Lorsque vous en parlerez à vos amis qui ne connaissent rien au vélo, ils seront incrédules, mais vous pourrez l’affirmer : il y a des tas de bonnes raisons de pédaler la nuit. Que ce soit par obligation ou par plaisir (ou les deux !), tous les cyclistes confirmés ont déjà, plusieurs fois pour certains, régulièrement pour d’autres, roulé entre le coucher et le lever du soleil…

Quand on vélotafe à longueur d’année, et que l’hiver il fait nuit avant 8h00 du matin et après 17h00, le vélo nocturne devient une banalité.
En été, après une fête à la campagne chez des amis, c’est un vrai bonheur de rentrer sous la pleine lune, accompagné par les stridulations des grillons s’il est tard, le chant des rossignols s’il est très tôt…
On pense aussi bien sûr aux cyclistes longue distance, qui enchaînent les kilomètres et les heures de selle, sans se soucier vraiment de savoir s’il est l’heure de rentrer les bêtes ou de se méfier du loup.

Mais, dans la mesure du possible, le vélo de nuit ne s’improvise pas et nécessite des équipements particuliers et certains réflexes visant à assurer notre sécurité. Ce petit guide pratique vous propose donc de faire le point sur le matériel mis à votre disposition par les fabricants pour vous rendre plus visibles la nuit, mais aussi de vous donner quelques conseils qui vous permettront de vivre vos virées nocturnes avec encore plus de plaisir.

Un cycliste visible est un cycliste vivant
D’après le code de la route, pour pouvoir circuler la nuit, tout vélo doit être équipé de feux de position avant et arrière et de catadioptres arrières et latéraux.
En outre, le cycliste doit porter un gilet de haute visibilité homologué “CE” lorsqu’il se déplace hors agglomération. Sans ces équipements, le cycliste est passible d’une contravention de 1ère classe, c’est à dire une amende forfaitaire de 17€, pouvant atteindre 38 € après majoration.

Dans les faits, les cyclistes intensifs appliquent rarement la loi à la lettre. Mais ils ont pleinement conscience du danger que représentent les voitures, aussi bien de jour et de nuit, et les fabricants réfléchissent sans cesse à des produits qui puissent faire le grand écart entre visibilité et bon goût. Aussi faut-il s’appliquer à mettre toute la visibilité possible de son côté, et ce, de tous les côtés ! Si vous prenez le temps de chercher, les possibilités d’équipements ne manquent pas, et, pour reprendre l’exemple du gilet, il y aura forcément quelque chose qui vous convienne d’un point de vue esthétique et qui réponde au pré-requis en matière de sécurité et de visibilité pour rouler la nuit.
Pour ceux qui souhaiteraient se documenter en détail sur la législation concernant la circulation nocturne des vélos, je vous renvoie à cet excellent dossier, régulièrement mis à jour, mis à la disposition de toutes et tous par la Fédération Française des Usagers de la Bicyclette.

Habits de lumière
Les vêtements du cycliste nocturne ne sont pas forcément différents de ceux qu’on utilise de jour. Les marques proposent de plus en plus de vêtements tout fait fonctionnels et seyants qui offrent une bonne (et belle) visibilité nocturne. Pour le bas, on pensera à privilégier les cuissards et pantalons de cyclisme équipés de généreuses zones réfléchissantes sur l’arrière des jambes, ou a défaut sur les chaussettes et les chaussures. Il existe aussi des brassards de cheville qui peuvent dépanner lorsqu’on porte un pantalon de ville.

En haut, on privilégiera bien sûr les parties réfléchissantes sur le dos et les reins, sans oublier l’extrémité de bras, gants ou mitaines qui sont très utiles visuellement lorsqu’on indique sa direction. Pour info, les vêtements jaunes, très efficaces en basse lumière et les jours de brouillard, ne sont pas particulièrement plus visibles de nuit qu’un vêtement de couleur sombre lorsqu’il est équipé de zones réfléchissantes de haute qualité, idéalement situées sur les parties du corps qui sont en mouvement.

Enfin, la tête est une zone stratégique car elle domine l’ensemble de la silhouette. On privilégiera donc casques, casquettes ou bonnets pourvus de motifs réfléchissants. Pour les déplacements urbains, il existe désormais des casques avec éclairages intégrés ; en cas de besoin, on peut aussi équiper ponctuellement un casque sportif avec un support pour lampe arrière.

Et la lumière fut : les lampes sur batterie
Il existe aujourd’hui un large choix de lampes avant et arrière alimentées par piles ou, mieux encore, par une batterie rechargeable via une prise USB. Il en existe de toutes les puissances, pour tous les budgets, de la mini lampe bouton premier prix aux énormes torches VTT à batterie externe, en passant par les lampes à batterie interchangeable, dont l’accu amovible permet aussi de recharger son smartphone.

Le principal avantage de ces lampes réside dans leurs différents modes d’éclairages, plus ou moins puissants, ce qui permet, en fonction des besoin, d’éclairer d’avantage ou de gagner en autonomie. Il faut noter que le mode clignotant est interdit à l’avant par le code de la route. On l’utilisera ponctuellement en zone urbaine s’il faut attirer l’attention des autres usagers que l’on croise ou que l’on suit.

Rien ne se perd, tout se transforme : les lampes sur dynamo
Avec les dynamos, c’est les roues en tournant qui fabriquent l’énergie nécessaire à l’alimentation des lampes. Implantées à l’avant (blanches) et à l’arrière (rouges), les lampes sur dynamo équipent les vélos situés aux extrêmes opposés de la palette : d’une part, les bicyclettes de ville, conçues pour les courtes distances et un usage occasionnel, équipées des dynamos sur pneus, connues de tous depuis l’enfance ; les montures des champions de la longue distance d’autre part, qui utilisent souvent un moyeu dynamo pour alimenter des nuits entières leurs lampes surpuissantes et recharger dans la journée gps et smartphones.

L’avantage de ces lampes est bien sûr de ne pas avoir besoin de piles ou d’être rechargées via une connexion USB. Par contre, au delà de la satisfaction de produire soi-même l’énergie qu’on dépense, elles n’offrent pas de mode clignotant, ce qui est dommage en milieu urbain quand on veut signaler sa présence à l’avant et à l’arrière dans un contexte ou de multiples sources lumineuses nous font disparaître dans la masse, et gênant aussi sur les routes à grande circulation, où une lampe arrière clignotante avertit mieux les automobilistes qui vont nous doubler sous peu.
Mais dans ce dernier cas, on peut rajouter à l’arrière, en plus de la lampe fixe alimentée par la dynamo, une lampe clignotante sur batterie qui viendra renforcer notre visibilité.

Réfléchis, je te dirai quel vélo tu as
En plus de l’éclairage, des équipements réfléchissants sont aussi obligatoires et indispensables sur le vélo, particulièrement en latéral, car les lumières situées à l’avant et à l’arrière on pas ou peu d’efficacité sur les côtés. C’est aussi la visibilité latérale qui représente un enjeu majeur dans les zones accidentogènes, puisque 44% des accidents ont lieu à des intersections en agglomération.

Les meilleures parties du vélo à équiper d’éléments réfléchissants sont les roues, car elles sont en perpétuel mouvement. Pour ce faire, on dispose de plusieurs solutions :
Les pneus d’usage urbain ou de voyage sont souvent équipés sur leurs flancs d’une bande continue réfléchissante dite « reflex ». Ce dispositif est intéressant, mais il ne suffit pas à mon avis car la bande est continue, donc sans effet optique cinétique. De plus, cette bande a tendance à s’effacer au fur et à mesure de la salissure et de l’usure du pneu.

Il y a aussi les gros catadioptres en plastique, coincés entre les rayons, qui équipent à l’achat les vélos de grande série. Mais ils sont disgracieux et ont du mal à rester en place lorsqu’on est équipé de roues de bonne qualité, aux rayons souvent fins et espacés.
Pour ma part, j’ai fait le choix de ces bâtonnets réfléchissants que je fixe sur deux ou trois de mes rayons. Il existe aussi un autre excellent système, des autocollants réfléchissants à coller de part et d’autre des jantes. Ces deux équipements sont légers, ne nuisent pas à l’aérodynamisme du vélo, ils sont discrets de jour et terriblement efficaces de nuit, c’est donc ceux que je préconise.

Dix conseils pour mieux rouler de nuit
1 – En ville, quand il y a de l’éclairage public qui vous permet de voir la chaussée, utilisez votre lampe avant en mode clignotant, pour être mieux repéré par automobilistes et piétons dans la masse circulante). Hors agglomération, passez en mode d’éclairage continu, pour mieux voir la route et les obstacles.
2 – Même si vous avez une lampe arrière puissante fixe alimentée par dynamo, doublez-la par une lampe clignotante lorsque vous circulez sur une route à fort trafic.
3 – Ayez une lampe frontale avec vous quand vous roulez la nuit, en plus des éclairages fixes du vélo. Elle vous aidera en cas de réparation, pour voir sur les côtés et les bas-côtés en tournant la tête et pas le guidon, pour fouiller dans vos sacoches… Il existe des frontales avec des adaptateurs pour les casques de vélo, sinon vous pouvez remplacer le bandeau frontal élastique par un peu de bande velcro pour la fixer au casque. Il existe aussi des adaptateurs de lampe avant pour casques de vélo !

4 – Méfiez-vous plus des animaux que des voitures : alors que ces dernières vous avertiront longtemps à l’avance de leur arrivée grâce à leur éclairage puissant, les animaux (renards et sangliers en particulier) ne craignent pas les cyclistes et ont tendance à traverser sans regarder. Tout en restant vigilant sur ce qui se présente dans le faisceau principal de la lampe au milieu de la route, gardez un œil sur les bas côtés, les yeux des animaux en train de traverser se repèrent aisément.
5 – Méfiez-vous aussi des obstacles inanimés sur le goudron : nids de poules, cailloux, débris végétaux, qui s’évitent machinalement de jour, pourront vous surprendre de nuit si vous les découvrez tardivement dans le faisceau de votre lampe. Essayez d’ailleurs de rouler moins à droite que vous ne le feriez de jour, car au milieu de la chaussée, vous trouverez moins de débris que près des bas-côtés.

6 – En général, on roule moins vite la nuit que de jour, parce qu’on est naturellement plus prudent et que la sensation de vitesse est décuplée par l’obscurité. Pour prévoir votre moyenne, enlevez 10 à 20% à vos moyennes habituelles.
7 – Les cols paraissent plus faciles (et sont très agréables) à grimper de nuit ! En général, la circulation automobile est nulle ou beaucoup moindre. Sans repères visuels, on s’écoute plus et on s’adapte mieux à la pente et à son propre rythme biologique. Les distances et les pentes sont moins impressionnantes ; de plus, les paysages nocturnes sont sublimes, en particulier les nuits de lune !

8 – Même en été, il peut faire froid la nuit, particulièrement au moment où la rosée « tombe » (en général entre 2 et 4h du matin) et au moment où le soleil se lève. Prévoyez donc des vêtements chauds (coupe vent, gilet isolé et gants fins en été, doudoune, bonnet et gros gants à la morte saison) en compléments de ceux que vous portez et emportez d’habitude. Pensez aussi que la fatigue, l’altitude et le vent ajouteront à la sensation de froid.
Rappelez-vous également que la nuit, il fait toujours plus froid hors agglomération qu’en ville, et que les plaines dégagées sont plus sujettes au vent et à l’humidité que les parcours boisés et couverts. Tenez compte de tous ces facteurs qui exacerbent la sensation de froid pour emporter les vêtements les plus adaptés à votre sortie nocturne.

9 – Quand vous roulez de nuit en groupe, évitez d’utiliser des lampes arrières clignotantes, c’est très gênant pour ceux qui vous suivent. Seul, le dernier du groupe, préposé à cette tâche, mettra sa lampe en mode clignotant. En tout-terrain (VTT et gravel), vous pouvez même éteindre vos lampes arrière… sans oublier de les rallumer quand vous rejoindrez la route, bien sûr !
10 – Si vous avez sommeil d’un coup, et que vous êtes équipé d’un bivouac minimum (lire à ce sujet mon petit guide du bivouac minimaliste), n’hésitez pas, trouvez un endroit de bivouac au plus tôt, sinon l’envie de dormir passera, mais pas la fatigue qui augmente les risques d’accidents.

Bonus
Vous l’aurez compris, même si rouler de nuit ne s’improvise pas, c’est une expérience gratifiante et enrichissante, qui vous permettra d’étendre votre palette de compétences cyclistes, de redécouvrir des routes et des territoires que vous pensiez pourtant connaître par cœur, et de vivre une nouvelle aventure même à deux pas de chez vous
Si vous en avez très envie mais que vous hésitez à vous lancer, partez en groupe, pour une première fois ça sera sûrement plus drôle et restera un souvenir marquant, à partager autour d’une bonne bière !







































































































































