un peu de technique

Ayant eu ces derniers temps l’occasion d’effectuer des raids de plusieurs jours en pleine nature (“Vers à Soie” dans les Cévennes en mai, puis “Grands Causses” en juin), mes collègues cyclistes et moi-même avons dû transporter pas mal de choses sur nos fourches : pêle-mêle des bidons, une réserve d’eau de plus de deux litres, un sac contenant de la nourriture, un autre des vêtements de rechange, du matériel de bivouac… Tout ceci grâce à ces fameux emports ou inserts, tout à fait semblables à ceux que l’on trouve traditionnellement à l’intérieur du cadre pour installer des porte-bidons. Ils s’agit d’écrous acceptant des boulons de 5 mm ; sur certaines fourches il y en a deux (écartés de 65 mm, comme sur le cadre), ou trois, ce qui est préférable car certaines “cages” (prononcez “kèdgiz”, en anglais) disposent de trois trous de fixation.

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Transporter sur sa fourche un fort volume d’eau dans une bombonne isolée permet de re-remplir les bidons d’eau fraîche sur les plateaux surchauffés et pauvres en points d’eau du Causse Noir – photo Dan de Rosilles

Go West

Aux États-Unis, où les distances à parcourir en Mountain bike, Fat bike ou Gravel bike sont immenses, le bikepacking, y compris le transport sur les fourches, s’est imposé comme une évidence. Là-bas, il n’est pas rare de passer plusieurs journées sur les pistes d’un parc national sans rencontrer âme qui vive, ou tout du moins, de point de ravitaillement. Mais si en Amérique du Nord le “packing” est une nécessité et une véritable culture, qui date sans doute de l’époque des pionniers à cheval et du Grand Ouest, en France, même si le peuplement humain est plus dense et les distances plus modestes, on trouve encore des zones relativement sauvages. Dans le Massif Central, en Bretagne, les Alpes, les Pyrénées, transporter sur le vélo de l’équipement de bivouac ou de la nourriture pour plusieurs repas se justifie pleinement.

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Aux états-Unis, où les distances sont immenses, le bikepacking est à la fois une culture et une nécessité – photos Blackburn Design

Chargeons la mule

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Les Blackburn Outpost Cargo Cages que je suis en train d’installer sur ma fourche n’ont que deux trous de fixation, mais on peut facilement en percer un troisième pour supporter des charges plus volumineuses – photo Dan de Rosilles

Que peut-on mettre sur la fourche ? Des porte-bidons, bien sûr, qui pourront accueillir des bidons trop hauts pour tenir sous une sacoche de cadre, mais aussi les fameuses “cages” qui permettent de transporter des forts volumes et des poids importants, jusqu’à des sacs étanches de 10 à 15 litres et des poids pouvant aller jusqu’à 3 kg par côté. Dans tous les cas, il est bien sûr préférable d’équilibrer le poids de chaque côté de la fourche, même si, avec une certaine habitude, on peut négocier avec cette règle élémentaire de chargement du vélo. En ce qui me concerne, j’utilise en ce moment les fameuses cages Outpost Cargo de chez Blackburn, qui se révèlent être d’un excellent rapport poids/solidité/prix. Elles ne sont équipées que de deux trous de fixation, mais pour des charges au delà des 2 kg et sur des fourches pouvant l’accepter, il est facile d’en percer un troisième.

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Les américains aiment transporter de grosses quantités d’eau à l’intérieur même du cadre, comme par exemple avec ces Blackburn Oupost Cages – photos Blackburn Design

Il faut noter que les cages peuvent aussi être installées à l’intérieur du cadre, certains cyclistes tout-terrain américains préférant transporter là de grosses quantités d’eau ; dans tous les cas, ce qu’il faut retenir de la multiplication du nombre d’inserts sur le vélo, c’est qu’ils permettent une grande diversité d’implantations, adaptées aux goûts de chacun, mais aussi aux différents types de géométries de vélo et aux spécificités de la sortie.

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Il m’arrive de rajouter des bracelets en caoutchouc sur les porte-bidons pour un meilleur maintien des bidons – photo Dan de Rosilles

Dans d’autres situations, lorsque j’ai moins de poids et volume à transporter, mais où je sais que l’eau sera précieuse et rare, ou lorsque l’intérieur du cadre est entièrement occupé par une grande sacoche, je fixe sur ma fourche des porte-bidons supplémentaires. Dans ces cas-là, et si on n’a pas besoin de se saisir des bidons pendant qu’on roule, il m’arrive d’ajouter aux porte-bidons des bracelets en caoutchouc (découpés dans des chambres à air de motos) pour éviter toute éjection intempestive des bidons lors de fortes secousses ou lors de franchissements.

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L’ajout de porte-bidons sur la fourche est une bonne option lorsque l’intérieur du cadre est entièrement occupé par une grande sacoche – photo Yaya

Petits aménagements

Transporter des équipements sur sa fourche nécessite certaines précautions. Pour les bidons en tout-terrain, outre les bracelets en caoutchouc, il est préférable d’utiliser des modèles dont la tétine est protégée des poussières et des projections de boue, comme les CamelBak Podium Dirt Series par exemple, qui sont équipés de protections en silicone. Même si, fixés à la fourche, les bidons sont facilement accessibles pendant qu’on roule (je dirais même : plus facile à saisir à cet emplacement que dans le cadre), il est toujours désagréable de commencer à se désaltérer avec une gorgée constituée d’un mélange d’eau et de petits gravillons…

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Les bidons CamelBak Podium proposent des capuchons de protection des tétines, ce qui est fort pratique en gravel et/ou lorsqu’il pleut – photos Dan de Rosilles

Sur des raids qui durent plusieurs jours, les bidons, que d’habitude on ne considère que comme de simples accessoires, peuvent devenir l’objet de toutes les attentions et répondre à toutes sortes de préoccupations des plus vitales et des plus triviales. Effectivement, ils servent à transporter l’eau qui va nous hydrater, mais aussi celle qui va servir à la toilette, à la vaisselle… lorsqu’on roule dans des zones où la présence de points d’eau est rare. Ça peut paraître bizarre, mais lors de repérages sur plusieurs jours dans les causses, j’ai roulé parfois toute une journée sans rencontrer le moindre point d’eau… Il faut donc pouvoir transporter pas mal d’eau sur le vélo, pouvoir en garder une partie à l’abri du soleil, répartir les bidons à des usages différenciés : c’est une routine et une gestion rigoureuse de l’eau à mettre en place, pour que l’aventure reste fluide et agréable.

Blackburn Outpost cage waterbottle Camelbak Podium water
Des bidons de qualité, judicieusement répartis et différenciés, voilà l’un des secrets d’une expédition réussie – photo Dan de Rosilles

Un autre élément est en prendre en compte : l’équilibre des charges, aussi bien entre l’avant et l’arrière du vélo (sacoche de selle, sacoches de cadre et fourche, on en a déjà parlé) mais aussi entre le côté droit et le côté gauche en ce qui concerne la fourche. En cas de forte différence latérale, la fourche aura tendance à pivoter si on lâche les deux mains. Ceci dit, ayant été amené à piloter en gravel avec une fourche déséquilibrée (ma bonbonne d’eau étant vide), je ne me suis pas du tout senti en danger, j’ai juste évité de pratiquer le “look mum, no hands !” dans cette configuration.

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Le chargement, bien réparti, ne doit pas nuire à l’équilibre global du vélo – photo Dan de Rosilles

Comportement du vélo

Mais cet ajout de poids conséquent sur l’avant du vélo a-t-il des inconvénients ? Après plusieurs milliers de kilomètres dans des configurations diverses et après avoir échangé avec d’autres collègues adeptes des fourches porteuses, je peux affirmer qu’il y a du pour… et du contre. Mais plutôt du pour, en fait, le seul inconvénient étant la perte d’aérodynamisme. Lorsqu’on est sur route, que la vitesse augmente (au delà de 25 km/h) et que malheureusement on doit faire face à un vent contraire, la perte de rendement est horrible. Même avec deux bidons de 500 ml, on se sent véritablement handicapé face à des camarades qui n’en sont pas équipés. Dans ces cas-là, il faut ralentir, prendre son mal en patience… mais cet inconvénient est relatif pendant des aventures sur plusieurs jours, où la vitesse de pointe, la moyenne et la performance ne sont pas la priorité. De plus, en tout-terrain, à l’abri des forêts ou sur les pentes avec un vélo chargé, la vitesse est de toute façon assez basse, et le vent moins problématique que sur route et dans les grandes plaines découvertes.

Blackburn Outpost cage waterbottle Camelbak Podium water
C’est à forte vitesse, en cas de vent et dans les zones exposées (comme ici en Camargue) que des implantations sur la fourche nuisent grandement à l’aérodynamisme – photo Yaya

Pour ce qui est de la stabilité, de la maniabilité et du pilotage en tout-terrain par contre, je trouve que l’ajout de poids sur l’avant n’est pas du tout problématique. Certes, le vélo est plus lourd, le centre de gravité plus bas et cela nécessite un temps d’adaptation, mais si le paquetage est stable (entendez : bien solidaire aux cages et à la fourche) et le poids bien réparti de chaque côté, on prends même un certain plaisir dans les monotraces et les passages techniques… mais moins vite que d’habitude bien entendu.

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Le cycliste arlésien Jean-François Véran n’est manifestement pas handicapé par son chargement de la fourche dans cette monotrace cévenole -photo Dan de Rosilles

Liberté chérie

Pour lire régulièrement l’étonnement, l’incrédulité, voire la désapprobation dans le regard de cyclistes qui me doublent (ou que je double !) lors de mes sorties en bikepacking, chargé de la fourche à la selle, je sais bien la force des habitudes et le culte du gain de poids qui prévaut chez les cyclistes. Bien sûr, un vélo chargé est plus lent, plus pataud, plus difficile à hisser en haut des montagnes. Mais ce qu’on paye en vélocité, on le gagne en autonomie. L’idée est de trouver le bon compromis (la surcharge de mon vélo n’excède jamais 8 kg) et ne pas verser dans le vélo de voyage, afin de pouvoir continuer quand même à enchaîner les kilomètres journaliers et les mètres de dénivelé positif pour aller dans des endroits où l’on peut enfin être tranquille. On peut bien sûr pratiquer le bikepacking sans charger la fourche, mais dans ce cas-là, on emportera moins de choses et on risquera de déséquilibrer le vélo vers l’arrière. Grâce aux inserts sur la fourche, avec une charge mieux répartie, on pourra alors, avec un minimum d’équipement, jouir d’un maximum de plénitude : cela pourrait résumer en peu de mots toute la philosophie du bikepacking.

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Un minimum d’équipement, un maximum de plénitude : cela pourrait résumer la philosophie du bikepacking – photo Dan de Rosilles